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Liban - Déplacés syriens

Libérés pour un an du loyer, les réfugiés syriens se nourrissent mieux et plus régulièrement

À l’échéance du programme de gratuité du logement, les conditions de vie redeviennent précaires.

La chercheuse Watfa Najdi présentant son travail, Allison Zelkowitz (Save the Children) et Nasser Yassin, directeur de l’IFI, AUB. Photo IFI

Près de 2 000 familles de réfugiés syriens au Liban bénéficient chaque année du programme de gratuité du logement (OFC) cofinancé notamment par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le gouvernement des Pays-Bas et le Conseil norvégien pour les réfugiés. Durant une année entière, le loyer de ces familles est donc pris en charge par la communauté internationale, pour une valeur moyenne de 1 600 dollars américains par foyer, sous la coordination du ministère des Affaires sociales. L’impact de ce programme a été scruté de près par l’Institut Issam Farès (IFI) de l’Université américaine de Beyrouth (AUB), dans les trois régions de Amayer au Akkar, de Bar Élias dans la Békaa et de Minié (Nord). Une étude réalisée en collaboration avec l’organisation Save the Children Lebanon et le gouvernement britannique.


La crise syrienne entame sa neuvième année
La chercheuse Watfa Najdi en a étudié l’impact sur le niveau de vie des réfugiés syriens, leur accès à la nourriture, aux soins de santé, à l’éducation ; sur la cohésion sociale entre les populations réfugiées et hôtes ; sur leurs conditions de logement ; et enfin sur le parc de logements et le marché de la location avant, pendant et après l’application du programme. La recherche qui s’est déroulée au début du conflit syrien, en 2012-2013, a impliqué 1 284 bénéficiaires qui ont répondu à un questionnaire détaillé. Ce travail ponctué d’une étude qualitative menée sur six groupes de discussion a été présenté hier à l’IFI, avec la participation du conseil de recherche : le directeur de l’institut, Nasser Yassin, la professeure d’études urbaines et de planning Mona Fawaz, le professeur associé Ali Chalak et le conseiller technique Rayan el-Hajj.


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L’objectif principal des agences humanitaires est certes de « soulager les souffrances des plus vulnérables, de renforcer leur sécurité, de réduire les tensions entre les populations réfugiées et les communautés hôtes, tout en augmentant la disponibilité d’espaces locatifs abordables ». Mais alors que la crise syrienne entre dans sa neuvième année, les résultats de ce programme d’assistance demeurent mitigés. Car à l’échéance de l’OFC (« occupancy free of charge »), les ménages font part de leur incapacité à assumer le loyer de leur logement, estimé entre 100 et 300 USD par mois. Nombre d’entre eux « sont expulsés » et doivent aller en quête d’un « nouvel abri ». Les plus chanceux « sont hébergés par des proches », selon les résultats de l’étude. Ce qui met en danger le fragile équilibre de vie qu’ils avaient construit, plus particulièrement « sur le plan de leur alimentation, de leur santé, de l’éducation de leurs enfants ». Sans oublier que la majorité d’entre eux vivent dans la grande précarité, « certains dans des garages réaménagés, d’autres dans des chantiers, d’autres encore dans des tentes dont ils louent l’emplacement », d’après le texte. Outre « la promiscuité et le manque d’intimité » qu’ils dénoncent, ils « sont endettés auprès de leur épicier », signe d’extrême pauvreté. Après tant d’années passées au Liban pour fuir le conflit dans leur pays, ils ont « épuisé toutes leurs économies et vendu tout leur or ». « Moins de la moitié d’entre eux exercent une activité professionnelle. » Et qui plus est, la majorité des répondants ne détiennent pas de permis de séjour libanais (89,3 % à Amayer, 91,5 % à Bar Élias et 94,9 % à Minié).


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Une meilleure relation avec les propriétaires libanais
Quelques notes positives sont toutefois à constater. Le programme de gratuité du logement a « facilité l’accès des bénéficiaires à une alimentation de meilleure qualité et plus régulière ». Libérés du poids du loyer pour une bonne année, les ménages ont aussi « consacré un budget plus important à leurs enfants et aux soins de santé ». Par ailleurs, ont été dressées « les bases d’une meilleure relation entre locataires réfugiés et propriétaires libanais ». Une relation qui a encouragé « plus de 50 % des ménages bénéficiaires à rester dans leur logement, à l’échéance du programme », dans les trois régions couvertes par la recherche, « malgré les difficultés financières qu’ils traversent ».

Cette recherche sur l’impact du programme de gratuité du logement n’est pas la première en son genre. Elle a pour objectif « de guider les décideurs et les donateurs internationaux ». Ses recommandations invitent d’ailleurs la communauté internationale à prolonger la durée des contrats, à élargir les secteurs d’assistance aux réfugiés, à améliorer les modalités d’accord entre les bénéficiaires et leurs propriétaires, à engager les municipalités dans le processus, à introduire également des contraintes environnementales... Mais, constate Nasser Yassin, « l’aide internationale se fait rare ». Et le Liban, de même que sa population minée par la crise économique, « montre des signes de fatigue ».


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