Ghosteen de Nick Cave, jour J - 1

Avant sa sortie demain samedi dans les bacs et autres plateformes électroniques, le 17e album de Nick Cave and the Bad Seeds a été diffusé sur YouTube hier soir à minuit, heure libanaise.

Les fans du rockeur australien, qu’ils soient en Angleterre, en Belgique, en France, en Allemagne, en Italie, au Mexique, aux Pays-Bas, en Pologne, aux Etats-Unis ou encore en Australie, attendaient ce moment depuis 2016. Ce nouvel opus consacre la renaissance de Nick Cave sur la scène musicale après un dernier album intitulé Skeleton Tree, composé juste avant la mort du fils du chanteur, d’une chute de 18 mètres, alors qu’il n’avait que 15 ans.

Ghosteen, qu'on a pu écouter hier dans la nuit, a été composé fin 2018 et début 2019 et enregistré entre Los Angeles, Beighton et Berlin. Il s'agit d'un double album de 68 minutes. "Les chansons du premier album sont les enfants. Les chansons du second album sont leurs parents. Ghosteen est un esprit migrant", a affirmé Cave. Il forme un triptyque avec Skeleton Tree (2016) et Push the sky away (2013) : l'atmosphère demeure litanique, sombre, minimaliste. Du piano, des effets de synthétiseurs, très peu de rythme de percussion, des chœurs qui reviennent comme des refrains lancinant en fond, une texture sonique très épurée sur laquelle la voix de Nick Cave trône comme celle d'un vieux seigneur meurtri dans son manoir. Ghosteen est un long chant plaintif, d'un lyrisme touchant, qui ressemblerait presque à un testament. Il en ressort de ces beautés que seules la mélancolie et la souffrance semblent pouvoir produire. À écouter un soir de doucereuse solitude.

Un artiste atypique
Né en Australie en 1957, Nick Cave est un artiste multi-disciplinaire chanteur, auteur, compositeur, écrivain, poète et scénariste. Il se fait connaître du grand public avec le groupe Nick Cave and The Bad Seeds, fondé en 1983 à Melbourne et composé de Thomas Wydler, Martyn P. Casey, Conway Savage, Warren Ellis et Jim Sclavunos. Nick Cave y joue du piano, de l’harmonica et chante. Depuis leur premier album, From Her to Eternity, sorti en 1984, le groupe a enregistré 17 albums, Ghosteen inclus. Une des plus célèbres chansons du groupe, Red Right Hand, a été jouée dans de nombreux films et séries télévisées comme Peaky Blinders, X-Files, Dumb and Dumber, Scream, Scream 2, Scream 3 et Hellboy. En 1980, Nick Cave vit à Londres, puis s’installe à Berlin et Sao Paula, avant de revenir en Angleterre, à Brighton, où il vit actuellement. À partir des années 1990, Nick Cave effectue des tournées en solo, en plus de ses concerts avec les Bad Seeds. Pour ces concerts sans les Bad Seeds au complet, le groupe se compose de Nick Cave au piano et d’une équipe variable de trois autres musiciens à la basse, à la batterie et au violon.

Avant Nick Cave and The Bad Seed, le musicien australien s’était fait les armes avec un groupe de rock gothique, The Birthday Party, au début des années 1980, qui donnait des concerts à Londres et en Europe. Déjà, Nick Cave était remarqué pour l'énergie déployée dans ses concerts, une tendance à la provocation et aux hurlements d’un rock agressif accompagné d’effets Larsens. Le groupe se sépare en 1984, la même année de la sortie du premier album des Bad Seeds.

En 1984, Nick Cave entame à Berlin, où il s'est installé, l'écriture de son premier roman, Et l'âne vit l'ange. En 1988, il publie King Ink, un recueil de textes de chansons et de pièces de théâtre. “Une musique que j’écris au piano et qui n’a pas de paroles, n’a pas de sens pour moi. Je peux composer un bon riff ou une belle mélodie, mais les paroles sont vraiment les piliers des chansons ”, confie-t-il dans le documentaire Straight to you, sorti en 1993.

Par ailleurs, Nick Cave a fait plusieurs apparitions dans des films du réalisateur allemand Wim Wenders, dont Les Ailes du désir en 1987 (dans lequel Nick Cave apparaît en concert), Jusqu'au bout du monde en 1991, Si loin, si proche ! en 1993 et The Soul of a Man en 2003, et fait partie de la distribution du film australien indépendant Ghosts of the Civil Dead, réalisé par John Hillcoat en 1988, dont il a coécrit le scénario ; et dans le film Johnny Suede de Tom DiCillo, en 1991, aux côtés de Brad Pitt..