Rechercher
Rechercher

À La Une - diplomatie

Nucléaire : l'Iran relance des activités d'enrichissement d'uranium gelées

Disant "comprendre les inquiétudes" de Téhéran face aux sanctions, le Kremlin a dit "observer avec préoccupation le développement de la situation".

Le président iranien, Hassan Rohani, lors de la cérémonie d'ouverture d'une usine, à Téhéran, le 5 novembre 2019. Photo AFP / HO / IRANIAN PRESIDENCY

L'Iran a réduit un peu plus mardi ses engagements internationaux en matière nucléaire en annonçant la relance, dans une usine souterraine, d'activités d'enrichissement d'uranium jusque-là gelées.

La mesure, dévoilée par le président Hassan Rohani, survient au lendemain de l'expiration d'un délai donné par Téhéran à ses partenaires de l'accord sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015 pour que ceux-ci l'aident à contourner les conséquences du retrait des Etats-Unis de ce pacte en 2018. Elle marque la quatrième phase du plan de réduction des engagements iraniens lancé en mai en riposte au retrait unilatéral américain.

Par cette politique, Téhéran entend faire pression sur ses partenaires encore parties à l'accord (Chine, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) pour qu'ils l'aident à contourner les sanctions rétablies par Washington après sa sortie du pacte, et qui asphyxient son économie. Disant "comprendre les inquiétudes" de Téhéran face aux sanctions, le Kremlin a dit "observer avec préoccupation le développement de la situation".

Paris, Londres et l'Union Européenne (UE) ont appelé Téhéran à revenir sur sa décision qui, selon le Quai d'Orsay, va "à l'encontre de l'accord" de Vienne.
Les activités d'enrichissement d'uranium "contreviennent clairement à l'accord et posent un risque pour notre sécurité nationale", a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères Dominic Raab. A la tête de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a exhorté l'Iran "à ne pas prendre de nouvelles mesures qui mineraient davantage" ce pacte et rendraient encore "plus difficile" son sauvetage.


(Lire aussi : L'Iran a nettement accéléré sa production d'uranium faiblement enrichi)



Mesures "réversibles" 
Selon M. Rohani, l'Iran va reprendre les activités d'enrichissement d'uranium de son usine souterraine de Fordo (à quelque 180 km au sud de Téhéran) qu'il avait gelées en vertu de l'accord de Vienne. Conformément à ce texte, l'Iran dispose à Fordo de 1.044 centrifugeuses de première génération IR-1 qui tournent à vide ou sont à l'arrêt.
"A partir de demain, nous commencerons à injecter du gaz (hexafluorure d'uranium) à Fordo", a-t-il ajouté, en faisant référence au procédé utilisé pour produire de l'uranium enrichi en isotope 235 à partir de ces machines.






M. Rohani a précisé que toutes les activités nucléaires de l'Iran restent sous le contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). La République islamique est soumise au régime d'inspection le plus strict jamais mis en place par cet organe de l'ONU.

A Vienne, Téhéran a accepté de réduire drastiquement ses activités nucléaires --afin de garantir leur caractère exclusivement civil-- en échange de la levée d'une partie des sanctions internationales. Le retour des sanctions américaines prive l'Iran des bénéfices qu'il escomptait de l'accord et a plongé l'économie iranienne dans une sévère récession.
M. Rohani a assuré que les mesures prises par son pays étaient "réversibles" et que Téhéran restait prête à revenir à l'application complète de ses engagements dès lors que les autres parties respecteront les leurs, en prenant des mesures concrètes pour satisfaire ses demandes.

L'Iran exige tout particulièrement de pouvoir exporter son pétrole et que son système financier puisse sortir de l'isolement auquel le soumettent les sanctions américaines.
Jusque-là, les Européens, la Chine et la Russie se sont montrés incapables d'aider Téhéran à les contourner.



(Pour mémoire : Khamenei appelle à déroger encore à l’accord de 2015)



"Pousser son avantage"
Téhéran reste engagée dans "les négociations en coulisse que nous avons avec certains pays" en vue de trouver une solution, a dit M. Rohani, en faisant allusion aux efforts menés par la France pour tenter de sortir de l'impasse.

Pour Ellie Geranmayeh, spécialiste de l'Iran au Conseil européen des relations internationales, la mesure annoncée par Téhéran vise à "pousser son avantage dans les discussions à venir". "Ce n'est pas une tentative de se rapprocher de l'arme nucléaire", écrit-elle sur Twitter, notant que l'AIEA "continue ses inspections intrusives".

Depuis mai, l'Iran a commencé à produire de l'uranium enrichi à un taux supérieur au plafond de 3,67% prévu par l'accord et s'est affranchi de la limite de 300 kilos que celui-ci impose à ses stocks d'uranium faiblement enrichi.  Il a mis en production des centrifugeuses avancées, alors que l'accord ne l'autorise à produire de l'uranium enrichi qu'avec un nombre limité d'IR-1.

Lundi, Téhéran a indiqué avoir nettement accéléré son rythme de production d'uranium faiblement enrichi au cours des deux derniers mois et obtenir désormais 5 kg par jour de cette matière. L'Iran se limite néanmoins à produire de l'uranium enrichi à 4,5% maximum, très loin des 90% nécessaires pour une utilisation militaire.

Avant la mise en œuvre de l'accord de Vienne, Téhéran enrichissait l'uranium à hauteur de 20%. Selon les dernières données officielles iraniennes, même avec l'utilisation des 1.044 machines supplémentaires de Fordo, la capacité totale installée des centrifugeuses iraniennes restera inférieure à ce qu'elle était avant l'accord


Pour mémoire
L’AIEA exhorte l’Iran à coopérer « pleinement »

L’Iran critique les « promesses non tenues » des Européens

Nucléaire : l'Iran a mis en route des centrifugeuses avancées

L'Iran a réduit un peu plus mardi ses engagements internationaux en matière nucléaire en annonçant la relance, dans une usine souterraine, d'activités d'enrichissement d'uranium jusque-là gelées.La mesure, dévoilée par le président Hassan Rohani, survient au lendemain de l'expiration d'un délai donné par Téhéran à ses partenaires de l'accord sur le nucléaire iranien conclu à...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut