Réussir au bac... pour un quart d’heure !

Une erreur de calcul due à un problème technique a viré au drame hier pour des centaines de bacheliers ayant présenté les épreuves de la deuxième session du bac libanais. Les résultats faussés des bacheliers ont été publiés tels quels dans un premier temps puis rectifiés une dizaine de minutes plus tard par le ministère de l’Éducation, ce qui a provoqué une vive polémique. Le ministre, Akram Chehayeb, a reconnu l’erreur et a offert la possibilité aux élèves concernés d’examiner les résultats de plus près.Dans la nuit de mercredi à jeudi, le ministère avait publié sur son site les résultats de la deuxième session du bac, série sciences économiques et sociales (ES) et série lettres et humanités (LH). Toutefois, ces résultats ont été retirés peu de temps après, avant d’être republiés par la suite. Problème : les résultats de certains candidats n’étaient pas les mêmes entre la première et la deuxième liste. Ainsi, plusieurs candidats ayant cru avoir été reçus, ont finalement découvert, en lisant la deuxième liste publiée, qu’ils avaient échoué, leur note ayant été revue à la baisse. En cause, une erreur technique survenue lors du décompte des notes des épreuves de philosophie, dont le coefficient est assez élevé dans les filières susmentionnées.

« L’enseignant qui était en charge de vérifier les réponses des élèves en philosophie n’arrivait pas à rentrer les notes sur son ordinateur à cause d’un problème technique, a expliqué à L’Orient-Le Jour un responsable au sein du ministère de l’Éducation. Un des techniciens informatiques (du ministère) a alors effectué une manœuvre sur l’ordinateur pour faciliter cette opération. Sauf que, suite à cette manœuvre, l’ordinateur a compté, avec les notes, les numérotations des questions, ajoutant ainsi des points aux notes finales », a-t-il ajouté.

« Cette erreur a surtout affecté les étudiants en filière littéraire et en filière économique puisque la philosophie a un coefficient élevé dans ces séries-là. Les résultats faussés sont passés inaperçus pour les autres filières, vu que la philosophie y dispose d’un coefficient beaucoup plus bas », ajoute le responsable qui précise que 174 élèves répartis sur tout le pays ont été touchés par cette panne.

« Les élèves attendaient les résultats devant leur ordinateur, et ils ont tout de suite pris des captures d’écran lors de la première publication. Les résultats ont été changés juste après mais le mal était déjà fait », a encore dit le responsable.

(Lire aussi : Examens du brevet : des élèves empêchés de passer les épreuves crient leur colère dans la rue)

Chehayeb reconnaît l’erreur

Face à la polémique qui a inévitablement suivi, Akram Chehayeb a tenu hier après-midi une conférence de presse pour faire le point. « Nous ne cherchons pas à nous dérober à nos responsabilités. L’erreur provient du calcul des notes des épreuves de philosophie, et nous reconnaissons cette erreur. La correction des épreuves et l’informatisation des notes ont été faites correctement », a expliqué le ministre. Il a souligné que « l’erreur a consisté en l’addition des numéros des questions aux notes des épreuves ». « Lorsque nous avons constaté cette erreur, nous avons retiré les résultats de notre site, avant de les publier une nouvelle fois, en conformité avec les registres électroniques en notre possession », a fait savoir le ministre.

Akram Chehayeb a ensuite souligné que son ministère assume l’entière responsabilité de cette erreur, annonçant également que la démission de la personne responsable de cette fausse manipulation a été acceptée.

« Le ministère accorde à tout le monde la possibilité de se réunir avec les responsables concernés, à partir de vendredi matin (aujourd’hui) et durant deux jours, avec la possibilité de consulter les résultats sur papier », a enfin fait savoir le ministre.

Sur Twitter, le compte Tollab Lebnen (étudiants du Liban), qui publie des informations relatives aux élèves, a laissé éclater sa colère et réclamé des comptes aux autorités, affirmant que plusieurs élèves se sont « effondrés » après avoir constaté leur échec lors de la publication des résultats définitifs.

« Le ministère de l’Éducation a publié les résultats de la deuxième session d’épreuves de la classe de terminale avant de les retirer. Ces résultats ont par la suite été modifiés, et des dizaines d’étudiants ont constaté qu’ils avaient échoué, alors qu’ils venaient de célébrer leur réussite. Qui est responsable de l’effondrement psychologique de ces élèves ? » demande @tollablebnen sur Twitter.

« Merci monsieur le ministre de m’avoir permis de goûter au succès, même si ce n’était que pour un quart d’heure », ironise pour sa part un bachelier cité par le compte Tollab Lebnen.

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