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À La Une - Liban

Retrait de Safadi : le CPL et Hariri s'écharpent par communiqués interposés

Le Premier ministre libanais sortant estime que le CPL a un comportement "irresponsable" ; le CPL accuse M. Hariri d'avoir adopté la pratique du "moi et personne d'autre à la tête du gouvernement". 

L'ancien ministre Mohammad Safadi. Photo d'archives. Cynthia Karam/Reuters

Le Premier ministre libanais sortant Saad Hariri s'en est pris de manière virulente au Courant patriotique libre (CPL, fondé par le chef de l’État Michel Aoun), dont il a estimé que le comportement "irresponsable" empêche la formation du futur gouvernement, après la démission du cabinet de M. Hariri le 29 octobre, sous la pression de la rue. Très vite le CPL a riposté, accusant M. Hariri d'avoir adopté la pratique du "moi et personne d'autre à la tête du gouvernement". 

"La politique de manœuvres, de fuites médiatiques et de tentative de marquer des points, adoptée par le CPL, est une politique irresponsable dans la crise nationale majeure que traverse notre pays. S'il avait procédé à une véritable remise en question, il aurait mis fin à une telle politique irresponsable et à ses tentatives répétées d'infiltration des formations gouvernementales. Le gouvernement aurait été formé et aurait commencé à s'attaquer à la grave crise économique et nationale. Et peut-être que notre pays n’aurait pas atteint ce point en premier lieu", a accusé M. Hariri, dans un communiqué publié par son bureau de presse.

"Depuis que l'ancien ministre Mohammad Safadi a demandé à retirer sa candidature pour la formation du nouveau gouvernement, le CPL tente, par le biais de déclarations de ses députés et de ses responsables ou de fuites dans les médias, de tenir Saad Hariri pour responsable de ce retrait, sous prétexte qu'il a fait fi de ses promesses au ministre Safadi et que cette candidature n'était qu'une manœuvre pour limiter la possibilité de former un gouvernement au Premier ministre Hariri", peut-on lire dans un communiqué du bureau de presse du Premier ministre sortant. Ces déclarations accusaient notamment Saad Hariri d'être revenu sur ses promesses faites à l'ancien ministre Safadi, dans une manœuvre lui permettant d'être à nouveau nommé à la tête du futur gouvernement.

"Revoir la déclaration de retrait du ministre Safadi est suffisant pour montrer qu'il était sûr du soutien du Premier ministre Hariri pour lui et de ses meilleures relations avec lui. Il espérait également que le Premier Ministre Hariri serait à nouveau désigné, ce qui contredit totalement la version du CPL. Il est également clair dans la déclaration que le ministre Safadi a annoncé avec sincérité et transparence qu’il avait eu du mal à "former un gouvernement homogène soutenu par tous les partis politiques, ce qui lui permettrait de prendre des mesures de sauvetage immédiates pour mettre fin à la détérioration économique et financière et répondre aux aspirations de la population dans la rue", ce qui contredit complètement les allégations du CPL et de ses responsables", ajoute le communiqué.

"Le ministre Gebran Bassil a proposé avec insistance deux fois le nom de ministre Safadi, ce que le Premier ministre Hariri a rapidement accepté, après que les propositions du président Hariri de noms de la société civile, notamment le juge Nawaf Salam, aient été rejetées à plusieurs reprises. Il n’est pas surprenant que le Premier ministre Hariri ait approuvé la candidature du ministre Safadi, tout le monde connaissant leur amitié qui s’est traduite à de nombreuses occasions politiques", peut-on également lire. 

"Le Premier ministre Hariri ne manœuvre pas et ne cherche pas à limiter la possibilité de former un gouvernement à lui-même. Il fut le premier à présenter des noms alternatifs pour former un gouvernement, assure son bureau de presse.  Dès la démission du gouvernement, il a été clair avec les représentants des blocs parlementaires qu'il ne fuyait aucune responsabilité nationale, mais que la responsabilité nationale elle-même lui devait d’informer à l'avance les blocs libanais et parlementaire que s'il était désigné lors des consultations parlementaires contraignantes imposées par la constitution, il ne formerait qu'un gouvernement de technocrates, convaincu qu'il est le seul à pouvoir faire face à la crise économique grave et profonde que traverse le Liban".


(Lire aussi : Le Hezbollah accuse certaines parties de vouloir "miner la formation du gouvernement")


Le CPL et Safadi "surpris" 

Le Courant patriotique libre s'est dit "surpris pas le communiqué publié par le bureau de presse de Saad Hariri (...) qui comprend des erreurs et une fausse représentation des faits". 

