Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban

Les Eglises, Dar el-Fatwa et le cheikh akl druze appellent l'Etat à répondre aux revendications des manifestants

"Le Liban ne peut pas rester bloqué", selon le président du Parlement, Nabih Berry.

Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, entouré de plusieurs prélats à Bkerké, le 23 octobre 2019. Photo Ani

Les Eglises chrétiennes au Liban ainsi que Dar el-Fatwa, plus haute autorité sunnite du pays, et le cheikh akl druze, ont exprimé leur soutien aux manifestants et exhorté l'Etat à répondre aux revendications du peuple.

Dans un appel unifié lancé à la suite d'une réunion extraordinaire au siège du patriarcat maronite à Bkerké, rassemblant les chefs ou représentants des Eglises chrétiennes, catholiques, orthodoxes et protestante, et lu par le patriarche maronite Béchara Raï, les prélats "saluent le peuple qui a montré son unité". "Nous appelons à embrasser et à protéger la révolte légitime de nos enfants, et que le pouvoir et le gouvernement répondent à ses revendications nationales", ajoute "l'appel de Bkerké. "Nous avions dit que ce qui se passe aujourd'hui allait arriver mais les gouvernements successifs ont ignoré nos appels", a ajouté le texte.

Le patriarche a également réagi aux réformes et aux mesures financières et économiques présentées lundi par le gouvernement de Saad Hariri. "Le plan de réformes constitue une première étape positive, mais un remaniement du gouvernement et la mise en place d'une administration gérée par des personnes compétentes et patriotes est nécessaire", a-t-il estimé. "Nous appelons le chef de l'Etat à débuter immédiatement des consultations avec les dirigeants politiques pour prendre les mesures qui s'imposent et qui répondent aux revendications du peuple".

Mgr Raï s'est ensuite adressé aux manifestants, les appelant "à se mettre d'accord entre eux sur des personnes parlant en leur nom auprès des autorités pour aboutir aux solutions". "Nous appelons le peuple à refuser l'instrumentalisation de son cri et à éviter qu'il se transforme en un mouvement putschiste", a-t-il lancé, insistant sur l'importance de "respecter la liberté de circulation du peuple libanais pour qu'il assure ses besoins". "L'armée et le peuple forment une seule famille", a affirmé le prélat qui a par ailleurs appelé la communauté internationale "à aider le peuple et l'Etat libanais pour qu'elle demeure le phare de l'Orient, et le message tel que l'a décrit le pape Jean-Paul II". 

Avant cette réunion exceptionnelle, le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Mgr Élias Audi, avait estimé qu'il y avait "un mépris de la dignité des gens", ajoutant que "le vide est meilleur que la réalité que nous vivons aujourd'hui".

En cours d'après-midi, le président Aoun a contacté par téléphone le patriarche maronite, Béchara Raï, et a discuté avec lui de l'appel unifié lancé à l'issue de la réunion des Eglises chrétiennes du Liban. Le chef de l'Etat a "salué le contenu de l'appel et les exhortations du patriarche Raï". Il s'agit du second entretien téléphonique en 24h entre le président Aoun et le prélat maronite. 

La Ligue maronite a pour sa part indiqué, dans un communiqué publié hier, qu'elle soutenait l'appel de Mgr Raï à "une gouvernance démocratique, un système judiciaire indépendant, à la distanciation du Liban face aux conflits externes, ainsi qu'à la nécessité de mettre la décentralisation en place". "La poursuite des manifestations jusqu'à obtention des demandes (des citoyens) est légale aux plans humain, national et constitutionnel et nous la soutenons", indique le texte. 

Le mufti de la République, le cheikh Abdel Latif Deriane, a de son côté appelé l'Etat à "répondre aux revendications justes" des manifestants. "Nous saluons la mobilisation du peuple libanais et nous soutenons ses demandes justes et appelons l'Etat à faire de même et à les prendre en considération au plus vite", a dit la plus haute autorité sunnite du pays, dans un communiqué. "Le pays passe par un tournant dangereux qui doit être pris en considération de manière sérieuse et responsable car cela concerne le système économique et financier et menace les citoyens et leur vie digne", a ajouté le cheikh Deriane. Cette situation "ne peut plus être ignorée et doit être traitée rapidement", a-t-il ajouté.

