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Liban - Urbanisme

De jeunes architectes libanais engagés pour une ville plus verte, plus ouverte, plus humaine

Le jeune collectif pour l’architecture au Liban questionne le rôle de l’architecte dans la société.

Un des panels du forum organisé à Beit Beirut pour penser une autre modernité urbaine.

Profondément préoccupés par les difficultés que traverse le Liban, parmi lesquelles le chômage, la pollution, la conception des espaces urbains – ou plutôt l’absence de conception –, irrités par la stagnation de leur pays, les membres du Collectif pour l’architecture au Liban (CAL) prennent les devants pour proposer des solutions concrètes à des problèmes qu’ils refusent de subir. Le groupe de jeunes architectes engagés a organisé vendredi et samedi derniers à l'AUB un forum dont les thèmes abordés visaient à questionner la production néolibérale dans le domaine du bâtiment et à s’interroger sur le rôle social de l’architecte.

Au sein de l’auditoire, on sent l’incompréhension : « J’aimerais comprendre. Pourquoi avoir fait le choix d’une modernité dans laquelle les gens sont coincés dans leurs voitures, seuls, et jettent leurs déchets par la fenêtre ? Pourquoi sommes-nous bloqués dans cette modernité-là ? » La question vient de l’assemblée et résonne comme un appel pour la recherche d’une voie de sortie, d’une alternative. En guise de réponse, les présentations de projets élaborés par les membres de CAL se succèdent : on réunit les familles dans des immeubles modernes, on relie les gens par des chemins de fer et des gares novatrices, on provoque des rencontres dans des espaces publics aménagés. Puis on découvre – entre autres – un Achrafieh plus vert, des projets pour dépolluer les eaux, des bâtiments écoresponsables. Les idées fusent, au point qu’on entrevoit la possibilité d’une autre modernité.


(Lire aussi : À Beit Beirut, une série de projets pour « construire aujourd’hui le Liban de demain »)



Façonner nos quotidiens

Au cours des tables rondes, les débats entre invités de marque s’enchaînent. L’exercice est complexe, la réflexion est riche. On saisit alors l’importance décisive des choix de l’architecte dans nos modes de vie : la largeur des trottoirs, la présence de bacs de recyclage, de parkings à vélo, de jardins entretenus, d’infrastructures industrielles modernes, mais aussi l’intégration des spécificités culturelles locales qui façonnent nos quotidiens. Dans l’auditoire, on reconnaît le succès de la corniche de Beyrouth – un des rares espaces publics entretenus de la ville – puis on déplore l’absence de maintenance et de gestion des jardins publics. Un des intervenants souligne ainsi : « Si on effectue un retour sur l’histoire, on constate que l’espace public est un enjeu de pouvoir pour le politique qui, en prévoyant les plans de la ville, contrôle finalement les lieux d’interaction des gens. » C’est ce pouvoir qu’on cherche alors à se réapproprier dans la salle, à travers les échanges, pour le mettre au service du bien commun.


S’émanciper
Tout au long des débats, la même problématique revient : l’absence de planification au niveau politique. « Au Liban, nous vivons au jour le jour. Nous construisons un petit pont ici, une petite intersection là, mais dans l’ensemble, nous ne savons pas du tout où nous allons », explique Élias Tamer, membre du collectif. « Pourquoi parlons-nous d’État au Liban ? L’État providence n’existe pas ici. Et si ce n’est pas un État providence, qu’est-ce que c’est ? » s’insurge l’architecte Habib Debs. Face à cet état de fait, la solution qui s’impose selon les personnes réunies est la suivante : faire sans. Pour pallier les défaillances de l’État, il faut selon elles se rebeller, penser au-delà des codes et des directives, dépasser l’absence de volonté politique de créer de véritables espaces communs et passer outre la volonté du client qui, selon Mona Hallak, souhaite « avoir le plus possible, avec le moins de contribution aux intérêts communs ». Les membres du CAL sont hostiles à la construction frénétique d’immeubles qui n’intègrent pas les normes environnementales et veulent se positionner plus justement en tant qu’architectes, en intégrant le citoyen ordinaire dans le processus de création, tel que le souligne Abir Sasso.


Retrouvez les projets des cofondateurs de CAL : Elias Tamer, Shereen Doummar, Edouard Souhaid et Lynn Chamoun exposés à Beit Beirut 



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