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Liban - Entretien

Hasna Abdul Reda, ou le droit au service des plus vulnérables

La jeune avocate a toujours été animée par le besoin de venir en aide aux personnes les plus vulnérables et les plus démunies.

Hasna Abdul Reda, avocate au service des pus vulnérables. Photo DR

Aussi loin qu’elle s’en souvienne, Hasna Abdul Reda a toujours voulu être avocate. Aujourd’hui, la jeune femme de 39 ans avoue ne plus savoir pourquoi c’est ce métier qui l’a attirée, et ce alors même qu’elle n’était qu’une enfant. Ce qui est certain, c’est que Hasna Abdul Reda est animée depuis toujours par le besoin de venir en aide aux personnes les plus vulnérables et les plus démunies.

Sous sa dense chevelure sombre et derrière son regard perçant, l’on sent une forte personnalité qui n’accepte pas les concessions. Bien qu’elle ait assuré la défense de pas moins de 460 prisonniers au cours des trois dernières années, dont uniquement 70 ne sont pas encore libérées ou du moins jugées, Mme Abdul Reda parle de son action humanitaire comme s’il s’agissait de la chose la plus naturelle au monde.


Défendre les vulnérables
Mme Abdul Reda n’est pas née de parents avocats, juges ou notaires. Pour parvenir à exercer, elle a travaillé dur et gravi tous les échelons. Après avoir obtenu son diplôme et entamé son stage dans un cabinet d’avocats, elle décide de participer à l’aide juridictionnelle pour gagner et de l’argent, et de l’expérience. « Je suis tombée amoureuse de ce travail et je me suis sentie immédiatement dans mon élément », raconte Mme Abdul Reda qui se souvient toujours de son tout premier dossier. « C’était celui d’un jeune ressortissant syrien accusé de collaboration avec Israël et qui avait fait des aveux sous la pression et la torture », raconte l’avocate avant de poursuivre, satisfaite : « Il a été innocenté et libéré. »

La jeune avocate enchaîne ensuite ateliers de travail, conférences et autres activités organisés par l’ordre des avocats. En 2009, elle rejoint l’équipe du Centre libanais des droits de l’homme (CLDH) où elle occupe actuellement le poste de directrice du département légal. Parallèlement, elle dirige son propre bureau et a ses propres clients. « Mais la majorité écrasante de mon temps est consacrée à l’action humanitaire », précise-t-elle.

Lors de ses premières années au sein du CLDH, son travail se limitait à des cas de Libanais ou de réfugiés soudanais ou irakiens ayant besoin de quelques procédures légales d’ordre administratif.

Sa mission prend une autre dimension lorsque l’association doit traiter le dossier d’un Palestinien incarcéré à Roumieh depuis 25 ans et qui aurait pu être libéré depuis dix ans s’il avait eu les moyens de se payer un avocat pour mener à son terme un long processus juridique et clore son dossier. Cet homme a été finalement libéré après avoir passé en prison dix ans de plus qu’il ne le fallait. « Après cette première expérience, nous nous sommes mis à chercher des cas similaires », raconte Mme Abdul Reda.

Pour l’avocate, peu importe le crime qu’a commis le prisonnier : « Je suis prête à défendre n’importe quel prisonnier ou criminel à partir du moment où il se présente à moi comme étant une personne vulnérable. » Qu’entend-elle par vulnérable ? Mme Abdul Reda dresse une liste non exhaustive : « Toute personne qui n’a pas les moyens de payer un avocat, qui ne connaît pas ses droits et n’a jamais entendu parler de l’aide juridictionnelle, qui a été victime de torture, qui souffre d’une maladie, qui est mineure ou alors des femmes qui ont été victimes de harcèlement sexuel ou de violence, et qui ont fini elles-mêmes derrière les barreaux, des personnes homosexuelles, des employés de maison ou des travailleurs étrangers... » En 2014, Mme Abdul Reda a ainsi pris la défense d’une employée de maison étrangère qui avait tué sa garante avant de lui arracher les yeux et de la défigurer. « J’ai été sévèrement critiquée pour avoir assuré la défense de cette femme, mais elle était, à mes yeux, vulnérable, explique l’avocate. Et je ne m’étais pas trompée. L’employée de maison s’est avérée être complètement folle au point de ne pouvoir être considérée comme responsable de ses actes. » « Les gens ne comprennent pas toujours mes décisions et mes motivations, mais je continue tout de même à accomplir mon devoir contre vents et marées », ajoute-t-elle.


Rêve d’enfance
Aujourd’hui, Mme Abdul Reda a donc réussi à réaliser son rêve d’enfance. Mais s’est-il avéré à la hauteur de ses attentes ? « Il est vrai que ce métier est fatigant et parfois frustrant, mais je suis très heureuse », répond-elle. Et de poursuivre : « Venir en aide aux personnes les plus faibles, les plus démunies me donne une satisfaction inimaginable et me rend heureuse, tout simplement. » Lorsqu’il lui arrive de clore certains dossiers des plus épineux, l’avocate ressent un contentement sans égal. « Je me dis que j’ai bien fait de prendre en charge ce dossier », ajoute-t-elle. Regrette-t-elle d’avoir pris en charge des cas qui n’ont pas abouti à des fins heureuses ? « Jamais », répond Mme Abdul Reda d’un ton déterminé. « Je me félicite, à chaque fois, d’avoir au moins assuré au prisonnier un procès juste et équitable », poursuit-elle.

Au seuil de la quarantaine, l’avocate est déjà là où elle a toujours rêvé d’être. Et assure une lourde responsabilité car souvent, le seul espoir des personnes qu’elle prend en charge repose tout entier sur elle. « J’ai été élevée de la sorte. Ma mère tenait à partager chacun de nos repas avec des personnes pauvres. Car ces personnes doivent être aidées et pas livrées à elles-mêmes », conclut-elle.

Aussi loin qu’elle s’en souvienne, Hasna Abdul Reda a toujours voulu être avocate. Aujourd’hui, la jeune femme de 39 ans avoue ne plus savoir pourquoi c’est ce métier qui l’a attirée, et ce alors même qu’elle n’était qu’une enfant. Ce qui est certain, c’est que Hasna Abdul Reda est animée depuis toujours par le besoin de venir en aide aux personnes les plus vulnérables et...
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