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À La Une - terrorisme

Le président tunisien hospitalisé dans un "état critique", double attentat à Tunis

"Je tiens à rassurer les Tunisiens, le président est en train de recevoir les soins nécessaires", affirme le Premier ministre Youssef Chahed, appelant à "ne pas diffuser d'informations fausses semant la confusion".

Le président Béji Caïd Essebsi, lors d'une conférence de presse à Tunis, le 8 novembre 2018. Photo d'archives REUTERS/Zoubeir Souissi

Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a été hospitalisé dans un état critique jeudi, le jour où un double attentat suicide a tué à Tunis un policier et fait ressurgir le spectre de la violence dans le pays.

Âgé de 92 ans, M. Essebsi a été "victime d'un grave malaise et a été transféré à l'hôpital militaire de Tunis", a écrit la présidence sur sa page Facebook. "Son état est désormais stable et il reçoit les soins nécessaires", a-t-elle ensuite précisé. "La situation du président est critique" mais "stable", a indiqué son conseiller Firas Guefrech sur Twitter, démentant des rumeurs faisant état de sa mort.

Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, s'est rendu au chevet du président. "Je tiens à rassurer les Tunisiens, le président est en train de recevoir les soins nécessaires", a-t-il dit, appelant à "ne pas diffuser d'informations fausses semant la confusion". M. Essebsi avait déjà été hospitalisé la semaine dernière. Les médias tunisiens avaient alors également fait état de l'hospitalisation du président du Parlement, Mohamed Ennaceur, 85 ans.

Après les attentats suicide et l'hospitalisation du chef de l'Etat, M. Ennaceur a réuni à l'Assemblée les chefs des blocs parlementaires. Selon l'article 84 de la Constitution, il revient à la Cour constitutionnelle de constater la vacance du pouvoir et de confier la présidence par intérim, soit au président du Parlement en cas de décès du président de la République, soit au Premier ministre en cas de vacance temporaire. Mais huit ans après la révolution, la Tunisie n'a toujours pas de Cour constitutionnelle. L'instance provisoire qui la remplace ne dispose pas de prérogative claire en cas de vacance du pouvoir, selon l'ONG d'observation politique Bawsala.



"Opération terroriste lâche"

Les attentats et le malaise du chef de l'Etat surviennent alors que le climat politique s'est tendu ces derniers mois à l'approche d'élections présidentielle et législatives, prévues en octobre et novembre.

Menés à l'ouverture de la saison touristique, les attentats qui n'ont pas été revendiqués sont les premiers à Tunis depuis une attaque suicide le 30 octobre 2018 sur l'avenue Bourguiba (26 blessés en majorité des policiers).

Jeudi, le premier attentat a également eu lieu sur l'avenue Bourguiba. Un kamikaze a visé un véhicule de police tuant un policier et blessant trois civils ainsi qu'un policier, selon les autorités. Des morceaux de chair, probablement ceux du kamikaze, jonchent la chaussée autour du véhicule, a constaté une journaliste de l'AFP. L'attentat s'est produit non loin de l'ambassade de France. Des passants se sont évanouis sous le choc et de nombreux commerces et administrations ont baissé leurs rideaux.

Rapidement, les forces de sécurité ont été déployées sur les lieux, où des badauds se sont attroupés malgré les avertissements des agents de police paniqués. Une demi-heure plus tard, un kamikaze s'est fait exploser devant la porte arrière du complexe de Gorjani, où sont rassemblés des services de la Garde nationale, de la police judiciaire et des services d'enquête antiterroriste, à la périphérie de Tunis, selon le ministère de l'Intérieur. Quatre policiers ont été blessés.

"C'est une opération terroriste lâche" qui "vise à déstabiliser l'économie et la transition démocratique alors que nous sommes au début de la saison touristique et à quelques mois des élections", a dit M. Chahed qui s'est rendu sur l'avenue Bourguiba.


(Pour mémoire : Attentats contre des touristes en Tunisie: prison à vie pour sept jihadistes)



"En enfer?"

"Crise politique, crise économique, terrorisme! Nous ne serions pas en enfer?", a lancé en colère un jeune Tunisien après avoir échappé à l'attentat à Tunis.

Dans une déclaration à la radio Mosaïque FM, le porte-parole du pôle antiterroriste, Sofiène Sliti, a affirmé que les deux kamikazes avaient utilisé une ceinture explosive et que les "investigations se poursuivent pour déterminer leur identité". Le président français Emmanuel Macron a condamné "fermement" le double attentat.

Après un soulèvement en 2011 ayant mené à la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali, la Tunisie a été confrontée à un essor de la mouvance jihadiste, responsable de la mort de dizaines de soldats et de policiers, mais aussi de nombreux civils et touristes étrangers.

Après une attaque suicide revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) le 24 novembre 2015 contre un bus de la garde présidentielle à Tunis, qui avait tué 12 agents, l'état d'urgence a été constamment renouvelé dans le pays.

La même année, 60 personnes dont 59 touristes avaient été tuées dans des attentats contre le musée du Bardo à Tunis le 18 mars puis contre une plage et un hôtel près de Sousse le 26 juin. Les deux attaques ont été revendiquées par l'EI.


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