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À La Une - Contestation

Couvre-feu nocturne à Bagdad alors que la jeunesse envahit les rues d'Irak

L'armée menace de "sévères sanctions" fonctionnaires et étudiants qui ne se présentent pas en cours ou au travail.


Des étudiants irakiens, à Kabala, le 28 octobre 2019. Photo AFP

L'armée irakienne a décrété lundi un couvre-feu nocturne à Bagdad, après que les étudiants et les écoliers ont envahi les rues de la capitale et de nombreuses autres villes du Sud pour réclamer "la chute du régime".

Cette annonce fait redouter une dispersion dans la nuit de la place Tahrir, vers laquelle des cortèges de manifestants venus de différents quartiers affluaient en soirée alors que cinq manifestants y ont déjà été tués au cours de la journée, selon de source officielle.
Au total, depuis le début le 1er octobre d'un mouvement de contestation inédit, 239 personnes ont été tuées et plus de 8.000 blessées, selon un bilan officiel. 

L'armée, qui a menacé de "sévères sanctions" fonctionnaires et étudiants qui ne se présenteraient pas en cours ou au travail, a décrété un couvre-feu -de minuit à six heures du matin pour les personnes et les véhicules "jusqu'à nouvel ordre"- à Bagdad.

Lundi, le mouvement a gagné en ampleur quand étudiants et écoliers ont rejoint le mouvement qui réclame des emplois pour les jeunes --60% de la population-- et des services fonctionnels à un Etat ravagé par la corruption.

Dans plusieurs provinces du Sud, fonctionnaires, syndicats, étudiants et écoliers ont défilé et entamé des sit-in, alors que le syndicat des enseignants annonçait "quatre jours de grève générale" et celui des avocats, une semaine.


(Lire aussi : Moqtada al-Sadr tente de reprendre du poil de la bête)



"Sans pays, pas d'école" 
Dès dimanche, des étudiants avaient commencé à rejoindre le mouvement malgré les policiers anti-émeutes stationnés aux abords des universités et l'appel du ministre de l'Enseignement supérieur Qoussaï al-Souheil à "tenir les universités à l'écart".

Ils ont grossi les rangs des manifestants sur Tahrir, désormais couverte de tentes et de stands de distribution de nourriture et de protections contre les grenades lacrymogènes des forces de sécurité.
"Sans pays, pas d'école", lance un étudiant. "On veut que le gouvernement démissionne immédiatement, ils démissionnent ou on les dégage", affirme-t-il à l'AFP.

A Diwaniya, à 200 kilomètres au sud de Bagdad, professeurs et étudiants ont décrété un "sit-in de dix jours", selon un correspondant de l'AFP. La plupart des syndicats ont rejoint le mouvement et des piquets de grève bloquent les entrées des administrations.

La foule scande "pas d'école, pas de travail, jusqu'à la chute du régime", mais aussi "Iran, dehors", alors que le grand voisin chiite lutte avec les Etats-Unis --son ennemi juré et autre puissance agissante dans le pays-- pour y étendre son influence.

Jeunes chômeurs
Des milliers d'étudiants et d'élèves ont aussi défilé à Kout, à Nassiriya, à Hilla, à Samawa et à Bassora (sud). 
A Kout, la majorité des administrations sont restées fermées faute d'employés, selon un correspondant de l'AFP. 

La province multiethnique de Diyala, frontalière de l'Iran, jusqu'ici restée à l'écart, a rejoint le mouvement lundi: deux membres du Conseil provincial ont démissionné et des piquets de grève ont bloqué administrations et universités.

Dans la ville sainte chiite de Najaf, au sud de Bagdad, quelques dizaines d'étudiants en religion ont manifesté.
Tous estiment que le système instauré après la chute du dictateur Saddam Hussein en 2003 est arrivé à bout de souffle.
En 16 ans, disent-ils, le complexe système de répartition des postes en fonction des confessions et des ethnies n'a fait que renforcer le clientélisme d'une classe politique inchangée, sans laisser d'horizon ouvert aux jeunes --dont un sur quatre est au chômage.

Les manifestants veulent une nouvelle Constitution, pour remplacer celle votée en 2005 sous supervision américaine, et que les "gros poissons" de la corruption soient forcés de rendre l'argent disparu depuis, qui représente deux fois le PIB de l'Irak, riche en pétrole.
"On veut la dissolution du Parlement, un gouvernement de transition, une nouvelle Constitution et des élections anticipées sous supervision de l'ONU", énumère un manifestant à Bagdad.

