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Liban - Témoignage

« Pour aller à l’aéroport, jeudi, j’ai slalomé entre des pneus enflammés »

La Middle East Airlines a annoncé samedi qu’elle ne fera pas payer à ses voyageurs les frais d’annulation ou de modification des réservations de leurs vols.

La route menant de Beyrouth à l’aéroport bloquée par des manifestants et des pneus brûlés, le vendredi 18 octobre 2019. Mohamed Azakir/Reuters

Depuis le début des manifestations jeudi dernier, la route menant à l’Aéroport international de Beyrouth est devenue un chemin de croix pour les voyageurs et automobilistes. Face au blocage de la route de l’aéroport par des manifestants, certains voyageurs ont dû faire plusieurs kilomètres à pied en portant leurs valises pour aller à l’AIB ou en sortir, d’autres ont dû payer des motards pour les déposer... Comme à chaque fois que le Liban est secoué par des protestations ou des événements politiques et sécuritaires majeurs, la route menant de Beyrouth vers l’unique aéroport du pays est la première à en payer le prix. Si les voyageurs ont eu du mal, entre jeudi et samedi, à se rendre de la capitale vers l’AIB et vice-versa, la route était accessible dimanche.

« Je me suis rendu ce midi de Hamra à l’aéroport sans encombre », a indiqué hier à L’Orient-Le Jour Maher, un homme d’affaires installé à Dubaï. « Mais beaucoup de personnes venues de régions éloignées de la capitale ont préféré se rendre très tôt à l’aéroport, de peur de rater leur vol. Dans l’enceinte de l’aéroport, des dizaines de personnes étaient installées par terre, attendant leur tour afin d’être sûres de pouvoir prendre l’avion », a-t-il indiqué.

La Middle East Airlines a annoncé samedi qu’elle ne fera pas payer à ses voyageurs les frais d’annulation ou de modification des réservations de leurs vols, en raison des manifestations qui touchent tout le territoire libanais et du blocage de la plupart des artères du pays. « En raison des événements actuels au Liban, qui sont accompagnés d’un blocage des routes menant à l’aéroport, la compagnie acceptera toutes les demandes des voyageurs qui souhaiteront modifier ou annuler leurs réservations, sans frais supplémentaires, jusqu’à ce que la situation s’améliore », a annoncé la MEA.



(Lire aussi : Quel est l’impact des manifestations sur l’économie ?)



« On ne se rendait pas compte de l’ampleur du mouvement »
Si Maher a pu se rendre à temps et sans encombre à l’aéroport, les trois premiers jours des manifestations (qui ont débuté jeudi dans l’après-midi) ont été difficiles, autant pour les voyageurs que pour les chauffeurs de taxi. En témoigne le gérant d’une compagnie beyrouthine de taxis qui a requis l’anonymat. « Aujourd’hui (dimanche), nous n’avons pas eu de problème pour emmener les clients à l’AIB. Mais de jeudi à samedi, c’était le calvaire, a-t-il indiqué à L’OLJ. On ne pouvait arriver en voiture que jusqu’au restaurant Assaha (à quelques kilomètres de l’entrée de l’AIB). Les gens continuaient le reste de la route à pied, ou à mobylette, valises en main. Beaucoup de jeunes de la région qui possèdent des deux-roues et qui sont au chômage ont proposé leurs services. Ils demandaient dix ou vingt mille livres libanaises pour transporter les gens vers l’AIB. Certains l’ont même fait gratuitement. Ceux qui disent que les jeunes ont demandé cent dollars et ont arnaqué tout le monde mentent. Ils ont fait preuve de beaucoup de solidarité. Cette situation nous a malheureusement rappelé la guerre de juillet 2006. Les gens n’arrivaient pas non plus à se rendre à l’aéroport et nous devions les déposer très loin. »

Samia, 65 ans, a dû circuler entre les pneus calcinés et les manifestants en colère jeudi soir, afin de déposer sa fille à l’aéroport. Elle a également dû emprunter de nombreuses routes secondaires, allant même jusqu’à faire d’énormes détours, afin de faire le trajet de Baabda vers l’AIB, et retour.

« J’ai mis une heure et demie pour arriver à l’aéroport, mais je ne me rendais pas compte au moment même de l’ampleur du mouvement, a-t-elle confié. Si c’était à refaire, je ne le referais pas. Je suis passée en voiture entre les pneus enflammés à plusieurs reprises, à l’aller et au retour. C’était dangereux. »

Une fois à l’aéroport, Samia a hésité à rentrer chez elle. « Certains voyageurs m’ont conseillé de rester un peu à l’AIB et d’attendre que ça se calme. J’ai finalement décidé de rentrer. J’ai pris des routes que je ne connaissais pas et je me suis un peu perdue dans les dédales de la capitale et de sa banlieue. Je ne sais pas comment j’ai fini par arriver chez moi. J’ai eu recours au GPS, ça m’a un peu aidée », a-t-elle ajouté.

La fermeture de la route menant à l’AIB a mis les nerfs des automobilistes à rude épreuve ces derniers jours. Ainsi, samedi, une personne a été tuée lorsqu’une dispute entre un homme qui tentait de traverser et des manifestants a dégénéré en coups de feu.



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