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Lifestyle - La Mode

Nour Najem et le luxe éthique

La frêle brune est une des créatrices de mode les plus présentes et actives de la scène libanaise, notamment à travers son travail collaboratif et social. Sous son label éponyme comme à la direction artistique de l’Artisan du Liban, Nour Najem fait partie des actrices incontournables du changement.

Nour Najem, printemps/été 2019. Photos DR

D’abord, sa passion pour la biologie. Nour Najem passe un bac « S » option biologie en guise de passeport pour des études en biologie à l’AUB. Mais sa passion concurrente pour la mode est elle aussi prégnante. Qu’à cela ne tienne, la jeune femme s’investit en même temps, toujours à l’AUB dont elle sort avec un double diplôme scientifique et artistique, dans des études de création de mode et patron. Et comme cela ne lui suffit pas, elle donne une chance supplémentaire à la mode en poursuivant sa formation à Esmod Beyrouth où elle aligne les prix, demeurant fidèle à son alma mater par la suite en y donnant des cours du soir, puis en y enseignant de façon régulière pendant dix mois. Vient ensuite le temps des stages où, même plongée dans un master en gestion à LAU, cette boulimique de travail enchaîne avec des formations chez Rabih Kayrouz, Élie Saab et Caroline Seikaly. Il lui faudra attendre 2013, après ce long et riche parcours académique, pour lancer son propre label.

Si la mode de Nour Najem s’adresse à la femme « moderne et indépendante à travers des lignes fluides, des tissus somptueux et des détails complexes », si elle « allie géométrie stricte et architecture tout en s’ancrant dans son héritage oriental », Nour Najem s’inspire avant tout des talents artistiques traditionnels, de l’artisanat et du savoir-faire qu’elle applique à ses créations, qu’il s’agisse de vannerie, de broderie ou de tricot. En même temps que sa marque labellisée « luxe », elle lance l’initiative Kenzah à travers laquelle elle s’engage à travailler avec des artisans talentueux, mettant à profit un savoir-faire négligé dans l’espoir de renforcer le pouvoir des femmes issues de milieux défavorisés. Tout commence par un pull tricoté main. Cette pièce qui rappelle les pulls que les grand-mères tricotaient avec amour, appliquant un savoir-faire traditionnel hérité, transmis de génération en génération.

La préservation d’un trésor

L’initiative Kenzah y aborde deux problèmes cruciaux : la condition des femmes et l’artisanat régional en voie de disparition.

Partant du constat que le savoir-faire et les secrets de l’artisanat traditionnel sont la propriété des hommes. Ces derniers sont malheureusement attirés par l’économie moderne et préfèrent s’engager dans des emplois plus lucratifs, renonçant à perpétuer des milliers d’années de connaissances transmises de génération en génération. « Si rien n’est fait, nous risquons de perdre des milliers d’années de connaissances artistiques », songe Nour Najem.

L’objectif de l’initiative Kenzah (dont le nom signifie Trésor ) est de transmettre ce savoir-faire des artisans, quels qu’ils soient, à des femmes sans véritable savoir-faire et marginalisées par ailleurs, leur donnant ainsi les moyens d’intégrer le groupe de travail tout en préservant le patrimoine culturel et artistique. Voici donc la marque Nour Najem positionnée entreprise sociale, focalisant l’essence de sa culture à cette initiative. Les produits Kenzah sont, en toute cohérence, intégrés aux pièces des collections de la griffe. En 2019, elle s’engage auprès de l’association Phenomenal Women dédiée à la réhabilitation des femmes traumatisées, notamment victimes de violences familiales, elle crée une collection collaborative où l’on distingue notamment, sur certaines épaules, un bras appliqué.

En décembre 2014, Nour Najem est sélectionnée par la fondation Starch, l’incubateur de talents émergents, pour organiser son entreprise et mettre en avant son talent. Depuis lors, elle a participé à des salons internationaux à Paris et à Dubaï. Lauréate 2017 de concours, tels que le prix V & A Art Jameel, la Maison méditerranéenne des métiers de la mode (MMMM) Marseille, la sélection régionale du prix international Woolmark, finaliste du Vogue Arabia Fashion Prize, elle continue à investir sa passion pour le patrimoine et le savoir-faire, ainsi que ses compétences en tant que designer multidisciplinaire, ce qui lui vaut d’être nommée directrice de la création de l’Artisan du Liban depuis septembre 2017.

Impliquée dans la révolution d’octobre, Nour Najem semble avoir mis ses projets en sourdine pour parer au plus pressé : l’aide aux innombrables personnes fragilisées par la crise économique que les places ont fait apparaître au grand jour.


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Elle a un visage innocent, une apparence naturelle sans sophistication, elle inspire confiance, et elle rivalise de beauté avec ma fille. Comme on dit en bon parisien, ""on lui donnerait le bon dieu sans confession"". Une résistante face à la déprime générale du temps qui passe. Que le meilleur pour l’avenir...

L'ARCHIPEL LIBANAIS

14 h 14, le 27 novembre 2019

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Commentaires (1)

  • Elle a un visage innocent, une apparence naturelle sans sophistication, elle inspire confiance, et elle rivalise de beauté avec ma fille. Comme on dit en bon parisien, ""on lui donnerait le bon dieu sans confession"". Une résistante face à la déprime générale du temps qui passe. Que le meilleur pour l’avenir...

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