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Dernières Infos - Liban

Dans le Kesrouan, des blocages, mais une ambiance bon enfant

Plusieurs commerces proche des zones barricadées ont néanmoins décidé d’ouvrir leurs portes.

L'autouroute de Jounieh, bloquée par les manifestants, vendredi 18 octobre 2019. Photo PHB

Plusieurs axes routiers à travers le Liban sont investis depuis jeudi soir par de nombreux manifestants pour protester contre l’incapacité des pouvoirs publics à proposer des solutions face à la crise économique qui frappe le pays ces derniers mois. Un mouvement qui s’est déclenché peu après l’annonce par le ministre des Télécoms, Mohammad Choucair, de la mise en place d’une taxe déguisée sur les appels vocaux via les applications de messagerie instantanée du type Whatsapp, très populaires dans le pays qui possède une importante diaspora.

Si une importante partie des manifestants a convergé vers la capitale, la mobilisation a également été forte dans la Mohafazat du Kesrouan, où des dizaines, voire des centaines de manifestants, selon les endroits ont bloqué l’autoroute côtière qui traverse Jounieh à plusieurs niveaux (Ghadir, Maameltein et Tabarja, entre autres). Même scénario sur les routes de montagnes où les ronds point de Sehailé ou encore Achkout sont investis depuis jeudi soir, tandis que de nouvelles barricades ont été érigées depuis vendredi matin, comme à Ballouné. Deux colonnettes de pneus étaient également disposées le matin dans une des rues du centre-ville de Jounieh, avant d’être démontées.

Si le rassemblement le plus important au niveau de la côte semblait être celui de Sarba, la barricade mise en place dans les deux sens à Maameltein a pris de l’ampleur dans l’après-midi.


Pas de manifestants armés

Sur chaque barrage, les gens se sont rassemblé dans une ambiance détendue, devisant entre eux, agitant des drapeaux libanais, ou encore scandant slogans interpellant les autorités. A Sehailé et à Maalmentein, des haut-parleurs diffusant de la musique populaire (Zaki Nassif et Feyrouz notamment) ont été mis en place par des manifestants. La majorité des points de rassemblements étaient surveillés par des patrouilles de militaires ou de membres des forces de sécurité.

Si une bonne partie du pays était à l’arrêt - écoles, universités, banques ont fermé leur porte vendredi à la demande du gouvernement - plusieurs commerces proche des zones barricadées ont néanmoins décidé d’ouvrir leurs portes. “J’en profite, j’ai plus de clients que d’habitude”, s’esclaffe le gérant d’une épicerie au niveau de Ghadir sur un axe proche de l’autoroute. “Ici je capte aussi bien les manifestants qui vont et qui viennent pour alimenter les barricades avec de nouveaux pneus à brûler, que les automobilistes qui tentent de les contourner pour arriver à destination”, raconte-t-il.

Chaque barrage était en effet régulièrement ravitaillé en pneus à brûler par des personnes semblant s’être imposées comme gestionnaires de ces points de blocage. De part et d’autre, les automobilistes se succédaient pour constater que la route était bloquée avant de faire demi-tour pour trouver une issue, en étant parfois obligé de conduire à contresens sur l’autoroute. Beaucoup de petites rues longeant les axes bloqués se sont retrouvées prises d’assaut par des colonnes de voitures tentant de trouver un chemin pour rallier leur destination.

“Ce sont les One dollar shop qui vendent des drapeaux Libanais qui doivent se frotter les mains”, plaisante de son côté un jeune homme de 20 ans se disant “dégoûté de ne pas avoir d'autre choix que de quitter le pays pour avoir un salaire décent”. Plusieurs stations services étaient également ouvertes, une semaine après la dernière grève lancée par les acteurs du secteur pour protester contre les conséquences sur leur activité de la baisse de la quantité de dollars sur le marché. Sur les routes, beaucoup de petits commerces étaient ouverts pâtisseries, boulangeries, pharmacies ou encore… vendeurs de pneus. Les grandes surfaces semblaient en revanche toutes fermées.

L’ampleur de la mobilisation a varié enfin d’une barricade à l’autre et selon le moment de la journée : vers 13 heures, celle de Ballouné avait été désertée par une partie des manifestants “qui ont été déjeuner”, selon une femme présente sur place et venue avec ses enfants. Quelques instants plus tard, certains jeunes postés sur place semblaient vouloir se rediriger vers le ronds-point de Achkout.


Plusieurs axes routiers à travers le Liban sont investis depuis jeudi soir par de nombreux manifestants pour protester contre l’incapacité des pouvoirs publics à proposer des solutions face à la crise économique qui frappe le pays ces derniers mois. Un mouvement qui s’est déclenché peu après l’annonce par le ministre des Télécoms, Mohammad Choucair, de la mise en place d’une...