Environ 250.000 travailleurs migrants, venus en grande majorité d'Ethiopie, des Philippines ou du Sri Lanka, travaillent au Liban dans des conditions maintes fois décriées par leur pays d'origine et des groupes de défense des droits humains. Photo d'illustration. Philippe Hage Boutros
Des centaines de Philippins, pour la plupart des employées de maison, se sont rués jeudi à l'ambassade des Philippines à Beyrouth pour s'inscrire à une campagne de rapatriement proposé par leur pays, sur fond de marasme politique et économique au Liban.
L'ambassade a publié un communiqué liant cette campagne, qui propose un billet d'avion gratuit, à la crise que traverse le Liban, secoué depuis le 17 octobre par un mouvement de contestation populaire sans précédent. "Plus de 1.000 Philippins, en majorité des femmes accompagnées de quelques enfants sont arrivés à l'ambassade des Philippines à Beyrouth pour s'inscrire au (programme de) rapatriement gratuit prévu en février prochain", a indiqué jeudi l'ambassade sur son site.
Environ 250.000 travailleurs migrants, venus en grande majorité d'Ethiopie, des Philippines ou du Sri Lanka, travaillent au Liban dans des conditions maintes fois décriées par leur pays d'origine et des groupes de défense des droits humains. Un système de parrainage appelé "kafala" laisse les femmes de ménage et les gouvernantes en dehors du champ d'application du droit du travail libanais et à la merci de leurs employeurs. Des cas de violations sont signalés chaque année, les travailleurs étant souvent dans l'impossibilité de faire valoir leurs droits, voire même de changer d'emploi ou de quitter leur employeur, dans un pays où les passeports et les documents officiels sont souvent confisqués par leurs employeurs.
La dévaluation rapide ces dernières semaines de la livre libanaise, indexée au billet vert, sur le marché parallèle a touché les revenus de ces travailleurs et leur pouvoir d'achat, alors que de nombreux employeurs continuent de les payer en monnaie locale. Dans son communiqué, l'ambassade des Philippines indique que certains travailleurs "ont récemment perdu leurs emplois en ces temps difficiles".
Mohanna Ishak, avocate au sein de l'ONG Kafa chargée des travailleurs migrants, dit s'inquiéter d'une recrudescence des abus dans le contexte actuel. "La pression financière et psychologique que les Libanais subissent risque de se répercuter sur les travailleurs migrants et se traduire par le non paiement des salaires (...) voire par de la violence verbale ou physique", affirme-t-elle à l'AFP.
Un mouvement de protestation sans précédent secoue le Liban depuis sept semaines, exigeant la fin de la corruption et le départ de l'ensemble de la classe dirigeante alors que l'économie du pays est désormais au bord de l'effondrement. La campagne pour l'abolition du système de la "kafala" au Liban est largement soutenue par les manifestants.
Lire aussi
Crise du dollar : la main-d’œuvre migrante touchée de plein fouet
LES PAUVRES DES MINCES SALAIRES QU,ILS TOUCHENT ILS DOIVENT PERDRE UNE BONNE PARTIE POUR TRANSFERER LEURS SALAIRES A LEURS FAMILLES.
13 h 09, le 06 décembre 2019