"Le Liban se trouve dans cette situation difficile en raison des politiques monétaires, économiques et pratiques qui favorisent la corruption depuis 30 ans. Nous avons souffert ses dernières années parce que nous avons refusé ses pratiques, pendant que le Courant du Futur y est resté attaché et a voulu protéger ses hommes", rapporte un communiqué publié par le courant aouniste. "Le CPL a pris l'initiative de combler le vide provoqué par la démission de Saad Hariri. Il a offert des facilités pour accélérer l'opération de sauvetage en ne rejetant aucun nom proposé par M. Hariri et en n'insistant de son côté pour aucun nom en particulier. Sauf qu'il est devenu clair que la politique de M. Hariri repose sur le principe "moi et personne d'autre". Et cela est prouvé par le fait qu'il tient à présider un gouvernement de technocrates".  

"Ce qui importe finalement pour le CPL, c’est la mise en place d’un cabinet capable de mettre fin à la crise financière et prévenir le chaos (...) Nous lui demandons de se joindre à nos efforts pour tenter de trouver un Premier ministre qui unisse tous les Libanais. Nous avons encore l'occasion de sauver le pays", conclut le communiqué.

"Je voulais que mon communiqué annonçant mon retrait unisse et non divise, j'ai remercié M. Hariri de m'avoir nommé pour le poste de Premier ministre sans vouloir entrer dans les détails des négociations, mais aujourd'hui je suis surpris par le communiqué publié par son bureau de presse qui comprend une réfutation de mes propos, a affirmé pour sa part Mohammed Safadi dans un autre communiqué. A partir de là, je souhaite souligner que la phase que traverse le Liban est difficile et dangereuse requérant que nous soyons solidaires et laissions nos différends politiques de côté".  M. Safadi a cependant reproché à M. Hariri de n'avoir pas tenu "les promesses sur la base desquelles j'ai accepté d'être nommé Premier ministre du prochain gouvernement". Sans préciser la nature de ces promesses il a ajouté: "Il ne me restait d'autre choix que d'annoncer mon retrait".


Le Liban est secoué depuis le 17 octobre par une contestation sans précédent contre l'ensemble de la classe dirigeante, accusée de corruption et d'incompétence dans un contexte de crise économique aiguë. La pression de la rue a poussé Saad Hariri à présenter la démission de son cabinet le 29 octobre. Dans la nuit de jeudi à vendredi, un accord entre la majorité sortante faisait émerger le nom de l'ex-ministre des Finances et richissime homme d'affaires, âgé de 75 ans, comme candidat à la présidence du Conseil. Mais la rue a immédiatement fait entendre sa voix, rejetant cette candidature.

Face à ce rejet de la part des manifestants et à "la difficulté de former un cabinet répondant aux revendications légitimes de la rue", Mohammad Safadi avait annoncé samedi soir qu'il se retirait de la course pour la présidence du Conseil. 



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commentaires (3)

Dit donc le moi où personne qui l’avait affirmé auparavant ?!

Bery tus

22 h 35, le 17 novembre 2019

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Commentaires (3)

  • Dit donc le moi où personne qui l’avait affirmé auparavant ?!

    Bery tus

    22 h 35, le 17 novembre 2019

  • Ce serait quand même pas mal que l'OLJ publie l'intégralité de communiqué de M. Hariri: En disant que ce communiqué "réfute ses propos", M. Safadi fait allusion à des passages de ce communiqué qui n'apparaissent pas dans le compte rendu qui en est fait ici. Comment comprendre dans ces conditions?

    Marionet

    22 h 19, le 17 novembre 2019

  • EN DEUX MOTS : HARIRI DIT TOUTES LES VERITES. LE PEUPLE A CONFIANCE EN LUI ET LE CROIT. LE CPL COMME D,HABITUDE SERVANT DE PARAVENT A LA MILICE IRANIENNE S,EVERTUE EN MENSONGES GROSSIERS. ILS FONT TOUT POUR EVITER UN GOUVERNEMENT QUI REPOND AUX REVENDICATIONS DU PEUPLE ET QUI PEUT SAUVER LE PAYS DU DANGER DE L,EFFONDREMENT TOTAL. ET CA PAR ORDRE DE TEHERAN VIA LA MILICE IRANIENNE DANS NOTRE PAYS QU,UN EFFONDREMENT SERT SES DESSEINS DE MAINMISE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 27, le 17 novembre 2019

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