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Avec ou contre Poutine ? Premier test lundi pour Macron

Le chef de l'Etat réunira pour la première fois le maître du Kremlin et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky à l'Elysée, en présence de la chancelière allemande Angela Merkel, pour tenter de régler un conflit qui a fait plus de 13.000 morts dans l'est prorusse de l'Ukraine depuis 2014.

Poignée de main entre le président russe, Vladimir Poutine (g), et son homologue français, Emmanuel Macron, le 19 août 2019 à Fort Brégançon. Photo d'archives AFP

A quoi peut rassembler le rappochement avec la Russie de Vladimir Poutine qu'Emmanuel Macron appelle de ses voeux ? Le président français en espère un premier acte fort lundi sur l'Ukraine, qui puisse rassurer les Européens, inquiets de son "solo" russe.
Le chef de l'Etat réunira pour la première fois le maître du Kremlin et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky à l'Elysée, en présence de la chancelière allemande Angela Merkel, pour tenter de régler un conflit qui a fait plus de 13.000 morts dans l'est prorusse de l'Ukraine depuis 2014.

"C'est un test important pour Macron et pour les Européens. Il s'est déjà beaucoup isolé. Si en plus il n'obtient rien sur l'Ukraine, il sera encore plus isolé", estime Michel Duclos, ancien ambassadeur et expert en géopolitique à l'Institut Montaigne, un centre de réflexion français.

Le président français, leader le plus en vue de l'Europe face à une chancelière en bout de course, a heurté ses homologues par ses propos sur l'OTAN ("mort cérébrale"), ses positions intransigeantes sur l'élargissement de l'UE et son cavalier seul sur la Russie.
Le sommet de lundi sera le premier du genre depuis 2016. Ces rencontres des quatre dirigeants, au format dit "Normandie" - du nom de la région française où la première s'était tenue en 2014 - visent à la mise en oeuvre des accords de Minsk, qui ont permis une réduction importante des violences mais dont le volet politique n'a jamais été appliqué. 
Emmanuel Macron, qui se sait attendu par ses homologues européens, martèle que les "intérêts de sécurité" du continent sont sa priorité absolue et a fait des "avancées" sur l'Ukraine une "précondition" pour une relance du dialogue avec la Russie.


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"Assez astucieux"
La marge de manoeuvre s'annonce étroite, entre les exigences de la Russie, qui entend garder une influence chez son voisin, et celles de l'Ukraine, bien déterminée à recouvrer sa souveraineté sur le Donbass.

Pour Michel Duclos, "le Kremlin est assez astucieux pour comprendre que ce sommet doit être un succès". "Il faut que Macron, Merkel, Zelensky puissent dire qu'ils ont obtenu quelque chose", dit-il à l'AFP. Le président ukrainien a de son côté relativisé les enjeux, estimant qu'un "nouvel échange de prisonniers" - après celui du 7 septembre - et "un véritable cessez-le-feu" constitueraient déjà un bon signal. Il est lui-même sous la pression de son opinion qui redoute de le voir faire trop de concessions sur le degré d'autonomie futur du Donbass au sein de l'Ukraine.
Au-delà de l'enjeu ukrainien, les Européens de l'est - Pologne, Etats baltes, Roumanie - qui considèrent toujours la Russie comme la menace numéro un, mais aussi certains pays de l'ouest, dont l'Allemagne, vont scruter de près les signaux de bonne volonté du président Vladimir Poutine. Emmanuel Macron, pour qui la sécurité de l'Europe passe par un dialogue solide mais sans "naïveté" avec Moscou, veut croire pour sa part que son homologue russe fera le choix de l'Europe, plutôt que de la Chine.


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Diviser les Européens  
La Russie ne pourra être éternellement "une puissance de perturbation, comme elle l'a été avec la Syrie, la Turquie", explique une source diplomatique française à l'AFP. "Avoir une capacité de nuisance comme seul levier, ce n'est pas une stratégie durable, viable", ajoute-t-elle, pointant aussi une "profonde inquiétude russe d'être enfermée dans une concurrence avec la Chine".

Mais Vladimir Poutine est aussi réputé faire peu de cas de l'UE, lui préférant le dialogue avec les Etats. "Il voit dans l'ouverture de Macron une occasion de diviser les Européens", analyse Michel Duclos.

Pour Konstantin Kalatchev, directeur du Groupe d'expertise politique à Moscou, "il serait naïf de penser qu'Emmanuel Macron puisse exercer une influence quelconque sur Vladimir Poutine" dans le but d'arrimer la Russie à l'UE. "Il n'y a qu'une seule personne qui puisse influencer le président Poutine: c'est le président Poutine lui-même, qui a sa propre ligne politique et ses intérêts", dit-il à l'AFP.
Quant au conflit ukrainien, "M. Poutine n'a pas intérêt à ce que ce conflit s'aggrave, mais il souhaite que tout règlement se fasse selon ses conditions à lui".


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