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Moyen Orient et Monde - Décryptage

Moqtada al-Sadr tente de reprendre du poil de la bête

L’un des objectifs de sa mobilisation pourrait être de regagner le capital confiance qu’il a perdu.

Des posters géants des leaders chiites Moqtada al-Sadr et Ali Sistani à Sadr City au sud de Bagdad. Ahmad al-Rubaye/AFP

Le leader religieux chiite, Moqtada al-Sadr, s’est fait connaître ces dernières années pour ses positions nationalistes et « anti-ingérences étrangères » ; que ce soit vis-à-vis des États-Unis – qui disposent d’une présence militaire conséquente sur place – ou encore de l’Iran, dont l’influence en Irak n’a fait que croître depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003. Celui qui était autrefois qualifié « d’agitateur », voire de « hors-la-loi », par des officiels américains, jouit aujourd’hui d’un poids important dans la sphère politique irakienne et se retrouve depuis maintenant plusieurs mois au centre du jeu dans un pays soutenu par le condominium américano-iranien.

M. Sadr et son bloc parlementaire « Saïroun » (La marche pour les réformes), qui représente le plus important groupe de députés au Parlement irakien, ont clairement affiché leur parti-pris pour les manifestants qui protestent depuis un mois contre le gouvernement. Le clerc tribun a récemment incité ses partisans à se joindre aux Irakiens qui descendent dans les rues. Ces derniers dénoncent la corruption, réclament des emplois, des services fonctionnels et appellent au départ de la classe dirigeante actuellement en place. L’Irak est le 12e pays le plus corrompu à l’échelle mondiale. Les manifestations qui se déroulent depuis le 1er octobre dernier – avec une interruption de 18 jours, du 6 au 24 octobre, en raison du plus important pèlerinage chiite – ont déjà causé la mort de plus de 200 personnes dans tout le pays.

« Le gouvernement irakien doit cesser d’opprimer ses citoyens, engager des réformes ou faire face à une destitution », a récemment indiqué M. Sadr dans un communiqué. Dans le cadre de ce soutien, les députés du leader chiite ont entamé samedi soir un sit-in à l’intérieur du Parlement « jusqu’à ce que les demandes des manifestants soient satisfaites ». M. Sadr appelle également à des élections anticipées et avait mis en garde la veille contre le risque d’une guerre civile et les conflits sectaires en Irak. Il a aussi appelé le gouvernement à démissionner avant d’être limogé de force ou à lancer une véritable réforme.L’ayatollah Ali Sistani, plus grande autorité religieuse d’Irak, a également insisté vendredi dernier sur la nécessité d’éviter « le chaos » qui « ouvrirait la porte aux interventions étrangères pouvant conduire le pays vers des scénarios dangereux », appelant par conséquent les manifestants et les forces de sécurité à être pacifiques et à ne pas tomber dans le « piège de la violence ».


(Lire aussi : Au Liban comme en Irak, les amis de l’Iran placés face à la contestation)



« Le représentant du peuple »

« Si les responsables irakiens ne souhaitent pas se voir “assassiner” et “brûler”, ces (responsables) corrompus doivent protéger les manifestants et la nation », a déclaré M. Sadr samedi sur sa page Facebook, soulignant que les manifestants en colère étaient « un groupe qui voulait la dignité » et une « patrie sans corruption ».

Le religieux chiite s’était néanmoins montré étonnamment discret lors de la première semaine de manifestations, lui qui a toujours milité pour un grand changement au sein de la société irakienne et pour une refonte complète du système politique. Cette discrétion lui avait valu d’être décrié par une partie de la population. L’un des objectifs de la mobilisation qu’il préconise pourrait être de regagner le capital confiance qu’il a perdu. « M. Sadr avait promis un grand changement lors de sa campagne électorale de mai 2018 et il a été élu autour de cette promesse que les manifestants réclament aujourd’hui », explique Myriam Benraad, spécialiste de l’Irak, contactée par L’Orient-Le Jour.

M. Sadr est, quoi qu’il arrive, un habitué des grandes manifestations et des soutiens à la population. Il se présente lui-même comme étant « le représentant du peuple ». Mais dans le contexte des manifestations actuelles, le clerc-tribun essaye également de « sauver son capital politique et de se repositionner sachant qu’il a l’ambition d’être un acteur majeur du jeu politique irakien », poursuit Mme Benraad. Il l’est d’ailleurs depuis longtemps, même s’il a été forcé de négocier avec certaines forces, comme les milices du Hachd al-Chaabi, se mettant de facto à l’arrière-plan afin d’obtenir une majorité au Parlement irakien. Concernant sa marge de manœuvre, M. Sadr « ne peut pas faire de coup d’État », explique Myriam Benraad, bien qu’il soit chef de milice. Mais ce n’est pas l’armée ou les généraux qui lui sont fidèles. « Il cherche à acquérir une amplitude conséquente dans ce qu’il pourra négocier pour la suite », estime l’experte.


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commentaires (2)

les emeutes anti-corruption(anti-iranienne) sont le fruit du PEU que l'Iran apporte aux peuples qui veulent se liberer et vivre dignement. le populisme n'apporte pas de pain sur la table. Certains ahuris chez nous (ou plutot en Afrique) devrait se rappeler de sa avant de nous donner des conseils dont tout le monde se moque)

Thawra-LB

12 h 26, le 28 octobre 2019

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Commentaires (2)

  • les emeutes anti-corruption(anti-iranienne) sont le fruit du PEU que l'Iran apporte aux peuples qui veulent se liberer et vivre dignement. le populisme n'apporte pas de pain sur la table. Certains ahuris chez nous (ou plutot en Afrique) devrait se rappeler de sa avant de nous donner des conseils dont tout le monde se moque)

    Thawra-LB

    12 h 26, le 28 octobre 2019

  • Moqtada est une girouette , , ce qu'il essaye toujours de faire c'est de prndre le pouvoir , mais une fois qu'il sera au pouvoir , je ne donnerais pas cher de sa position anti iranienne , il sera plus fakih que la wilayet !

    Chucri Abboud

    11 h 14, le 28 octobre 2019

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