Rechercher
Rechercher

Culture - Rencontre

La « Zyara » du peuple libanais, un grand cri d’amour

Muriel Aboulrouss et Denise Jabbour, respectivement réalisatrice et productrice de la web série « Zyara », témoignent dans la rue, et dans un silence criant, de l’amour pour un peuple vaillant qui a enfin pris son destin en main.

Muriel Aboulrouss et Denise Jabbour. Photo DR

« Je suis née un an avant la guerre et j’ai réalisé tout en grandissant que le discours de la violence verbale ou physique ne servait à rien. Aujourd’hui, dans ce tournant historique qu’a pris le pays, je ne peux réagir que de la sorte : être un témoin actif des changements, mais dans le respect des autres. » Tout est dit de la part de la cinéaste Muriel Aboulrouss qui a toujours œuvré à réunir et non à démanteler, à travailler dans le calme et non dans le brouhaha, pour mieux réfléchir à un avenir lumineux.

Quand « l’âme du projet », Denise Jabbour, qui rêve d’un monde meilleur en ayant des pépites de lumière dans les yeux, rejoint le regard de la réalisatrice et directrice de photographie à Home CineJam, véritable outil du projet, pour créer Life is a beautiful Zyara, la volonté commune des jeunes femmes est mue par ce désir d’être à l’écoute des aspirations et des rêves de chacun, de ces héros dans l’ombre qui sont les superhéros de la vie. Ceux qui ne crient pas, mais chuchotent leurs douleurs. Aujourd’hui, toutes les larmes, les émotions, les désirs et les rêves qui ont été dévoilés sous l’objectif de la caméra, tous ces témoignages de personnes plus ou moins connues, s’étalent en grand sur tout le territoire libanais, dans ces espaces qui s’ouvrent l’un sur l’autre comme des vagues mouvantes. « On assiste actuellement à une énorme Zyara. Un peu, comme la continuation de notre travail », affirment Muriel Aboulrouss et Denise Jabbour qui croient dans cet élan d’amour édificateur et unificateur qui se traduit par de simples voix qui se reprennent en écho, par des mains tendues qui veulent se toucher et se joindre, loin du vacarme des cris et des insultes, par une énorme chaîne ou encore par des bougies qui s’allument et des prières, des méditations ou juste des contemplations. « Nous sommes là pour observer, participer à tous ces espaces qui nous offrent joie et dépassement de soi. Certes, des dérapages comme les insultes peuvent avoir lieu, mais cela ne doit pas nous détourner de la route que le peuple s’est tracée. » Si dans une route, il y a des chemins de traverse, des rues et des ruelles, tout finit par se rejoindre si l’objectif premier est le même.


(Lire aussi : Comment la littérature écrit-elle le mot « révolution » ?)


Ne pas céder à la violence…
Dans une masse populaire, il y a de tout, du salé comme du sucré, du doux comme de l’amer. « Il suffit qu’on reste tous unis pour partager ensemble ces moments édifiants et non destructeurs, et se surpasser, note Aboulrouss. Personne n’est exempt d’erreurs, mais il faut rester dans le respect de l’autre et sa liberté d’expression. Tout ce qu’on peut faire, c’est se poser en exemple, montrer en quoi nous avons foi : l’amour et le travail “ensemble”. J’ai certainement de la peine en écoutant des insultes car ce n’est pas en agissant ainsi qu’on se rapproche. Ceci crée l’éloignement, la haine. Même si, dans la même maison, on est d’avis différents, peut-on insulter sa mère ou sa sœur si elles ont des opinions totalement divergentes ? Il faut que je respecte ton avis car nous sommes obligés de partager le même toit. Alors, au lieu de t’insulter, je t’enlace et te dis : “j’ai de la place pour toi au creux de mes bras, je ne te donne plus une raison d’être agressive” », précise Muriel Aboulrouss. « Notre seul souhait, ajoute Denise Jabbour, est que ces gens reviennent à leur seule humanité et non à leur communauté ou leur allégeance envers tel ou tel autre. Et nous réalisons que chaque jour, ce rêve devient réalité. » Fais de ta vie un rêve et de ton rêve une réalité, disait Antoine de Saint-Exupéry. Aujourd’hui, suite aux événements où l’on assiste à une recrudescence de la violence verbale et physique dans certains quartiers et suite à la mort du citoyen Ala’ Abou Fakhr, les discours des deux artistes restent le même : surtout ne pas rentrer dans le cercle infernal et vicieux de la violence. Tout comme cette chaîne humaine qu’elle avait organisée avec une poignée de jeunes (Edith Tegho, Julie Tegho Bou Nassif et Cyril Bassil), « une initiative impulsive mais à la fois élaborée et réfléchie en quatre jours », Muriel Aboulrouss appelle sur les réseaux sociaux à plus de calme, plus de réflexion, plus de retenue, plus de recul afin de ne pas entreprendre des démarches qui nous précipitent loin des objectifs de cette révolution pacifiste.

« Tout ce qui arrive aujourd’hui est la volonté du peuple, affirment les deux jeunes femmes. C’est un grand acte d’amour. Quant à nous, nous prenons à témoin les gens de tous bords. Si ce jour est le dernier jour de votre vie, qu’auriez-vous fait ? N’auriez-vous pas essayé de témoigner et d’agir pour un Liban propre et neuf ? Nous sommes convaincues que cette chaîne humaine va perdurer et que la vérité va prévaloir car nous sommes issus tous et toutes de la même source. Il n’y a pas d’ennemis ou d’amis. Ceci n’est pas une question de revanche, mais une expérience dont on doit tirer une leçon. Ne pas avoir les yeux aveuglés par la haine ou la vengeance car ce dernier est un sentiment horrible qui peut vous détruire. »

Le moteur de l’action de Denise Jabbour et Muriel Aboulrouss demeure le même : l’écoute des autres et le pardon. Et puisse ce cri d’amour atteindre et embrasser tous les Libanais.



Lire aussi
Les sanglots longs des violons dans le tumulte révolutionnaire

Philippe Aractingi : quand la ligne de démarcation devient un trait d’union

Cet élan collectif des artistes aussi...

Gino Raidy sur la ligne de front

Etel, Zad, Khaled, Randa et Zeid, hérauts de l’espoir...

« Je suis née un an avant la guerre et j’ai réalisé tout en grandissant que le discours de la violence verbale ou physique ne servait à rien. Aujourd’hui, dans ce tournant historique qu’a pris le pays, je ne peux réagir que de la sorte : être un témoin actif des changements, mais dans le respect des autres. » Tout est dit de la part de la cinéaste Muriel Aboulrouss qui a toujours œuvré à réunir et non à démanteler, à travailler dans le calme et non dans le brouhaha, pour mieux réfléchir à un avenir lumineux. Quand « l’âme du projet », Denise Jabbour, qui rêve d’un monde meilleur en ayant des pépites de lumière dans les yeux, rejoint le regard de la réalisatrice et directrice de photographie à Home CineJam, véritable outil du projet, pour créer Life is a beautiful Zyara, la...
commentaires (0) Commenter

Commentaires (0)

Retour en haut