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Campus - ÉDUCATION CIVIQUE

Apprendre aux jeunes à mieux communiquer

Sans être une thérapie, la communication non violente permet d’échanger sans nuire à sa relation avec l’autre.

La communication non violente permet d’éviter des tensions et de résoudre des conflits. Notamment dans les universités où de nombreux jeunes demeurent très politisés.

Alors que sur les réseaux sociaux, les discours haineux se font plus nombreux, et que partout la communication se brise, Rita Ayoub, enseignante à l’Université Saint-Joseph (USJ), promeut la communication non violente (CNV). Basé sur la bienveillance, l’écoute empathique et le respect de soi et des autres, ce processus de communication, élaboré dans les années 60 par le psychologue américain Marshall B. Rosenberg, est très utile pour aider à éviter et résoudre les conflits et pour « avoir de meilleures relations avec soi et avec les autres ».

La formatrice en CNV, qui est également coordonnatrice de la formation au dialogue islamo-chrétien à l’Institut d’études islamo-chrétiennes de l’USJ, a animé, dans le cadre des séances de débat et de discussion organisées par des enseignants de l’USJ à la place des Martyrs, un atelier sur la CNV.

Pendant plus de 90 minutes, les participants et participantes à cette rencontre interactive et formative, qui sont dans leur plus grande majorité de jeunes universitaires, se sont prêtés aux activités d’échange et de simulation proposées. « La CNV est une procédure à quatre éléments : observation, sentiment, besoin et demande. Elle permet à l’individu de faire le lien entre ses sentiments et ses besoins, et de mieux comprendre son interlocuteur en utilisant cette même procédure, de manière à pouvoir exprimer une demande qui répond à ses besoins et/ou à ceux de l’autre », explique avec enthousiasme et conviction Rita Ayoub.

Éviter les ruptures relationnelles

Dans leurs relations avec les autres, et surtout après les protestations de ces derniers jours, les étudiants sont confrontés à des vécus et des points de vue différents. Des conflits peuvent surgir provoquant parfois des ruptures relationnelles.

« Pour commencer, je pars de leur vécu », indique Rita Ayoub. Au cours de cette première étape, l’animatrice incite les jeunes participants à reconnaître les jugements moraux qu’ils ont envers les autres en ce moment. « Je travaille avec eux par la suite pour passer de ces jugements à leurs besoins à eux. Ensemble, nous essayons d’identifier ce que chacun d’eux ressent lorsqu’il porte ce jugement », poursuit-elle.

Les sentiments ne tardent pas à émerger : colère, tristesse, amertume, désespoir… « Il est important d’apprendre comment accueillir ces sentiments qui sont essentiels pour reconnaître nos besoins », ajoute la formatrice. L’exercice introspectif ne s’arrête pas là. Ayoub travaille avec les jeunes sur leur manière de formuler la demande pour satisfaire leurs besoins. « Le besoin est lié à soi. On dit “J’ai besoin de…” et non “j’ai besoin que tu…” », souligne-t-elle, avant de revenir sur les sentiments détectés chez les participants. « Durant l’exercice, l’un des étudiants a confié ressentir différentes émotions contradictoires : la joie de voir pour la première fois cette énergie de la masse qui lie les gens les uns aux autres et qui révèle son besoin d’appartenance, et en même temps une sorte d’anxiété et la peur de ne pas voir les protestations porter leur fruit, ce qui montre son besoin d’apaisement. »

Un autre participant a exprimé sa colère face à l’indifférence de ceux qui n’ont pas rejoint les rangs des manifestants. « En creusant avec lui, nous avons découvert que sa colère émane de son incompréhension de leur comportement et il a pu reconnaître son besoin de clarté », précise Ayoub. Simulant une situation réelle, l’étudiant a alors exprimé sa demande à une jeune manifestante, qui a accepté de se mettre dans les chaussures de ceux qui ont décidé de se tenir à l’écart des manifestations, et cela de deux manières différentes : la première comme il fait habituellement et l’autre en appliquant la méthode de la CNV. Au terme de l’exercice, son interlocutrice a confié ne pas se sentir attaquée par les propos du jeune homme lorsqu’il mettait en application la CNV, ajoutant même qu’elle a pu alors l’écouter avec empathie.

« Les participants ont admis à l’unanimité que la CNV facilite la communication. Ils ont quand même trouvé que ce n’est pas toujours facile », indique Rita Ayoub.

À défaut de faire des miracles, la communication non violente permet d’éviter des tensions et de résoudre des conflits. Notamment dans les universités où de nombreux jeunes demeurent très politisés.


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