Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Sommet

L’Arabie saoudite mise sur le G20 pour redorer son blason

La présidence du G20 par Riyad en 2020 est toutefois loin de faire l’unanimité alors que des ONG dénoncent son bilan en matière de droits de l’homme.

Le président américain, Donald Trump, et le prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane, se serrent la main lors de la photo de famille au G20 à Osaka, le 28 juin 2019. Brendan Smialowski/AFP/Getty Pictures

Un peu plus d’un an après la mort du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul, le contraste est saisissant. Persona non grata lors du G20 de Buenos Aires les 30 novembre et 1er décembre 2018, le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane devrait se retrouver au cœur de toutes les attentions cette année alors que l’Arabie saoudite a débuté dimanche sa présidence du G20 2020. Onze ans après son entrée dans le groupe des 20, Riyad prend ainsi la relève du Japon en accueillant les plus grandes puissances économiques les 21 et 22 novembre 2020. Réunissant 19 États et l’Union européenne, le G20 est basé sur un système de présidence tournante annuelle. Le G20 accueille également des organisations internationales et dont le but est d’aborder les dossiers globaux, en lien avec la stabilité financière et économique mondiale.

« La présidence du G20 est cruciale pour l’Arabie saoudite car elle renforce l’importance du pays et son rôle proactif dans la région », souligne à L’Orient-Le Jour Eman Alhussein, chercheuse non résidente à l’Arab Gulf States Institute à Washington. « Sur le plan domestique, elle a déjà généré beaucoup d’enthousiasme parmi la population de plus en plus jeune et nationaliste, qui voit dans la présidence une confirmation de l’importance de l’influence grandissante de l’Arabie saoudite », poursuit-elle. « C’est surtout une question de prestige. Les Saoudiens font beaucoup d’efforts pour améliorer leur image internationale », confirme à L’OLJ Jean-François Seznec, chercheur au Middle East Institute.

Le sommet de 2020 est placé sous le thème de « La réalisation des opportunités du XXIe siècle pour tous » et se concentre autour de trois axes : « Encourager les personnes, en créant des conditions dans lesquelles tout le monde – surtout les femmes et les jeunes – peuvent vivre et prospérer », « protéger la planète » et « façonner de nouvelles frontières » en se concentrant sur l’innovation et le progrès technologique. « C’est une occasion unique de forger un consensus mondial sur les questions internationales » et de « mettre en avant la vision du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord », a déclaré dimanche MBS, selon l’agence saoudienne SPA.

Une présidence qui est toutefois loin de faire l’unanimité parmi les défenseurs des droits de l’homme. « Comment un pays avec un bilan aussi effroyable en matière de droits de l’homme dans son pays peut-il garantir le respect des droits de l’homme dans un processus international aussi important ? » s’est indignée dans un communiqué publié vendredi Heba Morayef, la directrice d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. « Les dirigeants du G20 doivent faire pression sur le prince héritier Mohammad ben Salmane pour le respect de tous les droits humains, y compris la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique », a-t-elle insisté. De nombreux activistes se sont insurgés sur les réseaux sociaux, dénonçant les contradictions du programme du G20 de Riyad. Une partie de l’agenda se focalisant sur les femmes dans un pays où de nombreux activistes saoudiennes sont encore détenues pour s’être engagées en faveur du droit de conduire pour les femmes.


(Pour mémoire : Un an après l’affaire Khashoggi, MBS presque seul au monde)

Tâche difficile

Le timing de l’événement est d’autant plus opportun pour le royaume qui se trouve dans une situation délicate tant sur le plan géopolitique que diplomatique. Enlisement au Yémen, explosion des divisions au sein du Golfe depuis le lancement du blocus contre le Qatar vu comme trop proche de Téhéran et des Frères musulmans ou encore influence grandissante de l’Iran dans la région... L’Arabie saoudite accélère la cadence diplomatique en multipliant les visites en coulisses pour tenter de trouver une issue aux différents conflits dans lesquels elle est empêtrée.

Il lui faut également regagner la confiance auprès de ses alliés et partenaires occidentaux. Ces derniers avaient pris leurs distances vis-à-vis de Riyad suite au meurtre de Jamal Khashoggi, mettant également en lumière les violations des droits de l’homme commises par la coalition menée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis dans le conflit au Yémen. Appuyé par l’administration du président américain Donald Trump, le royaume saoudien tente, depuis, de redorer son blason. Une tâche rendue difficile par l’opposition virulente à laquelle Riyad doit faire face au sein du Congrès américain. « Tant que l’affaire Jamal Khashoggi n’est pas résolue, la réputation de l’Arabie va souffrir », estime Jean-François Seznec. « Les Saoudiens, et surtout MBS, ont longtemps pensé que l’affaire serait oubliée mais elle est constamment remise sur le tapis à Washington », ajoute-t-il. Le Congrès a, entre autres, voté une résolution pour exiger l’arrêt de l’appui américain à l’Arabie saoudite au Yémen. Les arrestations d’activistes et d’intellectuels en Arabie saoudite au début du mois de novembre sont également venues noircir l’image de Riyad, complétant la longue liste de dissidents déjà mis derrière les barreaux.

La tenue du G20 à Riyad devrait également permettre au royaume de mettre en avant son ambitieux projet baptisé Vision 2030 qui vise à diversifier l’économie du pays dans divers domaines, à l’instar du développement technologique et du tourisme. « Ils ont besoin d’investissements étrangers pour continuer à développer le pays mais si leur réputation actuelle reste la même, ils n’arriveront pas à obtenir de fonds étrangers supplémentaires pour des projets importants, surtout du côté occidental », nuance Jean-François Seznec.


Pour mémoire

Dix mois après l'assassinat de Khashoggi, Riyad veut devenir la "capitale arabe des médias"


Un peu plus d’un an après la mort du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul, le contraste est saisissant. Persona non grata lors du G20 de Buenos Aires les 30 novembre et 1er décembre 2018, le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane devrait se retrouver au cœur de toutes les attentions cette année alors que l’Arabie saoudite a...

commentaires (2)

La bensoudie est le seul pays au monde où un seul pays au monde peut se permettre de les raser gratis, à la minute où ce pays décide d'utiliser sa tondeuse. Aramco ( arab-american-company) est indéniablement un fiasco, depuis que les résistants houtis leur ont remis les idées en place.

FRIK-A-FRAK

11 h 55, le 03 décembre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • La bensoudie est le seul pays au monde où un seul pays au monde peut se permettre de les raser gratis, à la minute où ce pays décide d'utiliser sa tondeuse. Aramco ( arab-american-company) est indéniablement un fiasco, depuis que les résistants houtis leur ont remis les idées en place.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 55, le 03 décembre 2019

  • Elle doit miser sur la mise à l' écart de MBS pour redorer son blason, et une enquete internationale dans ce qui est le crime d' Etat le plus abject des dernières. MBS est infrequentable sur le plan international. Aucun leader à part Trump, et.....Poutine ne peuvent lui serrer la main aujourd' hui! A suivre. Le temps n' y fera rien. Lier l' image, le destin, la place d' un Etat, voire d' une région, à un seul homme, c'est quand meme quelque chose !

    LeRougeEtLeNoir

    10 h 20, le 03 décembre 2019

Retour en haut