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Liban - Plan de paix américain

Le projet économique de Kushner rejeté de tous bords

Tous les bords libanais et palestiniens étaient représentés hier à la réunion de travail tenue au Grand Sérail. Photo ANI

Les parties libanaises et palestiniennes de tous bords n’auront pas attendu que soit discuté aujourd’hui et demain à Bahreïn le volet économique du « deal du siècle », proposé par le président américain Donald Trump pour le rejeter en bloc et en chœur. Rendu public samedi par la Maison-Blanche, ce plan mis au point par Jared Kushner, gendre et conseiller de M. Trump, et comportant la levée de 50 milliards de dollars d’investissements pour relever l’économie dans les territoires palestiniens et les pays qui abritent le plus grand nombre de réfugiés (Liban, Égypte, Jordanie), a provoqué aussitôt une réunion libano-palestinienne hier au Grand Sérail, à l’initiative du président de la Commission de dialogue libano-palestinien, Hassan Mneimné, pour condamner le projet. Côté libanais, on notait la présence de parlementaires relevant de partis de tous bords (Hezbollah, FL, courant du Futur, PSP, Kataëb…), tandis que du côté palestinien, ont pris part aux discussions aussi bien des délégués du Hamas que ceux de factions palestiniennes relevant de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), notamment le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP), le Fateh et le Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP).

Les participants ont affiché une volonté unanime de « coordonner » entre eux pour « faire échec au deal du siècle » considérant, dans un communiqué publié à l’issue de la réunion, que « tout ce qui lui est lié est nul et non avenu », et se disant déterminés à « faire face à la violation du droit des Palestiniens au retour et affronter le projet de leur implantation ». Projet qui, ont-ils affirmé, est « contraire au préambule de la Constitution et aux pactes de la Ligue arabe ».

« Il s’agit d’un plan de liquidation totale de la cause palestinienne, qui s’inscrit dans le sillage du transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem et de la reconnaissance par les États-Unis de cette ville comme capitale de l’entité israélienne », ajoute le communiqué, dénonçant plus généralement la volonté américaine de « renforcer cette entité et ses ambitions expansionnistes ».


(Lire aussi : À Bourj Brajneh, les Palestiniens veulent faire échec au « marché du siècle »)


Réunis par ailleurs pour exprimer leur « rejet absolu » du plan Kushner, trois anciens chefs de gouvernement, Fouad Siniora, Nagib Mikati et Tammam Salam, ont déclaré dans un communiqué que « la cause palestinienne reste prioritaire dans la conscience arabe, car il s’agit d’un problème national, moral, arabe, islamique et chrétien », soulignant qu’« elle ne constitue pas et ne constituera pas un marché immobilier, financier ou économique ».

Dans une lettre ouverte aux rois et chefs d’État arabes, l’ancien chef de gouvernement Sélim Hoss a pour sa part fustigé « le silence arabe », affirmant en substance que « la Palestine n’est pas à vendre ».

Contacté par L’Orient-Le Jour, Ammar Houry, ancien député du courant du Futur, qui représentait son parti à la réunion libano-palestinienne, affirme que les participants ont marqué leur refus de « toute tentative de faire disparaître la cause palestinienne ». Évoquant « le préambule de la Constitution et l’accord de Taëf », M. Houry se dit « attaché aux lois nationales », avant de rappeler qu’au plan arabe, « le sommet de la Ligue arabe, tenu à Beyrouth en mars 2002, a adopté un plan basé sur l’instauration de la paix en échange d’une restitution de terres plutôt que d’un don de sommes d’argent ».


(Lire aussi : Ce que le volet économique du plan Kushner prévoit pour le Liban)


« Une patrie ne se vend ni ne s’achète »
Un cadre des FL, joint également par L’OLJ, estime qu’« il faut respecter ce plan arabe de paix (initié par l’Arabie saoudite), qui préconise une solution à deux États ». Il critique avec virulence le plan américain, affirmant qu’« une patrie ne se vend ni ne s’achète ». « Aucune partie libanaise n’admettrait que le pays se plie à la force et au fait accompli et se voit imposer une implantation en contrepartie d’une somme d’argent », insiste le responsable FL. Évoquant par ailleurs le boycottage palestinien du sommet de Bahreïn, il affirme qu’« aucune solution au conflit ne peut être adoptée sans la participation de l’Autorité palestinienne, qui doit exprimer sa position en tant qu’État concerné ».

Nadim Gemayel, député Kataëb, qui, avec le président du Parlement, Nabih Berry, a été le premier à rejeter le plan de paix américain dans son volet économique, met en garde, via L’OLJ, contre « toute idée d’implanter les Palestiniens en contrepartie d’un montant monétaire ». « Or, depuis le début de la discussion du plan Kushner, on laisse planer le spectre d’une implantation dans les pays hôtes en échange d’investissements financiers, note-t-il, alors que la paix dans la région doit s’instaurer sur base de la création de deux États séparés. » « En attendant les résultats de l’atelier de Bahreïn et l’annonce du volet politique, à travers lesquels seront définies les conditions du plan, je rejette le plan Kushner par précaution et prévention », martèle M. Gemayel.


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ACHETER LES HOMMES POUR ACCAPARER LES TERRES... CA NE VA PAS. QUEL ARABE OSERA SE FAIRE ACHETER OU SE VENDRE ?

LA LIBRE EXPRESSION

15 h 05, le 25 juin 2019

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Commentaires (2)

  • ACHETER LES HOMMES POUR ACCAPARER LES TERRES... CA NE VA PAS. QUEL ARABE OSERA SE FAIRE ACHETER OU SE VENDRE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 05, le 25 juin 2019

  • Les Palestiniens et les Libanais doivent se rendre à Bahrain pour défendre leurs intérêts. A la table de négociation tout est négociable. Ces prises de positions publiques et prématurées sont futiles et nuisibles car elles ne permettent plus aux personnes concernées de manœuvrer et de faire de la "politique". Les Palestiniens ont acquis au fil des années la réputation d'être le peuple des opportunités perdues. J'espère qu'ils changeront d'approche cette fois ci et que les Libanais ne tomberont pas dans ce piège. Au minimum, il faudrait s'imaginer que les Américains ont considérer l'éventualité d'un refus Palestiniens et Libanais et auraient certainement preparer un Plan-B qui fera aussi mal sinon plus.

    Zovighian Michel

    06 h 47, le 25 juin 2019

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