Le chef des Kataëb, le député Samy Gemayel, a tiré la sonnette d’alarme sur la situation économique, lors d’une conférence de presse au siège du parti à Saïfi, et jugé que « le départ du cabinet est devenu une nécessité ».
« Le pouvoir est incapable de se purger lui-même, surtout que nous avons désormais violé les interdits. » Il a ainsi appelé le gouvernement à « partir par sa propre volonté » et à « la formation d’un cabinet de technocrates neutre qui ait la confiance des gens à l’intérieur et à l’étranger ».
S’adressant ensuite directement au président Michel Aoun, Samy Gemayel a dit : « Éloignez de vous les gens du 7 août », en référence aux rafles du 7 août 2001 à Beyrouth, menées par les alliés libanais du régime syrien du président Bachar el-Assad. « Ces communiqués publiés en votre nom ne vous ressemblent pas (en référence à des appels, attribués à des sources de Baabda, sur la nécessité pour le cabinet de démissionner. Une démarche démentie ensuite par le palais présidentiel, mais qui aurait été divulguée par des figures prosyriennes de l’entourage du chef de l’État, NDLR) ». « Nous sentons que nous retournons à l’époque du régime syrien où il ne fallait pas toucher aux rapports établis au sein du pouvoir », a dit M. Gemayel.
Le jeune député avait commencé sa conférence en déplorant le fait que « le citoyen semble devoir encore subir la situation, sans que les responsables au pouvoir ne fassent rien, sinon se renvoyer la balle plutôt que se solidariser ». « Les mesures douloureuses ne doivent pas atteindre les gens, mais l’équipe au pouvoir », a-t-il précisé.
Or, « c’est le pouvoir qui est en soi le complot », a jugé le leader chrétien.
Il a en outre critiqué sans les nommer les Forces libanaises de Samir Geagea, pour leur entente avec le président de la République, qui a permis son élection à la magistrature suprême. « Lorsque vous avez conclu le compromis sur le partage des parts entre vous, vous avez entraîné le pays dans la situation dans laquelle il se trouve actuellement, vous êtes par conséquent tous responsables, et ce solidairement, des décisions prises par le cabinet, notamment les trois lois de finances destructrices », a-t-il dit, même si les FL se veulent les objecteurs de conscience au sein du pouvoir.
Et de poursuivre, en s’adressant aux dirigeants : « Vous n’avez pas mis en place de plan économique, vous n’avez pas purgé l’administration publique des emplois fictifs, vous n’avez pas fermé les passages frontaliers illégaux (...). Nous vous avions dit par le passé : “Activez-vous, sinon quittez le pouvoir !” Vous avez présenté des dizaines de plans de réformes. Nous avons vu le plan du CPL, celui des Forces libanaises, celui du président de la République ou encore celui des organismes économiques : 60 % des réformes (qui y figurent) sont les mêmes. Pourquoi n’ont-elles toujours pas été appliquées ? »
Et de dénoncer enfin le fait que le pouvoir, à cause des « surenchères et compromis », a fini par « saborder la relation du Liban avec tous ses amis et le mettre en confrontation avec ceux qui l’aidaient ».
commentaires (3)
C'est dommage qu'il s'excite seulement parce qu'il n'a pu avoir de ministre. Pourtant il a tout fait pour cela. Qu'aurait il dit ou fait s'il l'avait ce ministre? Il en avait des ministres dans le gouvernement précédant, comment les a-t-il eu sans avoir eu une part du fromage? Qu'elle fut leur prestation? Nulle! Charité bien ordonnée commence par soit même cher Sami.
Pierre Hadjigeorgiou
14 h 24, le 04 octobre 2019