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À La Une - Syrie

Les Russes patrouillent près de la frontière syrienne

Trump annonce la levée des sanctions imposées mi-octobre à Ankara après le lancement de son offensive militaire.

Des soldats russes, le 23 octobre 2019, à Kobané, en Syrie. Photo AFP

Donald Trump a levé mercredi les sanctions imposées à Ankara pour son offensive militaire contre les Kurdes dans le nord de la Syrie, alors que les forces russes effectuaient leurs premières patrouilles dans la zone frontalière dont les Etats-Unis se sont retirés.

Le président américain a assuré qu'un "grand succès" avait été remporté en Syrie avec la création de cette "zone de sécurité" à la frontière avec la Turquie. "J'ai demandé au secrétaire au Trésor de lever toutes les sanctions imposées le 14 octobre en réponse à l'offensive de la Turquie", a ajouté M. Trump depuis la Maison Blanche.

Washington avait gelé les avoirs de trois ministres turcs après l'offensive d'Ankara contre les combattants kurdes, longtemps alliés des Occidentaux dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI). M. Trump a ajouté qu'un "petit nombre de soldats" américains resteraient en Syrie, "dans les zones où il y a du pétrole".

Le président américain a également assuré que Mazloum Abdi, le commandant des Forces démocratiques syriennes (FDS), chef des combattants kurdes, l'avait remercié et s'était montré "extrêmement reconnaissant". C'est pourtant l'annonce par Donald Trump du retrait des troupes américaines du nord de la Syrie qui avait semblé donner un feu vert de facto à la Turquie pour lancer son offensive.

Le ministère russe de la Défense a également fait savoir que Mazloum Abdi avait "remercié la Fédération de Russie et le président Vladimir Poutine de protéger le peuple Kurde". Ce communiqué de Moscou a précisé que la police militaire russe s'était déployée "sur un itinéraire assigné au nord de la Syrie".

Au cours de son appel avec Mazloum Abdi, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a ajouté que Moscou était prêt à accroître le nombre de patrouilles pour assurer la sécurité des Kurdes.


(Lire aussi : Erdogan et Poutine s'accordent sur un retrait des forces kurdes du nord-est de la Syrie)



"Merci" à Poutine

Dans la ville frontalière syrienne de Kobané, une localité de l'extrême nord tenue jusqu'à ces derniers jours par les forces kurdes, un correspondant de l'AFP a vu en début de soirée plusieurs véhicules blindés arborant des drapeaux russes.

Les troupes russes, déjà présentes en Syrie où elles appuient l'armée du président Bachar el-Assad, avaient franchi dans l'après-midi l'Euphrate, le grand fleuve qui traverse le nord du pays en guerre, en direction de la frontière qui s'étend sur plusieurs centaines de km.

Lors d'une rencontre mardi à Sotchi, en Russie, le président Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan ont conclu un "memorandum" visant au retrait total des forces kurdes de la zone et au contrôle commun d'une large partie de la frontière turco-syrienne.

Cet accord signe la défaite des FDS, dont la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), considérée comme "terroriste" par Ankara, est l'épine dorsale. Salué comme "historique" par M. Erdogan, l'accord sonne le glas des volontés d'autonomie des Kurdes, le cauchemar d'Ankara.


(Lire aussi : L’offensive turque en Syrie rassemble pro et anti-Erdogan)


Colère et désespoir

Mercredi, des scènes de colère et de désespoir se déroulaient à Qamichli, une ville frontalière du nord-est de la Syrie, considérée comme la capitale de facto des Kurdes syriens et qui a été exclue par l'accord sur la "zone de sécurité".

La ville abrite plusieurs dizaines de milliers de civils, dont de nombreux déplacés, et la situation y est déjà très précaire.

Des centaines d'habitants ont manifesté en criant des slogans hostiles au pouvoir turc, ont constaté des journalistes de l'AFP. Une pancarte comparait l'Etat turc à l'EI. "Les occupants turcs ont lancé un génocide contre notre peuple et veulent changer la démographie de la région", affirmait Salman Sheikhi, un manifestant de 50 ans.

La Turquie a affirmé vouloir renvoyer dans la "zone de sécurité" une partie des 3,6 millions de réfugiés syriens qui se trouvent sur son sol. James Jeffrey, émissaire américain pour la Syrie, a cependant nié tout potentiel "nettoyage ethnique" de la part d'Ankara.

Les Etats-Unis enquêtent sur des allégations des autorités kurdes qui accusent la Turquie d'avoir utilisé des armes non conventionnelles, dont le phosphore blanc, interdit par le droit international, a-t-il néanmoins noté. Le diplomate américain a également estimé que plus de 100 prisonniers de l'EI se sont échappés en Syrie depuis l'offensive turque. "Nous ne savons pas où ils se trouvent", a-t-il ajouté.

M. Trump a indiqué pour sa part qu'"un petit nombre" seulement de jihadistes s'étaient échappés.

Dans le même temps, les troupes du régime syrien se renforcent elles aussi dans la zone frontalière. Appelées à l'aide par les forces kurdes lâchées par les Américains, elles peuvent ainsi renforcer leur emprise sur les parties du territoire qui lui échappent encore.

Ankara a dit compter sur Moscou pour mettre en oeuvre l'accord de Sotchi, ajoutant n'avoir "pas totalement confiance" dans le régime de Damas. Le texte prévoit que Russes et Syriens oeuvreront ensemble "pour faciliter le départ" de tous les combattants des YPG et de leurs armes.



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