Enfin, le cheikh akl druze, Naïm Hassan, a affirmé que "personne n'avait le droit de négliger la voix du peuple". "La situation difficile dans laquelle se trouve le pays est causée par les profondes souffrances du peuple libanais qui se révolte pour ses droits, sa dignité et les choses les plus basiques de la vie loin des divisions communautaires, et cela nous pousse à affirmer que personne n'a le droit de négliger ou de sous-estimer la voix du peuple (...)", a déclaré le cheikh akl druze. "Nous devons trouver des issues exceptionnelles (à la crise) qui préservent avant tout le droit du peuple à une vie libre, digne et juste", a-t-il ajouté, appelant à trouver un "des points communs réalistes pour que tout soit évoqué dans le cadre d'un dialogue avec un ordre du jour dont le premier point serait le sauvetage en se basant sur les lois et sur la responsabilité de la classe politique".


(Lire aussi : L’aveul'éditorial de Issa GORAIEB)



Berry : "Le Liban ne peut rester bloqué"
De leur côté, certains des principaux représentants de la majorité gouvernementale ont insisté sur la nécessité de rouvrir les routes. Ainsi, le président du Parlement libanais et leader du mouvement Amal, Nabih Berry, a affirmé lors de la réunion hebdomadaire avec les députés que le pays ne pouvait pas rester bloqué, mettant en garde contre le vide "car il n'y a rien d'autre derrière".

Après cette réunion, M. Berry s'est entretenu à Aïn el-Tiné avec le ministre de l'Education, Akram Chehayeb, le ministre de l'Industrie, Waël Bou Faour et l'ancien ministre Ghazi Aridi, tous affiliés au Parti socialiste progressiste du leader druze Walid Joumblatt, accompagnés du secrétaire général du PSP Zafer Nasser. Dans une interview diffusée lundi soir sur Sky News Arabia, M. Joumblatt a de nouveau critiqué le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, qui a selon lui "ruiné le pays".

De son côté, le chef des Marada, Sleimane Frangié, a affirmé  qu'il était opposé au blocage des routes, tout en disant respecter le droit des citoyens à manifester et à s'exprimer.

Dans ce contexte, Saad Hariri, qui s'est entretenu avec les dirigeants des Forces de sécurité intérieure et de l'armée, a insisté, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle) sur l'importance de préserver la sécurité et la stabilité, de protéger les manifestants tout en permettant aux citoyens de pouvoir circuler.

Le Premier ministre a présidé dans l'après-midi une réunion de la commission ministérielle chargée d'examiner les réformes. La commission a étudié le projet de loi sur le recouvrement des fonds publics volés et a demandé au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) à formuler des recommandations d'ici dix jours sur ce texte. Le Premier ministre a également demandé à ce que l'Ordre des avocats de Beyrouth et celui du Liban-Nord organisent un atelier de travail d'ici dix jours afin de sonder les avocats, notamment ceux issues de la société civile, au sujet de ce projet de loi, avec la participation du ministère de la Justice.


(Lire aussi : Le remaniement ministériel, premier pas sur la voie d’une solution ?)



Le budget 2020 transmis au Parlement
Dans la matinée, M. Hariri a reçu à la Maison du Centre le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, ainsi qu'une délégation de l'Association des Banques, présidée par le président de l'ABL, Salim Sfeir. Les discussions ont porté sur la situation financière et bancaire et sur les décisions prises récemment par le Conseil des ministres dans la feuille sur les réformes, alors que les banques sont fermées depuis vendredi. En soirée, le Premier ministre a reçu une délégation du Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, composée des ministres Akram Chehayeb et Waël Bou Faour, des députés Fayçal Sayegh, Bilal Abdallah et Hadi Aboul Hosn, ainsi que du secrétaire général du PSP Zafer Nasser, en présence de l'ancien ministre Ghattas Khoury.

