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Liban - Politique

Kanaan : Bassil ne veut renverser la table sur personne

Le député du CPL interprète comme une révolte contre la situation économique les propos du chef du parti, lancés lors de la commémoration du 13 octobre 1990.

Le secrétaire général de la commission des Finances et du Budget, le député Ibrahim Kanaan, à Baabda, le 18 avril 2019. Photo d'archives Ani

Face au tollé provoqué par le discours incendiaire de son chef Gebran Bassil, lors de la commémoration du 13 octobre 1990, le Courant patriotique libre a tenté hier d’en minimiser l’impact en laissant entendre que ses menaces de « renverser la table » ont été mal interprétées. Sauf que les différentes parties politiques, notamment parmi les adversaires de M. Bassil, ont bien reçu le message, comme en témoignaient les commentaires hier de l’ancien Premier ministre Nagib Mikati et du député Anouar el-Khalil. L’importance de l’intervention de M. Khalil, très critique à l’égard de Gebran Bassil, réside dans le fait qu’elle émane non seulement d’un homme politique généralement très réservé, mais d’un député qui représente tout à la fois le président de la Chambre Nabil Berry, en sa qualité de membre de son groupe parlementaire, et le leader druze Walid Joumblatt, dont il est proche. Après la réunion du groupe parlementaire du Liban fort tenue hier à Sin el-Fil, le ton du CPL a baissé d’un cran, comme une sorte de rétractation ou du moins une rectification de tir : Ibrahim Kanaan, député du parti aouniste, a interprété comme une « rébellion contre la situation économique plutôt que sur quiconque » les propos incendiaires lancés par Gebran Bassil, à l’occasion de la commémoration du 13 octobre 1990.

À l’issue d’une messe célébrée à Hadeth devant des milliers de partisans, M. Bassil avait appelé le chef de l’État Michel Aoun à « ne plus attendre longtemps pour taper du poing sur la table », faute de quoi, avait-il menacé, « nous sommes prêts à renverser la table ».

« Lorsque nous disons que nous voulons renverser la table, cela ne veut pas dire que nous allons la renverser sur quelqu’un », a déclaré M. Kanaan, avant de poursuivre : « Nous voulons la renverser sur la situation financière et économique actuelle, d’autant que le pays n’a pas besoin d’entretenir les problèmes. » « Ce dont nous avons fait part est une révolte contre la réalité qui nuit à notre peuple », a-t-il ajouté.


« Coup d’État contre la Constitution »
Le discours de Gebran Bassil a continué à susciter hier des condamnations, notamment de la part d’Anouar el-Khalil, membre du groupe parlementaire du mouvement Amal, et de Nagib Mikati, ancien Premier ministre.

« Il n’y a plus de tables à renverser, après l’accumulation des années de mauvaise gestion qui se sont poursuivies sous votre régime fort », a écrit sur son compte Facebook Anouar el-Khalil, s’adressant à M. Bassil. « La plupart, sinon toutes, se sont renversées d’elles-mêmes, ployant sous le poids des dossiers politiques poursuivis durant votre mandat, tels que le dossier de l’électricité que vous détenez depuis dix ans », a-t-il noté, avant de souligner à ce propos : « Vous n’avez même pas formé un conseil d’administration ou une autorité de régulation, et vous n’avez entrepris aucune démarche pour traiter ce dossier, sinon faire des déclarations successives. » Et M. Khalil de mentionner d’autres dossiers défaillants, tels que « l’économie, les finances, l’environnement, la justice, l’administration, la corruption et les réformes ».

Quant à l’appel lancé par Gebran Bassil au chef de l’État afin que ce dernier « n’attende pas longtemps », le député berryste a répondu en ces termes : « Nous vous rappelons que lorsqu’il s’agissait de procéder à l’élection du président de la République, le temps s’était écoulé sans que vous n’ayez cure. » M. Khalil a évoqué à cet égard « une présidence vacante pendant deux ans », sans compter « le temps passé à former des gouvernements ».

Pour sa part, l’ancien Premier ministre Nagib Mikati a affirmé, lors d’une cérémonie organisée à Tripoli en son honneur, que « la logique du renversement des tables ne présage rien de bon et ne contribue pas à propager un climat d’apaisement, mais constitue plutôt un coup d’État contre la Constitution et signifie le retour du discours provocateur qui divise ».

« Le président des plus grands groupes ministériel et parlementaire (Gebran Bassil) n’a pas le droit de dire aux Libanais que ceux qui les gouvernent pillent l’État, comme si lui et ceux qu’il représente vivaient dans un autre pays et n’avaient aucun lien avec le gouvernement de 2008 », a martelé M. Mikati, ajoutant : « Le responsable, ou celui qui se considère comme tel, ne peut pas menacer de recourir à la rue ni impliquer le président de la République à cet égard, d’autant que le recours à la rue est périlleux car il existe différentes rues au Liban. » « Quiconque veut construire, protéger et préserver le pays ne peut pas parler avec une telle logique obsolète », a-t-il lâché.

Face au tollé provoqué par le discours incendiaire de son chef Gebran Bassil, lors de la commémoration du 13 octobre 1990, le Courant patriotique libre a tenté hier d’en minimiser l’impact en laissant entendre que ses menaces de « renverser la table » ont été mal interprétées. Sauf que les différentes parties politiques, notamment parmi les adversaires de M....

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