Le Premier ministre Saad Hariri préside un Conseil des ministres, le 17 octobre 2019. Photo Dalati et Nohra.
Alors que des milliers de Libanais sont descendus dans la rue, à Beyrouth, mais aussi dans plusieurs villes du nord au sud du pays, pour exprimer leur ras-le-bol vis à vis de la situation économique et du pouvoir politique en général, la question d'une éventuelle démission du gouvernement a été évoquée par plusieurs responsables politiques.
La ministre de l'Intérieur, Raya el-Hassan, a ainsi affirmé qu'il n'y "aura pas de démission du Premier ministre Saad Hariri pour l'instant". "La démission ne permettrai pas d'atteindre les objectifs souhaités", a-t-elle ajouté.
Ces dernières semaines la tension est montée au Liban sur fond d'aggravation de la situation économique, avec des craintes d'une dévaluation et d'une pénurie de dollars sur les marchés de change.
Mais le catalyseur des manifestations a été l'annonce, jeudi matin, de l'imposition d'une taxe déguisée sur les appels effectués via les applications de messagerie Internet du type Whatsapp. Quelques heures plus tard, des milliers de Libanais manifestaient à travers le pays. Face l'ampleur des protestations, le ministre des Télécoms a annoncé le retrait de cette mesure. Cette rétractation n'a toutefois pas suffi à ramener le calme. Dans la nuit, la tension restait forte, notamment à Beyrouth, mais aussi dans d'autres villes du Liban, où les manifestants restaient mobilisés.
Dans ce contexte, le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a indiqué à la LBCI avoir contacté le Premier ministre et lui avoir dit : "Nous traversons une crise importante et la meilleure solution serait que nous partions et démissionnons ensemble". "Nous avons échoué dans la gestion du dossier économique, dans ce gouvernement et les précédents", a-t-il également reconnu.
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Le chef des Kataëb, Samy Gemayel, a indiqué à la même chaîne qu'il comprenait "la douleur des citoyens". "Les manifestations d'aujourd'hui sont la conséquence du manque de responsabilité, d'éthique et d'intégrité de la classe politique et le peuple a décidé de dire non", a-t-il ajouté.
Le député Kataëb, Elias Hankache, qui a affirmé sur son compte Twitter avoir rejoint les manifestants "en tant que Libanais", a pour sa part affirmé espérer qu'au réveil "demain (vendredi), le gouvernement aura démissionné". "La démission du gouvernement est le début de la solution, je suis contre les gouvernements d'union nationale qui ne font rien depuis 30 ans", a encore affirmé le député.
Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea a, pour sa part, estimé dans un communiqué "que ce qui est le plus désolant, c'est que nous avons mis en garde ces derniers mois contre cette situation". "Nous avons réclamé à plusieurs reprises un gouvernement différent, composé d'experts et technocrates qui peuvent lancer un réveil économique", a-t-il ajouté. M. Geagea, qui a contacté le Premier ministre Hariri et Walid Joumblatt, a indiqué qu'il allait poursuivre ses contacts et réunions pour aboutir à une solution "après la dégradation de la situation". Il a aussi indiqué qu'il allait "consulter ses alliés pour prendre la décision adéquate".
Le patriarche maronite Béchara Raï a, de son côté, indiqué que "le peuple libanais ne supporte plus davantage de taxes". "Le gouvernement doit traiter les crises liées à la crise économique", a-t-il ajouté, appelant les responsables libanais à arrêter le gaspillage (...) avant d'imposer des taxes sur les pauvres qui composent plus d'un tiers de la population libanaise".
Un Conseil des ministres doit se tenir aujourd'hui à Baabda.
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commentaires (13)
Le début de la solution était il y a 30 ans, à la fin de la guerre quand il fallait faire preuve de sagesse et penser à reconstruire le pays plutôt que la poche de ministres et députés archi corrompus, tous gouvernements et parlements confondus... La démission du gouvernement actuel ne résoudra rien, au contraire, elle renverra le pays à la case départ, en stopppant le peu d'initiatives péniblement enclenchées. Et mettre qui à la place? Les mêmes qu'avant ou qu'aujourd'hui? Il sont TOUS responsables, ceux qui crient au scandale et ceux qui se taisent. La crise actuelle, c'est le trop-plein d'une gestion nullissime de tous pendant 30 ans...
NAUFAL SORAYA
12 h 16, le 18 octobre 2019