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Culture - Peinture

Le Phénix en cage, d’Helen Zughaib, prêt à prendre un envol flamboyant

L’artiste, même à des milliers de kilomètres du Liban, reste intimement connectée avec ses racines.

L’épreuve du piège du Phénix toujours paré de sa flamboyance. Une œuvre d’Helen Zughaib.

Helen Zughaib, peintre américaine (de parents originaires de Zahlé) et vivant à Washington, a toujours le Liban au bout des pinceaux. Le Liban des beaux jours et celui des jours plus sombres. Arrêt sur l’une de ses toiles porteuses à la fois de prémonitions et d’espoir, intitulée Spirit Flight (Envol d’esprit). Dans cette œuvre de grande dimension et donnant à voir douze panneaux accolés, l’artiste, âgée de soixante ans, a placé douze Phénix qui, avant de retrouver leur superbe, ont eu à passer non pas l’épreuve du feu, mais celle de se libérer d’un piège dans lequel ils se sont retrouvés. Leur plumage reste flamboyant mais leurs ailes sont repliées, car ces créatures sont placées dans un espace cloisonné, restreignant tout mouvement. Pour elle, la parfaite métaphore de la beauté et de la liberté contrainte mais toujours prête à reprendre son envol est ainsi exprimée.

Elle explique au cours d’une conversation téléphonique que cette toile lui avait été inspirée par une visite à Beyrouth, au cours de laquelle elle avait été frappée par la vente, fréquente, d’oiseaux en cage, qu’elle avait associés à tant d’aspirations étouffées. Elle précise qu’elle n’aurait pas voulu « que cette toile devienne en quelque sorte le miroir de l’impressionnante houle de blessures qui engloutit aujourd’hui ses compatriotes d’origine », alors que Liban est traversé, depuis le 17 octobre, d’un vaste mouvement de protestation populaire. Mais pétrie comme eux de résilience, elle croit en leur rebond, devenu leur marque indélébile. « C’est sans doute inconsciemment, et pour cette raison, j’ai gardé aux Phénix dans la tourmente leurs parures chatoyantes, symbole de leur renaissance ». Elle a imprégné à cette toile un mouvement ondoyant pareil à l’image de la foule de manifestants se mouvant en ce moment sur un même rythme, du nord au sud et de l’est à l’ouest du Liban.


Départ à nouveau

Comme tout le monde, elle a, de l’autre côté de l’Atlantique, les yeux braqués sur le pays du Cèdre, qui est déjà omniprésent d’une manière ou d’une autre dans toutes les œuvres picturales qu’elle crée depuis qu’elle l’a quitté en 1975 à l’âge de 16 ans.

Helen Zughaib s’est fait un nom aux États-Unis avec ses toiles aux coloris chatoyants qui rappellent des images paisibles, dont chacun a indéniablement envie et qui sont enfouies dans ce tumultueux Moyen-Orient. L’artiste, refusant de rompre le fil de l’espoir, de la paix et de l’optimisme, a placé l’esthétique harmonieuse de sa culture initiale dans le cadre américain aux angles aigus pour mieux effectuer le transfert d’un monde à l’autre. Deux mondes actuellement en plein télescopage, qu’elle tempère par ses compostions à la fois architecturales et très finement ouvragées, ainsi que sa palette optimiste. Il y a donc chez elle les structures formelles orientales, les délicates touches des enluminures des miniatures persanes et des éléments du patrimoine, le tout ordonné dans une épure moderniste. En bref, elle s’est imposée par un regard anticoup de poing, mais reflétant la compréhension de l’autre à travers ses différences. Ce qui en fait d’elle la parfaite illustration du concept de ce dialogue entre les peuples, privilégié par les leaders du pays de l’Oncle Sam. Ainsi, certaines de ses œuvres ont constitué le cadeau diplomatique, symbolique par excellence. L’une d’entre elles avait été présentée par le Premier ministre Saad Hariri à George W. Bush, alors locataire de la Maison-Blanche. Intitulée Réconciliation, elle dépeint une mosquée accolée à une église et traitée dans les tons ocre et brun. Outre ces parenthèses, son travail a fait l’objet d’un grand nombre d’expositions et d’acquisitions, notamment par la librairie du Congrès, qui a choisi d’étendre entre ses murs Un tapis de prière pour l’Amérique. Helen Zughaib n’est revenue récemment au Liban qu’après une absence de plus de trente ans et a exposé une série de toiles à la galerie Agial ayant pour thème « Retour et départ à nouveau ».


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