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Moyen Orient et Monde - Iran

Trump dit avoir annulé in extremis des frappes « disproportionnées »

Le président américain affirme être prêt à parler avec l’ayatollah Khamenei sans conditions préalables.

Un avion américain prêt à décoller du poste de pilotage du porte-avions USS Abraham Lincoln (CVN 72) en mer d’Oman. Stephanie Contreras/U.S. Navy/Handout via Reuters

Donald Trump a affirmé hier avoir annulé à la dernière minute des frappes contre l’Iran pour éviter un bilan humain dramatique, tout en maintenant ses menaces de représailles contre Téhéran qui a abattu un drone américain.

Dans une démarche surprenante de la part d’un président des États-Unis, l’ancien homme d’affaires a fait, dans une série de tweets matinaux, le récit détaillé de la soirée de jeudi, donnant un aperçu inédit – et très personnel – de sa prise de décision sur ce dossier aux lourds enjeux militaires et stratégiques. « Nous étions armés et prêts à riposter la nuit dernière contre trois sites différents quand j’ai demandé combien (de personnes) allaient mourir », a-t-il écrit. « 150 personnes, monsieur, a été la réponse d’un général. 10 minutes avant la frappe, je l’ai stoppée, c’était disproportionné par rapport à une attaque contre un drone. »

Dans un extrait d’une interview à NBC, le président assure que les avions américains n’avaient donc pas décollé quand il a pris sa décision. « Mais ils auraient été (dans les airs) rapidement. Et les choses en seraient arrivées à un point où (...) on n’aurait pas pu faire marche arrière », a-t-il dit. L’Iran a abattu jeudi un drone Global Hawk qui, a-t-il assuré, avait violé son espace aérien, une version des faits contestée avec force par les États-Unis.

Ce dernier développement a provoqué un nouvel accès de fièvre entre les deux ennemis, et Téhéran a averti qu’il se défendrait en cas d’« agression ». L’administration Trump mène une politique de « pression maximale » pour pousser l’Iran à réduire encore davantage ses ambitions nucléaires et limiter son influence régionale. « Je ne suis pas pressé, notre armée est (...) prête et de loin la meilleure au monde », a ajouté le président américain sur Twitter. « L’Iran ne sera JAMAIS autorisé à avoir d’arme nucléaire. »

Dans une claire volonté de reproduire la stratégie utilisée avec la Corée du Nord de Kim Jong-un, le président américain s’est toutefois dit prêt à parler à l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la révolution iranienne, ou au président Hassan Rohani, sans condition préalable. Selon une source iranienne citée par Reuters, Donald Trump a également fait transmettre aux Iraniens un message via le sultanat d’Oman, dans lequel il assure qu’il ne veut pas d’une guerre avec l’Iran et qu’il veut au contraire discuter avec Téhéran de plusieurs sujets. « Il a donné un court délai pour qu’une réponse lui soit donnée, mais dans l’immédiat, notre réponse, c’est qu’il revient à notre guide suprême de se prononcer », a ajouté cette source. L’ayatollah Ali Khamenei s’est dit à plusieurs reprises hostile à des discussions avec Washington. Mais, poursuit une seconde source iranienne, le message de Trump « lui sera transmis pour qu’il prenne une décision ».

« Extrêmement sensible »

M. Trump s’est en outre entretenu hier avec le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammad ben Salmane, dont le pays est un grand adversaire de l’Iran. Et les États-Unis ont demandé la tenue lundi d’une réunion du Conseil de sécurité sur les derniers développements liés à l’Iran, selon des sources diplomatiques.

Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Abbas

Araghchi a fait passer un message « d’urgence » aux États-Unis via la Suisse, disant que son pays « ne cherchait pas la guerre » mais qu’il défendrait « résolument son territoire contre toute agression ». L’ambassade de Suisse à Téhéran représente les intérêts américains en l’absence de relations diplomatiques entre les deux pays depuis 1980.

À Washington, la présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi, a évoqué « une situation extrêmement dangereuse et sensible avec l’Iran ». « Nous devons calibrer une réponse qui désamorce (les tensions) et fasse avancer les intérêts américains, et nous devons être clairs sur la nature de ces intérêts », a-t-elle dit. Dans le même temps, à Téhéran, des Iraniens disaient leur préoccupation.

« Pour moi, la situation est déjà inquiétante, car l’état économique du pays est mauvais, et l’éventualité d’une guerre m’effraie. Mais les Américains ne sont pas partants eux non plus pour une guerre, car nous vivons dans une région particulièrement stratégique », a ainsi jugé Amir, un commerçant interrogé par l’AFP.

Avertissements

La télévision d’État iranienne avait diffusé des images présentées comme étant celles des « débris » du drone détruit, alignés par terre ou sur des présentoirs. « Les débris flottants ont été repêchés par les forces navales et transférés comme vous le voyez à Téhéran », a dit à la télévision le général de brigade Amirali Hajizadeh.

Selon ce chef de la force aérospatiale des gardiens de la révolution, armée idéologique du pays, l’Iran a lancé deux avertissements avant d’abattre le drone.

Face à l’escalade, plusieurs compagnies aériennes comme KLM et Lufthansa ont suivi les compagnies américaines en décidant d’éviter de survoler le golfe d’Oman et le détroit d’Ormuz, point de passage stratégique pour l’approvisionnement mondial de pétrole dans la région du Golfe. M. Trump avait d’abord qualifié jeudi d’« énorme erreur » la frappe iranienne, avant d’évoquer la piste d’une erreur du côté iranien faite par quelqu’un de « stupide », semblant vouloir faire baisser la température.

Les tensions ne cessent de monter depuis le retrait américain en mai 2018 de l’accord international sur le nucléaire iranien suivi du rétablissement de lourdes sanctions américaines contre l’Iran, privant ce pays des bénéfices économiques qu’il escomptait de ce pacte. Elles se sont intensifiées avec de récentes attaques contre des pétroliers dans la région du Golfe, imputées par Washington à Téhéran qui a démenti. Les États-Unis viennent de renforcer davantage leur dispositif militaire au Moyen-Orient, alors que de nouvelles frictions sont à prévoir avec l’annonce par l’Iran que ses réserves d’uranium enrichi dépasseraient à partir du 27 juin la limite prévue par l’accord nucléaire.

Sources : agences

Donald Trump a affirmé hier avoir annulé à la dernière minute des frappes contre l’Iran pour éviter un bilan humain dramatique, tout en maintenant ses menaces de représailles contre Téhéran qui a abattu un drone américain.Dans une démarche surprenante de la part d’un président des États-Unis, l’ancien homme d’affaires a fait, dans une série de tweets matinaux, le récit...

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