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Liban - Commémoration

Que reste-t-il du legs de Samir Kassir ? « Beaucoup »

« Au lieu de sortir du modèle du Hezbollah, on essaie de lui ressembler », dénonce Malek Mroué, compagnon de route du journaliste assassiné.


Samir Kassir était le penseur de l’intifada du 14 Mars qu’il aurait lui-même baptisée de ce nom. Archives L’OLJ

Le 2 juin 2005, Samir Kassir, éditorialiste et politologue, penseur de l’intifada du 14 Mars qu’il aurait lui-même baptisée de ce nom, et fervent défenseur des libertés face à l’appareil policier libano-syrien, est assassiné dans un attentat à la voiture piégée, à Achrafieh. Quatorze ans après sa disparition, alors que le pays s’enlise dans un mouvement de répression des libertés publiques et politiques sans précédent, que reste-t-il de son legs ? « Beaucoup », affirme Malek Mroué, journaliste et compagnon de route de Samir Kassir, soulignant qu’« il nous rappelle qu’il faut lutter pour rétablir la situation qui prévalait en 2005 ».

« Samir a osé. Il a rêvé, insiste-t-il. Il est vrai qu’actuellement la situation est très noire, mais son legs suscite de nouveaux élans. On a réussi une première fois, on peut le faire de nouveau. »

Pense-t-il vraiment qu’un 14 Mars peut être réédité ? « Le 14 Mars est le fruit d’un élan populaire et non celui d’hommes politiques, répond M. Mroué. Ce qui se passe aujourd’hui dans le pays n’est pas normal et ne peut pas durer. Nous sommes dans une situation qui est pire que celle par laquelle nous sommes passés lors de la mainmise syrienne sur le pays, parce qu’à l’époque, la répression était commise par un régime étranger qui agissait de la même façon avec son peuple. Or aujourd’hui, ce sont les Libanais qui pratiquent cette répression en prenant pour modèle le Hezbollah. Au lieu de penser à la façon de sortir du modèle du Hezbollah, on essaie de lui ressembler. L’acquittement de (l’ancienne directrice du bureau de lutte contre la cybercriminalité au sein des Forces de sécurité intérieure) Suzanne el-Hajj en est un parfait exemple. Malgré la fabrication du dossier (contre le dramaturge Ziad Itani), elle a été innocentée dans le cadre d’un règlement de comptes politique. »

Pour Malek Mroué, les partis « confessionnels » qui sont au pouvoir aujourd’hui concluent « des marchés » comme du temps des enlèvements durant la guerre. À une différence près, c’est qu’actuellement « c’est au sein de l’État que ces marchés sont conclus et à travers le système judiciaire ».

Le journaliste n’exclut pas un éventuel nouveau 14 Mars. « À l’époque, une grande cause avait réuni les Libanais, celle de l’assassinat de (l’ancien Premier ministre) Rafic Hariri, avance-t-il. Il est sûr qu’un événement de cette envergure – probablement d’ordre économique – rassemblerait les Libanais de nouveau et les pousserait à réfléchir. » Il explique dans ce cadre que l’effondrement économique par lequel passe le pays ne peut plus durer. « Le Liban est presque en faillite et il n’y a pas de soutien étranger, constate-t-il. Cela ne peut pas durer. »


(Lire aussi : Samir Kassir : chronique d’un assassinat progressif)


Hommages
Hier, un hommage a été rendu à Samir Kassir par le Premier ministre Saad Hariri. Sur son compte Twitter, il a affirmé que quatorze ans après son assassinat, « son souvenir est un témoignage annuel du fait que la rencontre entre les valeurs de liberté, de démocratie et d’arabité est l’un des sens profonds du Liban et l’une des raisons de sa singularité dans la région ». « Des valeurs matérialisées par la révolution du Cèdre et pour lesquelles des héros comme Samir ont payé le prix », a-t-il poursuivi.

De son côté, le député de Zghorta Michel Moawad a écrit sur son compte Twitter : « Comment puis-je oublier le jour de ton assassinat, alors que je t’attendais à déjeuner à Zghorta ? Comment puis-je oublier nos aventures dans la lutte contre le régime policier qui a eu raison de toi. Le printemps du Liban ne peut fleurir sans tes articles et ta lutte en faveur de la liberté, de la souveraineté et de l’indépendance. »


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