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À La Une - contestation

Le sud de l'Irak à feu et à sang, 31 manifestants tués

Pour tenter de contenir la spirale de violence, les autorités ont limogé un général qu'elles avaient initialement dépêché pour "rétablir l'ordre" dans cette région.

Des manifestants irakiens bloquant une route à Najaf à l'aide de pneus brûlés, le 28 novembre 2019. Photo REUTERS/Alaa al-Marjani

L'Irak a vécu jeudi l'une de ses journées les plus sanglantes en deux mois de contestation contre le pouvoir avec la mort de 31 manifestants dans la répression principalement dans le Sud, où des bâtiments officiels dont le consulat d'Iran ont été attaqués.

Depuis le début du mouvement de contestation qui réclame le renouvellement du système et de la classe dirigeante jugée corrompue, plus de 380 personnes en grande majorité des manifestants ont été tuées et quelque 15.000 blessées selon un bilan de sources médicales et policières compilé par l'AFP.

Dès les premières heures de jeudi, la violence s'est déchaînée à Nassiriya où officiellement 25 manifestants ont été tués en quelques heures sous les tirs nourris des forces de l'ordre dirigées par un commandant militaire dépêché par Bagdad avant d'être rappelé dans le chaos.

Auparavant, tard mercredi soir, le mouvement qui conspue le pouvoir et son parrain iranien a franchi un nouveau palier avec l'incendie du consulat iranien dans la ville sainte chiite de Najaf, au sud de Bagdad.

A Nassiriya, dont est originaire le Premier ministre Adel Abdel Mahdi, les médecins disent être débordés par l'arrivée de plus de 250 blessés, quasiment tous touchés par balles dans la ville, où des renforts de la police étaient arrivés. Ils affirment avoir mené plus 80 opérations, dans des hôpitaux bondés, où les blessés doivent attendre pour être pris en charge. Mais malgré "l'usage excessif de la force" dénoncé par la Commission gouvernementale irakienne des droits humains, les manifestants à Nassiriya ne se replient pas. Ils ont incendié un QG de la police et encerclé le commandement militaire de la province où se trouvent les ruines de la ville antique d'Ur. Ils ont aussi formé par milliers un cortège funéraire aux "martyrs" dans le centre-ville, faisant voler en éclats le couvre-feu que les autorités voulaient imposer.


(Lire aussi : Pourquoi les Kurdes d’Irak ne se soulèvent pas)



"Scènes de guerre"

"Nous resterons jusqu'à la chute du régime", ont-ils crié, alors que des dizaines de combattants tribaux en armes se sont déployés sur l'autoroute venant de Bagdad, déterminés ont-ils dit, à empêcher l'arrivée de plus de renforts.

Évoquant des "scènes de guerre" à Nassiriya, Amnesty International a appelé la communauté internationale à intervenir car "le bain de sang doit cesser".

Plus au nord, à Najaf, des affrontements ont opposé en soirée des manifestants et des hommes armés habillés en civil qui tiraient sur eux, selon un correspondant de l'AFP sur place. Dans cette même ville, des centaines de protestataires ont brûlé puis investi le consulat iranien aux cris de "Iran dehors!" et "victoire à l'Irak!".

Bagdad a dénoncé des personnes "étrangères aux manifestations" d'avoir incendié le consulat. Téhéran a réclamé "une action décisive". Quatre manifestants ont été tués à Najaf, selon la commission gouvernementale des droits humains, qui a fait état de deux manifestants morts dans des affrontements avec les forces de l'ordre à Bagdad.

A Kerbala, l'autre ville sainte chiite au sud de la capitale irakienne, des affrontements ont opposé manifestants aux forces de l'ordre dont 19 membres ont été blessés en soirée par un tir de grenade, selon une source de sécurité.

Pour les manifestants, le système politique conçu par les Américains qui ont renversé Saddam Hussein en 2003 est à bout de souffle dans un des pays les plus riches en pétrole du monde mais aussi l'un des plus corrompus. Et surtout, le pouvoir est sous la mainmise de l'Iran, qui a pris l'avantage face aux Etats-Unis, et de son puissant émissaire, le général Qassem Soleimani. Ce dernier est parvenu à réunir les partis irakiens pour resserrer les rangs autour de M. Abdel Mahdi, un temps sur la sellette.


(Lire aussi : Irak, Liban, Iran : la prudence et l’inquiétude de Moscou)


L'or noir

Le mouvement de contestation est inédit depuis des décennies en Irak, pays où aujourd'hui un habitant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté et où, officiellement, 410 milliards d'euros ont été détournés ces 16 dernières années, soit deux fois le PIB. Revenant à la charge, le turbulent leader chiite irakien Moqtada Sadr a prévenu que si le gouvernement ne démissionnait pas, "ce serait le début de la fin de l'Irak".

Ailleurs dans le Sud, comme depuis des semaines maintenant, les écoles sont fermées, de même que de nombreuses administrations. Et les routes sont coupées par des manifestants qui tentent de toucher le gouvernement à son talon d'Achille, l'or noir. Jusqu'ici toutefois, ils n'ont atteint ni la production ni la distribution de pétrole, unique ressource en devise du pays et qui représente 90% des recettes d'un gouvernement surendetté.



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L'Irak a vécu jeudi l'une de ses journées les plus sanglantes en deux mois de contestation contre le pouvoir avec la mort de 31 manifestants dans la répression principalement dans le Sud, où des bâtiments officiels dont le consulat d'Iran ont été attaqués. Depuis le début du mouvement de contestation qui réclame le renouvellement du système et de la classe dirigeante...

commentaires (2)

IL N,Y A PAS DE PERSONNES ETRANGERES. LES CONTESTATAIRES VEULENT EN FINIR AVEC L,HEGEMONIE IRANIENNE SUR LEUR PAYS.

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 58, le 28 novembre 2019

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Commentaires (2)

  • IL N,Y A PAS DE PERSONNES ETRANGERES. LES CONTESTATAIRES VEULENT EN FINIR AVEC L,HEGEMONIE IRANIENNE SUR LEUR PAYS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 58, le 28 novembre 2019

  • On dirait que les murs des consulats on plus de valeurs au yeux du régime Iranien que les centaines de morts Irakiens ! Ils déplorent le consulat brûlé, mais s'essuient les pieds avec le sang versé ?

    Aboumatta

    10 h 43, le 28 novembre 2019

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