Dans la foulée de l'adoption par le gouvernement du projet de budget 2020, le président du Parlement, Nabih Berry, a transmis le texte et les budgets annexes à la commission parlementaire des Finances. Ce budget, qui prévoit un déficit public ramené à 0,63 % du PIB et aucune nouvelle taxe, a été approuvé dans les délais constitutionnels rarement respectée par les derniers gouvernements. 

Sur un autre plan, le ministre des Télécoms, Mohammad Choucair, a affirmé que les abonnés au téléphone fixe qui n'ont pas pu payer leur abonnement ne verront pas leurs lignes coupées. 

Déclenché par l'annonce par M. Choucair le 17 octobre d'une nouvelle taxe sur les appels effectués via les messageries instantanées, comme WhatsApp, le mouvement de colère qui a pris la classe politique de court mobilise des centaines de milliers de Libanais dans les rues à travers tout le pays. L'annulation rapide de la mesure n'a pas empêché cette colère de prendre de l'ampleur.



Lire aussi

Pourquoi Bassil est-il la cible n° 1 des mécontents ?

Les Eglises chrétiennes au Liban ainsi que Dar el-Fatwa, plus haute autorité sunnite du pays, et le cheikh akl druze, ont exprimé leur soutien aux manifestants et exhorté l'Etat à répondre aux revendications du peuple.Dans un appel unifié lancé à la suite d'une réunion extraordinaire au siège du patriarcat maronite à Bkerké, rassemblant les chefs ou représentants des...

commentaires (7)

Simplement et avec un peu de courage et comme le demande les instances religieuses il faudra changer le gouvernement pour sauver le pays du pire .

Antoine Sabbagha

17 h 54, le 25 octobre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • Simplement et avec un peu de courage et comme le demande les instances religieuses il faudra changer le gouvernement pour sauver le pays du pire .

    Antoine Sabbagha

    17 h 54, le 25 octobre 2019

  • "Le Liban ne peut pas rester bloqué", selon le président du Parlement, Nabih Berry. J’ai une idée: DÉMISSIONNE!

    Gros Gnon

    19 h 02, le 23 octobre 2019

  • MR AOUN EST PARVENU A LA PRESIDENCE AVEC LES ARMES DE HB APRES 2 ANS ET DEMI DE BLOCAGE DES INSTITUTIONS PAR AMAL/HB ET LE CPL IL VA DEVOIR QUITTER LA PRESIDENCE PAR LA VOLONTE DU PEUPLE LIBANAIS POUR AVOIR TRAHI SA MISSION EN DONNANT TOUS SES POUVOIRS A UN GENDRE PYROMANE ET SANS EXPERIENCE INTELLIGENT QUAND MEME ON DOIT LE RECONNAITRE IL A CREE UN AUTRE GENDRE CONTRAIRE AU PREMIER QUI SEMBLERAIT PLAIRE A LA FOULE MAIS C'EST TROP TARD, IL LUI AURAIT FALLU ENCORE UN AN DE PLUS POUR REMPLACER LE PLUS DETESTE MINISTRE QUE LE LIBAN A EU DEPUIS L'ERE DU TEMPS

    LA VERITE

    18 h 11, le 23 octobre 2019

  • Je suis plutôt étonné que les manifestants ne réclament pas la fin de l'ordre communautaire d'où part tout le mal, toute la corruption. Que les hommes sombres en noir et souvent se taisent et qu'il leur soit fait obligation de s'effacer devant l'ordre civil,

    M.E

    17 h 46, le 23 octobre 2019

  • Ce n'est pas lui qui décide, seuls ses protecteurs prendront une décision. Il n'a aucun pouvoir sa seule ressource : prendre sa retraite

    FAKHOURI

    17 h 17, le 23 octobre 2019

  • C'est la paille et la poutre ...

    Stes David

    16 h 43, le 23 octobre 2019

  • Aoun n'est pas digne de "répondre aux demandes des manifestants" il n'a plus qu'un choix la demission. Rien ne lui achètera une vertu qu'il n'a jamais eue.

    Christine KHALIL

    15 h 08, le 23 octobre 2019

Retour en haut