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Liban - Université publique

Les enseignants de l’UL déterminés à poursuivre la grève

Les grévistes critiquent les réductions annoncées du financement étatique à la Caisse mutuelle.

Le campus de l’UL à Hadeth. Photo DR

Nouveau rebondissement dans le mouvement de grève des enseignants cadrés et titulaires de l’Université libanaise. Malgré une décision du comité exécutif de la Ligue des professeurs à plein temps de suspendre leur mouvement de protestation, « les cours pourraient ne pas reprendre demain jeudi », au sein de la seule université publique du pays qui regroupe 80 000 étudiants. Il semble même qu’une grande majorité d’enseignants aient décidé de « passer outre » la circulaire du président de l’UL, Fouad Ayoub, publiée lundi, qui annonçait « la reprise des cours dans l’intérêt des étudiants… ». C’est ce qu’annonce à L’Orient-Le Jour le président de la Ligue des professeurs à plein temps de l’UL, Youssef Daher, lequel est revenu hier sur sa démission annoncée la veille. Les professeurs universitaires sont donc déterminés, avec le soutien du président de leur ligue, à « maintenir la pression » sur le gouvernement, jusqu’à l’adoption finale du budget à l’examen de la commission parlementaire des Finances et du Budget.

Ils entendent ainsi « protester », explique de son côté le professeur Georges Azzi, membre du comité exécutif de la Ligue des professeurs, « contre les mesures d’austérité constatées dans le projet de budget » et « qui porteront atteinte à leurs acquis sociaux ». « Le gouvernement aurait pourtant dû lutter contre le gaspillage et la corruption », gronde-t-il. « Parmi ces mesures particulièrement, la réduction progressive du financement de l’État à la Caisse mutuelle des enseignants titulaires de l’UL. Une baisse de l’ordre de 20 % par an, qui équivaut à 3 milliards et demi de livres libanaises », précise l’universitaire.

Doubler le budget de l’UL

C’est dans cet état des lieux que les professeurs de l’UL ont formulé une liste de revendications. La première porte sur le budget de l’université. « Il faut doubler le budget de l’UL », martelait le président de la Ligue des professeurs, au moment où il revenait sur sa démission. « Ce budget a été réduit de 330 à 250 millions de dollars depuis six ans, souligne le directeur de la faculté d’information section II, Hani Safi, également contacté par L’OLJ. Une réduction qui nous empêche d’acheter les équipements nécessaires, d’entretenir les bâtiments, de construire de nouveaux campus et d’effectuer des recherches universitaires, sans oublier que nous devons assumer l’augmentation des salaires des fonctionnaires de l’UL depuis 2017, liée à la loi 46. » Les enseignants titulaires dénoncent aussi le fait qu’ils n’ont pas bénéficié de la grille des salaires accordée en 2017 à l’ensemble de la fonction publique, « sous prétexte qu’ils ont obtenu une échelle des salaires en 2011 », alors que les autorités leur ont « reconnu ce droit ». « Nous avons obtenu une augmentation des salaires de 38 % en 2011. Mais en contrepartie, on nous a ajouté 75 heures d’enseignement par an, se désole le professeur Safi. Par contre, la loi 46 a accordé à certains fonctionnaires des augmentations de l’ordre de 120 %. »

Préserver la Caisse mutuelle

C’est la raison pour laquelle ils réclament aujourd’hui « les trois échelons qui (leur) ont été promis », soucieux d’être alignés sur les magistrats. Ils demandent surtout que soit préservée la mutuelle des enseignants titulaires de l’UL, qui leur accorde « des allocations de scolarités (6 millions de livres libanaises par an pour chaque enfant), d’hospitalisation (des soins en première classe pris en charge à 85 %), ainsi qu’une pension de retraite ». Sur ce dernier point, les titulaires de l’université publique réclament que « soit revu à la baisse de 5 ans le nombre d’années d’ancienneté » leur permettant de bénéficier d’une pension équivalente à 85 % de leur salaire, à l’âge de 64 ans.

La classe politique dans sa quasi-totalité ne voit pas d’un bon œil la grève des enseignants titulaires de l’UL qui dure depuis un mois et demi. D’où son empressement à mettre fin à ce « mouvement de protestation qui risquerait de porter atteinte au programme de CEDRE », estime Georges Azzi. Sans oublier que les étudiants risquent de faire les frais de ce mouvement. C’est dans ce cadre que les partis politiques n’ont pas hésité à infiltrer le comité exécutif de la Ligue des enseignants de l’UL. Le 6 mai dernier, les professeurs universitaires de l’UL, réunis en assemblée générale, décrétaient la grève ouverte. Mais c’est le comité exécutif de la ligue qui a annoncé la suspension de la grève, sous la pression politique et contre l’avis de son président, Youssef Daher. « Ce qui est illégal », note ce dernier. Après avoir brièvement démissionné, M. Daher est rapidement revenu sur sa décision. « Je reste à mon poste pour soutenir les enseignants qui veulent exprimer leur mécontentement, car les caisses de retraite sont une ligne rouge », martèle-t-il à L’OLJ.

Nouveau rebondissement dans le mouvement de grève des enseignants cadrés et titulaires de l’Université libanaise. Malgré une décision du comité exécutif de la Ligue des professeurs à plein temps de suspendre leur mouvement de protestation, « les cours pourraient ne pas reprendre demain jeudi », au sein de la seule université publique du pays qui regroupe...

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