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À La Une - Liban

A 50 ans, Sonia Yammine vient de décrocher son bac

Enceinte à 17 ans, cette mère libanaise de trois enfants atteint son but 33 ans plus tard.

La Libanaise Sonia Yammine a décroché le bac à l'âge de 50 ans. Photo fournie par Sonia Yammine

A 17 ans, Sonia Yammine quitte l’école et se marie avec l’homme qui deviendra le père de ses trois enfants. C'était en 1986, dans un Liban en plein guerre civile. A 50 ans, elle décroche son baccalauréat libanais. Une réussite qu'elle a célébrée mardi, le jour de son anniversaire.

"Lorsque je me suis mariée, je pensais que je retournerai rapidement à l’école, mais je suis tombée enceinte très vite", confie Sonia Yammine à L’Orient-Le Jour. En effet, sa fille Carole naît en 1987, l’année qui suit celle de son mariage. En 1990, la jeune mère donne naissance à Yammine et en 1994 à Mario. Si l’envie de poursuivre ses études ne la quitte pas, la jeune maman se retrouve obligée de se concentrer sur l'éducation de ses propres enfants.

Une fois ses enfants lancés dans la vie active, Sonia Yammine décide de se donner une deuxième chance.
"Lorsque mon benjamin a fini l’université, j’ai senti que je pouvais désormais me concentrer sur mes études", explique-t-elle. Celle qui avait été la première de sa classe durant toutes ses années scolaires reprend alors ses cahiers et crayons avec pour seul objectif : réussir son baccalauréat, section socio-économie. Pour atteindre son but, elle passe cette dernière année à se préparer, de la maison, pour son bac.

"Chaque jour, le réveil matin sonnait à 5h30. J’étudiais toute la journée, parfois jusqu’à 22h, raconte-t-elle.  Ce n’était pas facile, j’avais peur de ne pas pouvoir tout comprendre ou retenir", reconnaît cette mère qui a toutefois bénéficié du soutien de son fils Mario, qui l'a aidée dans les matières scientifiques, et de l’amie de son fils qui lui a donné des cours en mathématiques.

En se souvenant de son premier jour d’examen, Sonia Yammine ne peut cacher son amusement. "J’essayais de prétendre d’être calme mais alors que j’écrivais avec ma main droite, ma main gauche tremblait, raconte-t-elle. Mes enfants essayaient de me rassurer, mais j’avais très peur d’être déçue parce que je savais que je méritais de réussir".


Une moyenne de 13,6
Le jour où les résultats étaient censés être publiés, le ministère de l’Education ayant choisi de les diffuser tard dans la nuit, elle décide, pour calmer son anxiété, d’aller se coucher tôt. "Mes enfants ont attendu les résultats toute la nuit et le lendemain matin ils m’ont annoncé que j’avais réussi avec une moyenne de 13,6, raconte-t-elle, sans cacher sa fierté. J’étais très heureuse, j’ai senti que l’été pouvait enfin commencer !"

Si Sonia Yammine se dit aujourd'hui "comblée", elle affirme ne jamais regretter d'avoir privilégié ses enfants sur son épanouissement personnel. "J’ai toujours dit à mes enfants que si je devais refaire ma vie, je la revivrai exactement de la même manière. C’est eux qui m’ont toujours soutenue et j’ai préféré les élever avant de me concentrer sur mon baccalauréat".

Ses deux fils confient à L'Orient-Le Jour avoir été "plus stressés que lorsqu'ils ont présenté leur propre bac". "Je savais qu’elle avait dépensé beaucoup de son énergie et de son temps, confie Yammine. Je voulais qu'elle réussisse et que ce soit une motivation pour elle. Ce qui est drôle c’est qu’elle a obtenu de meilleures notes que nous tous", poursuit-il sur un ton taquin. Mario, qui a enseigné la chimie, la physique et la biologie à sa maman est, lui, très fier de voir qu'elle a réussi haut la main ces matières avec respectivement deux 18/20 et un 14/20. 

"J’ai été surprise par le nombre de gens qui m’ont encouragée, poursuit Mme Yammine. J’ai senti une très grande responsabilité et beaucoup m’ont dit que je les ai inspirés. Mais ce que j’ai fait, je l’ai fait pour moi, ajoute-t-elle. L’éducation est ce qu’il y a de plus important dans la vie". Elle prévoit aujourd’hui de faire des études universitaires. "Je n’ai pas encore décidé en quoi je veux me spécialiser", dit-elle. 

De cette expérience, Sonia Yammine retient que "lorsque l'homme décide de faire quelque chose, il peut le faire grâce à sa volonté et il peut surmonter tous les obstacles qui se présentent à lui".

Pour honorer son courage et ses efforts, l'ancienne école de Mme Yammine, l’école officielle secondaire de Mazraat Yachouh, tient à ce qu’elle soit diplômée avec les lycéens. Lors de la cérémonie de remise des diplômes, il lui est demandé de prononcer un discours devant les jeunes bacheliers. C'est par ces mots que Sonia Yammine choisit de s'adresser à eux : "Pourquoi passer mon bac maintenant ? Pourquoi pas ? Le savoir a-t-il un âge ? L’ambition a-t-elle une date d’expiration ? Sûrement pas".



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commentaires (8)

C'est pathétique. Il y a de quoi écrire un beau roman ou de produire un film splendide.

Raminagrobis

11 h 49, le 12 juillet 2019

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • C'est pathétique. Il y a de quoi écrire un beau roman ou de produire un film splendide.

    Raminagrobis

    11 h 49, le 12 juillet 2019

  • Il n'y a pas d'age pour apprendre (la neuroscience en decourvre cela).

    Eddy

    11 h 04, le 11 juillet 2019

  • Quelle nouvelle rafraichissante et tonique en ce matin. Bravo Sonia !

    Aref El Yafi

    09 h 09, le 11 juillet 2019

  • 3A 2BEL UN DOCTORAT !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    08 h 30, le 11 juillet 2019

  • Bravo ?

    Yazbek Ronald

    23 h 33, le 10 juillet 2019

  • Bravo Sonia, belle et intelligente.

    Christine KHALIL

    22 h 18, le 10 juillet 2019

  • Très belle histoire ! Félicitations Madame

    Georges Abou-Jamra

    20 h 36, le 10 juillet 2019

  • Mabrouk!!!! C'est fantastique!!!!!!!

    NAUFAL SORAYA

    18 h 48, le 10 juillet 2019

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