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Liban - Social

En déficit, l’école de la Société de Saint-Vincent-de-Paul peine à poursuivre sa mission éducative

L’école semi-gratuite accueille 560 élèves qui risquent de se retrouver à la rue.

C’est par le son des cris d’enfants qui s’en échappent que l’on reconnaît le grand bâtiment qui abrite l’école semi-gratuite de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, dans le quartier populaire de Bourj Hammoud. Une fois le portail franchi, ils sont bien là : des enfants jouant au ballon dans la cour intérieure, un jeudi après le déjeuner. Ce sont ces mêmes enfants qui risquent de se retrouver à la rue.

Depuis 1860, la Société de Saint-Vincent-de-Paul fournit une assistance aux plus pauvres, à travers ses 49 branches au Liban. Parmi ses activités caritatives, l’école semi-gratuite accueille 560 élèves de 7h30 à 14h30. Un partenariat entre Saint-Vincent-de-Paul et l’Institut des frères des écoles chrétiennes-Lasalle, liées au réseau du label France Éducation, permet d’assurer un haut niveau d’éducation aux enfants issus de milieux précaires.

Aujourd’hui, la SSVP fait face, cependant, à un gros problème financier, notamment depuis l’augmentation de 45 % des salaires des professeurs, conformément à la loi 46 sur le réajustement des salaires dans le secteur public. Si toutes les écoles n’ont pas appliqué cette loi qui concerne aussi les enseignants du privé, la SSVP l’a suivie alors même que l’État tarde toujours à lui verser les subventions qu’il lui doit. Pour combler l’augmentation de la masse salariale, la SSVP a certes augmenté les frais de scolarité des enfants, mais dans des proportions qui n’ont rien à voir avec la hausse des salaires.

Avec le retard de quatre ans du paiement des subventions dues par l’État, l’école semi-gratuite fait désormais face à un énorme déficit. « Nous ne savons pas comment nous allons faire pour les mois de juillet et d’août. Nous sommes complètement perdus. Si l’école ferme, où vont aller tous les enfants ? » déplore Ella Salhab Bitar, la vice-présidente de la SSVP.

La situation est d’autant plus grave que le gouvernement projette de diminuer les subventions, par élève, dans les écoles semi-gratuites, dans le cadre de l’examen du projet de budget 2019. À l’Assemblée nationale où la commission des Finances et du Budget poursuit l’examen du texte, les écoles semi-gratuites sont considérées comme un lourd fardeau pour le budget national, d’autant qu’un certain nombre parmi elles semble fictif. « Au-delà de notre volonté d’obtenir une accélération du paiement des subventions, nous demandons au gouvernement de ne pas traiter toutes les écoles semi-gratuites de la même façon. Si certaines associations sont fictives, ce n’est pas le cas de la nôtre », martèle la vice-présidente. « Le gouvernement pense que si les enfants de notre école s’en vont, ils peuvent aller dans des écoles publiques. Or le niveau d’éducation n’y est pas comparable. Nous offrons un niveau d’enseignement équivalent aux écoles privées », ajoute Ella Salhab Bitar. La différence des frais de scolarité par élève est pourtant flagrante, puisque ceux des écoles privées peuvent atteindre plus de huit millions de livres libanaises (plus de 5 300 USD) par an, par rapport à 1 800 000 (1 200 USD) pour ceux de la SSVP.

L’État (ministères de l’Éducation, Affaires sociales et Santé) doit au total 2,2 milliards de livres libanaises à la Société de Saint-Vincent-de-Paul. « Le gouvernement nous traite comme s’il nous faisait un cadeau. C’est comme si nous devions mendier nos droits. Pourtant, nous payons nos charges à la Sécurité sociale à temps. C’est à l’État de prendre ses responsabilités », souligne Claire Saïd, directrice de l’école. « Nous travaillons à leur place, nous sommes bénévoles, alors qu’ils collaborent avec nous pour nous laisser continuer notre mission et offrir nos services aux plus démunis ! » s’exclame Ella Salhab Bitar.La part du gouvernement dans le financement de la scolarité est de 50 % en principe, mais, étant donné les coûts actuels des activités fournies aux élèves et la formation continue du cadre éducatif pour maintenir le bon niveau académique et culturel, cette subvention ne représente effectivement que 30 % des frais de scolarité.

Le fondateur de l’association, Fréderic Ozanam, avait déclaré que « l’amour fasse ce que la justice ne peut pas faire », avant d’ajouter : « Ces enfants vivent dans l’injustice, c’est inacceptable. » Pour lutter contre l’inacceptable, poursuivre sa mission et donc combler son déficit, la SSVP est désormais contrainte de lancer des appels d’aide aux particuliers et à des organismes nationaux et internationaux. Autre piste, évoquée par la vice-présidente, le parrainage d’élèves par des familles libanaises ou étrangères.


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