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Économie - Conférence

Égalité homme/femme : les banques arabes veulent se mettre à la page

Le Liban a encore du chemin à faire en matière de représentation des femmes dans les conseils d’administration.

Les intervenantes au panel consacré au respect de l’égalité homme/femme dans la gouvernance des entreprises ont suggéré la msie en place de quotas dans le secteur bancaire. Photo P.H.B.

L’Union arabe des banques (UAB) et l’Institut pour la finance et la gouvernance (IFG, créée en 2015 par la Banque du Liban) ont animé hier la seconde conférence annuelle sur la gouvernance des banques et des institutions financières dans le monde arabe à l’École supérieure des affaires (ESA), à Beyrouth.

Une seconde édition en partie consacrée à une problématique qui touche la majorité des entreprises au Liban comme dans les pays arabes : le respect de l’égalité homme/femme dans la gouvernance des entreprises, auquel a été consacré le premier panel des quatre programmes le long de la journée. Le respect de ce principe est aujourd’hui considéré comme un gage de bonne gouvernance par l’UAB – qui était représentée par son secrétaire général Wissam Fattouh – lequel doit lui permettre « de mieux intégrer le système bancaire arabe dans la finance mondiale ».


Long chemin
Modératrice du panel consacré au sujet, la directrice des opérations de la banque libanaise al-Mawarid, Nahla Bou Diab, a expliqué d’entrée de jeu que l’égalité homme/femme était « nécessaire » au sein d’une instance dirigeante dans une entreprise et permettait à ses membres d’avoir « accès à une image complète de la réalité ». Elle a, de plus, soutenu que le Liban et les pays arabes étaient « chanceux » car ils pouvaient s’inspirer des mesures prises à l’étranger et faire le tri entre celles qui ont eu du succès et celles qui restent perfectibles.

Les autres intervenantes – Asmahan Zein, présidente de la Ligue libanaise pour les femmes au travail (Lebanese League for Women in Business, LLWB) ; Dina Sfeir, secrétaire générale de l’établissement libanais Saradar Bank ; et Iman el-Damen, cadre dirigeant à la Jordan Commercial Bank, en Jordanie – ont fait remarquer de leur côté que la programmation, en début de session, d’un panel traitant ce sujet et composé entièrement de femmes était une première.

La question de la représentation des femmes dans le conseil d’administration (CA) des entreprises au Liban a fait l’objet d’une étude publiée en mars par la Société financière internationale (SFI, bras privé de la Banque mondiale). Intitulée « Women on Boards » et menée sur un échantillon de 1 600 sociétés, elle avait notamment révélé que la représentation des femmes dans les CA au Liban – secteur bancaire inclus – était de 14 %, ce qui est bas, mais pas très éloigné de la moyenne mondiale de 17 %. Pour Mme Zein, l’objectif à atteindre est de 30 %.



(Lire aussi : Initiative de Violette Safadi pour légiférer sur les droits de la femme)



Question des quotas
Le chemin à parcourir reste donc long pour le Liban, ainsi que pour ses voisins arabes où la moyenne de représentation des femmes dans les CA serait inférieure à 5 %, selon les estimations qui circulent. Mme Damen a, pour sa part, souligné que ces inégalités sont encore plus marquées au niveau des plus hauts postes de direction. Mme Sfeir a, quant à elle, affirmé que la région MENA avait besoin « de 157 ans » pour l’atteindre, « contre 100 pour le reste du monde », si l’on suit ce rythme de progression.

Pour en revenir au Liban, les intervenantes expliquent le retard du Liban par une série de facteurs principalement endogènes, à commencer par le fait que la société libanaise reste encore très patriarcale (même si la situation est plus équilibrée que dans d’autres pays de la région, NDLR). Elles évoquent ainsi le fait que plus de 90 % des entreprises libanaises soient des PME familiales, les barrières que les femmes se fixent elles-mêmes ou encore le fait que la lutte pour l’égalité des sexes ne soit pas encore perçue comme une priorité.

Si les banques libanaises restent en avance par rapport aux autres secteurs du pays – selon l’UAB, qui rappelle que les 12 500 femmes y travaillant en 2018 représentaient 48,5 % du total des employés –, les intervenantes ont estimé que les instances qui la réglementent peuvent en faire davantage. Outre l’organisation d’ateliers qui mettent plus l’accent sur la dimension « sociale » du principe d’égalité homme/femme, elles ont notamment appelé la Banque du Liban (BDL) à réglementer la question (en publiant des circulaires) pour encourager les banques à intégrer plus de femmes dans leur CA, voire à imposer des quotas, comme c’est le cas dans certaines régions du monde. En septembre 2018, l’État de Californie, aux États-Unis, a adopté une loi imposant la présence d’au moins une femme dans les CA dès 2019 puis 2 dès 2020. En Norvège, une entreprise cotée doit avoir au moins 40 % de femmes dans son CA.

Il reste que la question des quotas ne fait pas l’unanimité, ses opposants jugeant par exemple que ce type de système peut pénaliser des personnes qui se retrouveraient forcées de renoncer à certains postes qu’elles auraient obtenu sans. Un argument accepté par les intervenantes qui estiment néanmoins que le système de quotas doit servir de passerelle pour changer les mentalités.



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Égalité homme/femme ? Mais le plus important est égalité parmi les qualifications indépendamment si c'est une femme ou un homme. supposons il y a plus de gens qualifié (femme) donc les femmes seront plus que les hommes, et vice versa. Donc (Égalité homme/femme ?) n'aura plus de sens.

Eddy

12 h 42, le 12 septembre 2019

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Commentaires (1)

  • Égalité homme/femme ? Mais le plus important est égalité parmi les qualifications indépendamment si c'est une femme ou un homme. supposons il y a plus de gens qualifié (femme) donc les femmes seront plus que les hommes, et vice versa. Donc (Égalité homme/femme ?) n'aura plus de sens.

    Eddy

    12 h 42, le 12 septembre 2019

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