(Lire aussi : Étudiants et députés rejoignent la mobilisation en Irak)



Sit-in et vote au Parlement  
Lundi, le Parlement a voté la suppression des primes de l'ensemble des responsables du pays, mais il reste fracturé.

Quatre députés ont démissionné et la cinquantaine de députés du turbulent leader chiite Moqtada Sadr y ont entamé samedi un sit-in en solidarité avec les manifestants, annonçant rejoindre l'opposition.
La majorité parlementaire du Premier ministre Adel Abdel Mahdi, un indépendant sans base partisane ou populaire qui s'appuyait sur Moqtada Sadr et la liste des puissants paramilitaires pro-Iran du Hachd al-Chaabi, est désormais éclatée.

Moqtada Sadr a appelé le Hachd à ne pas "réprimer le peuple" pour "faire gagner les corrompus" après qu'un des commandants de cette force paramilitaire s'est dit "prêt" à intervenir pour empêcher "la destruction du pays".

Depuis vendredi, des dizaines de sièges de partis et de factions du Hachd ont été incendiés. Des protestataires ont été tués par balles par des gardes protégeant ces bâtiments ou asphyxiés par la fumée. 
L'ONU a accusé "des entités armées" de chercher "à saboter les manifestations pacifiques".
En soirée, deux obus de mortier se sont abattus sur une base militaire au nord de Bagdad où sont postées des soldats américains. Cette attaque n'a pas été revendiquée.



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L'armée irakienne a décrété lundi un couvre-feu nocturne à Bagdad, après que les étudiants et les écoliers ont envahi les rues de la capitale et de nombreuses autres villes du Sud pour réclamer "la chute du régime".Cette annonce fait redouter une dispersion dans la nuit de la place Tahrir, vers laquelle des cortèges de manifestants venus de différents quartiers affluaient...

commentaires (5)

Il y a fort longtemps, un journaliste a posé la question à Raymond Eddé pour savoir si les libanais étaient d'après lui des arabes ou pas. Al-Amid a répondu s'ils ne sont pas arabes ils seraient "Frenj" or, nous savons qu'ils ne sont pas "Frenj" donc nous sommes des arabes.

Shou fi

18 h 23, le 28 octobre 2019

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Commentaires (5)

  • Il y a fort longtemps, un journaliste a posé la question à Raymond Eddé pour savoir si les libanais étaient d'après lui des arabes ou pas. Al-Amid a répondu s'ils ne sont pas arabes ils seraient "Frenj" or, nous savons qu'ils ne sont pas "Frenj" donc nous sommes des arabes.

    Shou fi

    18 h 23, le 28 octobre 2019

  • LES CHIITES IRAKIENS SONT DEVENUS DES CHIITES IRAKIENS A PART ENTIERE DEPUIS LA CHUTE DE SADDAM .. HAHAHAHA , çA ME RAPPELLE DES IDIOTIES DE CE GENRE AU LIBAN . WLOKKK LES CHIITES D'IRAK SONT PLUS PROCHES DE NAJAF ET DE KERBALA QUE DE SAN FRANCISCO OU PARIS … L' OLJ N'A PAS VOULU ME PUBLIER POUR UNE EXPLICATION PLUS APPROFONDIE , MAIS EN RESUME C'EST çA LE FOND DU DEBAT .

    FRIK-A-FRAK

    17 h 58, le 28 octobre 2019

  • LES CHIITES DE L,IRAQ CONTRE L,HEGEMONIE IRANIENNE SUR LEUR PAYS. A QUAND LE REVEIL CHIITE CHEZ NOUS ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 36, le 28 octobre 2019

  • Mojtada Sadr en Irak soutient les manifestants,Hassan Nassrallah au Liban menace les manifestants....le grand martyr et homme saint MUSA AL SADR doit se retourner dans sa tombe .

    HABIBI FRANCAIS

    12 h 46, le 28 octobre 2019

  • Eh oui, on dirait que tout les pays gouverné par l’Iran ou ses sbires sont dans une spirale infernale de manifestations et contestation. Mais on le sait bien, les adeptes des theories du complots vont essayer de nous faire gober quelque chose d’anti americain. Comme si sa changeait quoi que se soit. Ces gens la, devrait prendre leurs retraite, et lire leurs theorie du complot dans leur fauteuil sans nous les casser sur ce journal non-iranien

    Thawra-LB

    12 h 40, le 28 octobre 2019

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