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Économie - Dette

Les rendements des eurobonds libanais à un niveau record

Des manifestants hier devant la Banque du Liban. Anwar Amro/AFP

Les rendements des eurobonds libanais – titres de dette en devises émis par le pays – ont atteint un niveau record hier, alors que le mouvement de contestation populaire qui a éclaté jeudi et qui vise les dirigeants du pays se poursuit malgré les annonces de réformes faites lundi par le Premier ministre, Saad Hariri.

Les rendements des titres arrivant à échéance en 2021 ont en effet culminé à 24 %, un niveau bien plus élevé que les 18,3 % atteints fin août après l’annonce de la dégradation de la notation souveraine du pays par Fitch (CCC), l’une des trois principales agences de notation américaines avec Moody’s et Standard & Poor’s (S&P). Un an plus tôt, les rendements des titres arrivant à échéance en 2021 oscillaient entre 9 % et 10 %.


Appel à la transparence

« Le fait que les rendements ne baissent pas après le discours du Premier ministre signifie que les investisseurs étrangers ne sont pas plus convaincus que la population libanaise par les annonces de réformes proposées par l’exécutif, ce qui augmente le risque de défaut à court terme », juge pour L’Orient-Le Jour l’expert en économie Jean Tawilé. Il souligne en outre que les prix des CDS (credit default swaps, qui assurent contre le défaut de paiement de l’État) pour les titres arrivant à échéance en 2021 ont atteint 1 440 points, un niveau « historique ». « Les rendements des émissions à plus long terme s’inscrivent dans la même tendance », ajoute-t-il.


(Lire aussi : Quel est l’impact des manifestations sur l’économie ?)


Affectée par les répercussions du conflit syrien qui a éclaté en 2011, la situation économique du pays s’est considérablement dégradée ces derniers mois, sans que les forces politiques ne parviennent à paver la voie aux réformes identifiées de longue date et qui permettraient d’assainir les finances publiques et de restructurer l’économie. Le lancement de ces réformes constituait par ailleurs le principal engagement pris par les dirigeants libanais vis-à-vis des donateurs présents lors de la conférence de Paris d’avril 2018, qui ont prévu en échange de débloquer plus de 11 milliards de dollars de prêts et dons devant être investis dans des projets de développement des infrastructures déjà identifiés.

L’incapacité des dirigeants libanais à respecter leurs engagements a finalement fait perdre patience aux agences de notation financières, qui regardent avec inquiétude le ratio dette/PIB du pays, gravitant autour de 150 % selon les estimations. Moody’s (« Caa1 », stable), qui avait dégradé la note du pays avant Fitch, a récemment placé le Liban « sous surveillance ». En août, S&P a maintenu sa notation (« B- », négative), mais en multipliant les mises en garde. Les organisations internationales qui observent la situation du pays, ainsi que les donateurs du programme CEDRE, ont également multiplié les mises en garde.

« Il est dommage d’avoir attendu autant pour lancer des réformes qui avaient été identifiées depuis longtemps », regrette de son côté Karim Daher, avocat fiscaliste et président de l’Association libanaise pour les droits et l’information des contribuables (Aldic), qui commentait lundi les annonces du Premier ministre. « Ce qui reste positif, c’est que le gouvernement a cette fois lancé des mesures claires, avec des délais spécifiques, démontrant une volonté de travailler sérieusement. Il reste à savoir si la classe politique a encore suffisamment de crédibilité pour qu’on leur permette d’atteindre ces objectifs (…) Ce serait à cet égard bien, dans l’absolu, qu’ils aillent jusqu’au bout en communiquant de façon transparente sur l’état d’avancement des engagements qu’ils ont pris et des chantiers qu’ils proposent, tout en précisant comment la responsabilité des dirigeants pourra être engagée en cas d’échec et notamment en cas de non-respect des délais qu’ils se sont eux-mêmes imposés », analyse-t-il.




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