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À La Une - Etats-Unis

Témoin peu loquace au Congrès, Mueller redit ne pas avoir blanchi Trump

Le procureur en charge de l'enquête russe affirme que le président pourrait être inculpé une fois qu'il aura quitté la Maison Blanche.

Le procureur spécial Robert Mueller lors de son témoignage devant la commission judiciaire de la Chambre des représentants, le 24 juillet 2019, à Washington. Chip Somodevilla/Getty Images/AFP

D'un "non" laconique, Robert Mueller, le procureur en charge de l'enquête russe, a contredit mercredi Donald Trump, en assurant ne pas l'avoir totalement blanchi des soupçons d'entrave à la justice, mais ne s'est pas montré plus disert lors d'une audition au Congrès qui a vite tourné à la joute politique.

Juste avant ce témoignage très attendu, Donald Trump avait encore assuré avoir été totalement blanchi par l'ancien chef de la police fédérale (FBI). "PAS DE COLLUSION, PAS D'OBSTRUCTION", avait-il tweeté.



Est-ce votre conclusion?, a demandé l'opposition démocrate dès le début de l'audition de Robert Mueller devant la commission judiciaire de la Chambre des représentants. "Non", a répondu le procureur spécial. "Les conclusions indiquent que le président n'a pas été disculpé des actes qu'il était accusé d'avoir commis", a-t-il ajouté, visiblement très mal à l'aise dans cet exercice périlleux.

Robert Mueller, qui aurait voulu éviter ce témoignage, s'est exprimé d'une voix hésitante, faisant répéter des dizaines de questions. Sans cesse, il a renvoyé à son rapport d'enquête remis en mars, dont les ambiguïtés ont laissé la porte ouverte à des interprétations divergentes.

Face à ce témoin effacé, les parlementaires démocrates et républicains ont déroulé tour à tour leurs argumentaires, livrant des lectures aux antipodes des conclusions de l'enquête russe. Dans ce ping-pong verbal, le procureur a joué un rôle d'arbitre a minima, se contentant de valider ou d'invalider leurs déclarations par des "oui", "non", "correct" ou "je ne partage pas cette analyse".

Entrave?
Dans son rapport d'enquête, un pavé de plus de 400 pages, le procureur spécial décrit les efforts russes pour aider Donald Trump en 2016, mais ajoute ne pas avoir rassemblé de preuves d'une collusion entre Moscou et son équipe de campagne, malgré des contacts répétés.

Il détaille par ailleurs une série de pressions troublantes exercées ensuite par le locataire de la Maison Blanche sur son enquête et se dit, cette fois, incapable de le blanchir des soupçons d'entrave à la justice. Mais le prudent Robert Mueller, 74 ans, ne se prononce pas sur les suites à donner sur ce point, se contentant de souligner qu'un président en exercice ne peut pas être inculpé pendant son mandat.

Mercredi, il a campé sur cette ligne : "Dans nos conclusions, nous avons décidé que nous ne nous dirions pas si le président avait commis un délit. C'était notre décision et ça le reste". Il a toutefois dit que, "oui", le président pourrait être inculpé une fois qu'il aura quitté la Maison Blanche. L'administration de Donald Trump a, elle, estimé qu'il n'y avait pas matière à poursuivre.


(Lire aussi : "Le rapport Mueller est pour Trump ce que la dite feuille de route du Watergate était pour Nixon")



"Un désastre"
Juste avant l'audition de M. Mueller, la Russie a une nouvelle fois démenti toute ingérence électorale aux Etats-Unis. "Evidemment, nous lirons, regarderons ce qui sera dit", a toutefois indiqué le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov.

A l'inverse, Donald Trump avait affirmé qu'il ne suivrait pas les échanges, dénonçant "une perte de temps", un "jeu politique". Mais il a finalement tweeté pendant l'audition et relayé le commentaire d'un journaliste de la chaîne conservatrice Fox, selon lequel l'interrogatoire était un "désastre pour Mueller et les démocrates".

Tout à sa campagne de réélection, le milliardaire républicain souhaite tourner la page de l'enquête russe, qui a empoisonné les deux premières années de son mandat. Mais les démocrates estiment que le rapport de Robert Mueller contient une "série de faits accablants pour le président Trump" et qu'il pourrait appuyer l'ouverture d'une procédure de destitution au Congrès. Ils se divisent toutefois sur l'opportunité politique de lancer une procédure de destitution ("impeachment") vouée à l'échec compte-tenu de la majorité républicaine au Sénat, et susceptible d'occulter les débats de fond de la campagne présidentielle de 2020.

Intégrité
En attendant, les démocrates espéraient que le témoignage de Robert Mueller, retransmis en direct à la télévision, marque les esprits des électeurs. Ils ont donc consacré leur temps à résumer les éléments troublants du rapport, à commencer par une tentative de Donald Trump de limoger le procureur spécial.

Les républicains ont, eux, essayé de décrédibiliser l'enquête, en écho aux accusations de "chasse aux sorcières" martelées par Donald Trump pendant plus de deux ans. Ils ont notamment posé des questions sur l'équipe du procureur Mueller, qui comptait une majorité d'enquêteurs étiquetés démocrates, et mis en doute l'intégrité de certaines de ses décisions. A part quelques sourcils levés, l'intéressé ne s'est pas défendu.

Selon un sondage de l'institut YouGov, 50% des Américains déclarent avoir consulté des pans du rapport Mueller, mais, preuve de son ambiguïté, ils en tirent des conclusions différentes selon leur affiliation politique. 83% des démocrates estiment ainsi que Donald Trump s'est rendu coupable d'obstruction à la justice, contre seulement 16% des républicains.



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