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Liban - Médias

Face aux atteintes à la liberté, la Fondation May Chidiac honore des journalistes internationaux

« Je n’ai jamais imaginé plaider pour le droit de s’exprimer », déplore la ministre d’État pour le Développement administratif.

Les lauréats David Ignatius, Zeina Yazigi, Paul Conroy, Georges Leclere et Zehra Dogan. Photos tirées du compte Twitter de la Fondation May Chidiac

Tirer la sonnette d’alarme pour les libertés au Liban. C’est sous ce thème que s’est tenue la cérémonie annuelle de la Fondation May Chidiac (MCF), vendredi soir au Seaside Arena, au cœur de Beyrouth.

Comme chaque année, cette ONG, qui porte le nom de la ministre d’État pour le Développement administratif May Chirac, rend hommage à des journalistes de renommée mondiale ayant une carrière remarquable et qui ont défié les dangers pour accomplir leur noble mission : transmettre la vérité à l’opinion publique mondiale. Mais pour l’édition 2019 de son événement annuel devenu une tradition, la MCF a choisi de donner une autre dimension liée aux contextes politique et judiciaire dans lequel il s’est tenu. Dans le prolongement de sa mission visant à former les journalistes en herbe, la Fondation May Chidiac a tenu à mettre en lumière les dangers auxquels les journalistes, reporters et photographes font face en exerçant leur métier. D’ailleurs, la cérémonie officielle à été inaugurée par un reportage détaillant le classement de plusieurs pays du monde en matière de libertés publiques et d’environnement propice aux journalistes. Un bilan sinistre dans le cadre duquel le Liban n’en finit pas de régresser, au vu notamment des multiples atteintes à la liberté d’expression aussi bien dans les médias que sur les réseaux sociaux, et les convocations de journalistes devant la justice pour… avoir rempli leur devoir de poser des questions et d’analyser les derniers développements sur la scène locale.

C’est d’ailleurs sur ce dernier point que May Chidiac, présidente de la MCF et ancienne journaliste à la LBCI, a axé son intervention au début de la cérémonie. « Les Libanais sont attachés à leur droit à la liberté d’expression », a-t-elle lancé, déplorant le fait que « l’on témoigne aujourd’hui d’une alarmante régression des libertés publiques, face à un grave accroissement des menaces contre les journalistes.

Évoquant la situation des libertés au Liban, Mme Chidiac n’a pas mâché ses mots : « Je n’ai jamais pensé que je me trouverais en train de plaider pour la liberté de la presse et le droit des Libanais à s’exprimer librement. » Stigmatisant « les convocations quotidiennes de citoyens et journalistes qui ont commis le crime de donner leurs avis », la ministre d’État pour le Développement administratif a tancé le bureau de lutte contre la cybercriminalité, « dont le pouvoir s’accroît d’une manière alarmante ».

« Il n’y a pas de prisons pour tout le monde. Et les libertés de la presse s’inscrivent dans le prolongement de celles à caractères politique et culturel. Ainsi, quand ces libertés tombent, les chances d’édifier une société idéale tombent à l’eau », a conclu May Chidiac.



(Lire aussi : May Chidiac défend à Amman les droits de la femme)



Les lauréats
Puis a débuté la cérémonie de remise des prix avec le vice-président du Conseil, Ghassan Hasbani, et Lina Choueiri Nahas qui ont décerné « le prix Antoine Choueiri pour l’ensemble d’une carrière » à David Ignatius, éditorialiste au Washington Post et qui a couvert les plus grands dossiers du Moyen-Orient. Après avoir réceptionné son prix, M. Ignatius a salué « le courage de May Chidiac, qui est une source d’inspiration ».

Puis c’était au tour du ministre des Télécoms Mohammad Choucair, et Maha Chaer, membre du conseil d’administration de la MCF, de récompenser Georges Leclere pour son parcours devenu synonyme de l’excellence en industrie médiatique. Prenant la parole, le journaliste français, fondateur et président de LGMA Inc., une compagnie de consultants médias, a remercié le Liban, pays qui a témoigné de ses débuts dans le monde des médias.

La Fondation May Chidiac a par ailleurs remis le prix de la performance médiatique exceptionnelle à la journaliste syrienne Zeina Yazigi, que le public arabe a notamment connue en tant que journaliste vedette de la chaîne panarabe al-Arabiya. « Je suis fière de recevoir ce prix porteur de la foi que les difficultés ne réduisent en rien, et la détermination motivée par la foi dans le beau, le vrai et le bien », a-t-elle souligné après avoir obtenu sa récompense des mains du ministre de l’Information Jamal Jarrah et d’Édouard Monin, PDG du centre Ipsos.

Pour ce qui est du prix destiné à rendre hommage aux journalistes engagés, c’est le photographe britannique Paul Conroy qui l’a remporté pour avoir couvert les plus dangereuses guerres de la région, notamment aux côtés de la célèbre journaliste Marie Colvin, tuée à Homs en 2012. Dans son allocution, il a insisté sur l’importance de « continuer à raconter les histoires des peuples ». Il a reçu son prix des mains de la ministre de l’Intérieur Raya el-Hassan et de Chris Rampling, ambassadeur du Royaume-Uni.

La dernière récompense, celle destinée aux journalistes courageux, a été décernée à la jeune journaliste kurde Zehra Dogan, détenue en Turquie pendant plus de deux ans pour avoir évoqué les atteintes aux droits de l’homme. Elle a reçu son prix des mains de Violette Khaïrallah Safadi, ministre d’État pour l’Insertion sociale et économique de la jeunesse et des femmes, et Brent Sadler, ancien correspondant de CNN au Liban.

Une foule de personnalités politiques, diplomatiques et du monde des médias et de la presse ont assisté à l’événement, parmi lesquelles le Premier ministre Saad Hariri, le ministre de l’Information Jamal Jarrah, représentant le président de la République Michel Aoun, les ministres Camille Abousleiman (Travail), Richard Kouyoumjian (Affaires sociales) et Élias Bou Saab (Défense). On notait également la présence d’Élias Hankache (Kataëb) et Eddy Abillama (Forces libanaises), tous deux députés du Metn, ainsi que de leur collègue du Akkar, Wehbé Katicha, et Nicolas Sehnaoui, député de Beyrouth (Courant patriotique libre), des anciens ministres Michel Pharaon et Mohammad Safadi, et des ambassadeurs d’Égypte et des États-Unis, Nazih Naggari et Elizabeth Richard.

La soirée a été animée par la chanteuse Carole Samaha et le groupe de danse Mayyas. Une vente aux enchères a été enfin organisée au profit de la Fondation May Chidiac.



Pour mémoire 

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commentaires (1)

On a oublié caroline fourest . Elle aurait complété le tableau.

FRIK-A-FRAK

17 h 27, le 14 octobre 2019

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Commentaires (1)

  • On a oublié caroline fourest . Elle aurait complété le tableau.

    FRIK-A-FRAK

    17 h 27, le 14 octobre 2019

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