Plusieurs représentants du secteur privé sont montés au créneau hier pour dénoncer les conséquences de la crise économique que traverse actuellement le Liban, dont l’avenir de la stabilité financière est plus que jamais au centre du débat public.
Dans un communiqué relayé par l’Agence nationale d’information, les organismes économiques (organisation patronale) ont exprimé leurs craintes face à une « crise profonde et dangereuse sans précédent dans l’histoire du pays ». L’organisation, qui est dirigée par l’actuel ministre des Télécoms Mohammad Choucair, a exhorté le gouvernement à avoir le « courage » de se pencher sur les dossiers les plus urgents.
Le président du Rassemblement des dirigeants et chefs d’entreprise libanais dans le monde (RDCL World), Fouad Zmokhol, a évoqué de son côté à l’issue d’une réunion des conditions économiques difficiles, marquées par la « raréfaction des devises sur le marché » (voir par ailleurs) et les « dettes accumulées » par de nombreuses sociétés touchées par la crise. Enfin, l’Association des commerçants du Mont-Liban, présidée par Nassib Gemayel, a pour sa part taclé les dirigeants libanais, déclarant qu’il « ne suffisait pas de décréter l’état d’urgence économique » pour résoudre une crise qui touche un secteur commercial où « les fermetures d’entreprises se multiplient ». Une saillie qui fait référence à la réunion organisée le 2 septembre à Baabda en présence des représentants des principaux courants politiques du pays et au cours de laquelle ces derniers ont affirmé avoir pris acte de l’urgence de la situation.
(Lire aussi : Nouveau gouvernement : le cahier de doléances des représentants du secteur privé)
Perte d’espoir
Ces interventions font écho à celle de l’Association des commerçants de Beyrouth, dont le président Nicolas Chammas – qui est aussi le secrétaire général des organismes économiques – avait affirmé craindre une récession cette année, ajoutant que l’activité avait été au plus bas au courant de l’été. De fait, si le ministère des Finances a estimé dans son avant-projet de budget pour 2020, qui est actuellement discuté en Conseil des ministres, que le pays allait afficher 1,2 % de croissance en 2019, l’Institut de la finance internationale (une association regroupant 450 banques et institutions financières à travers le monde) a estimé dans un rapport publié cet été que le PIB libanais se contracterait de 0,6 % sur cet exercice. Face à cette conjoncture, tous les acteurs qui se sont exprimés hier ont appelé le gouvernement à adopter des mesures « drastiques » pour faire face à la crise, notamment en allégeant la fiscalité qui pèse sur le secteur privé et qui s’est alourdie suite à l’adoption, en octobre 2017, de mesures fiscales devant financer le relèvement de la grille des salaires de la fonction publique (loi n° 46). Les organismes économiques ont par exemple demandé à l’État d’entreprendre sérieusement les réformes nécessaires et que les dirigeants se sont engagés à mettre en œuvre lors de la conférence de Paris d’avril 2018 pour assainir les finances publiques et restructurer l’économie. Le RDCL World a, de son côté, exprimé l’espoir que le budget 2020 consistera en un « virage à 180° par rapport à celui de 2019 ».
Parmi les autres chantiers que doit lancer le gouvernement figure le renforcement de la lutte contre la corruption et la contrebande. Si le Premier ministre Saad Hariri avait déclaré lors d’une visite au port de Beyrouth que les autorités étaient déterminées à prendre ces chantiers à bras-le-corps, le RDCL World a, lui, affirmé avoir « perdu espoir » et suggère des pistes alternatives, comme la suppression des droits de douane au profit d’une TVA à des taux variant en fonction des types de produits.Il reste que la journée d’hier a été marquée par deux annonces concernant des prises de produits de contrebande sur le territoire. Les Forces de sécurité intérieure (FSI) ont affirmé avoir arrêté un réseau de contrebande de vêtements, qui a transité par le territoire syrien et qui allait de Hermel à la ville de Marj, dans la Békaa. La Régie libanaise des tabacs et des tombacs a de son côté indiqué avoir saisi des cigarettes combustibles et électroniques de contrebande à Bourj Hammoud, à Achrafieh et à Hamra.
Pour mémoire
L’Association des commerçants de Beyrouth craint une récession
commentaires (6)
Dans précédent? Faut quand même pas exagérer! Il y a eu bien sur l'invasion pa Alexandre qui a bien détruit les industries de Tyr et Sidon il ya qualque temps...
Wlek Sanferlou
20 h 14, le 26 septembre 2019