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À La Une - algérie

Forte mobilisation à Alger malgré des arrestations

Les Algériens rejettent l'offre de dialogue formulée par le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah. 

Des Algériens manifestent à Alger pour réclamer un changement de régime politique, le 31 mai 2019. AFP / RYAD KRAMDI

Les manifestants ont défilé en masse vendredi dans plusieurs villes d'Algérie, pas découragés par les nombreuses arrestations matinales, et ont rendu hommage à un militant des droits humains mort en détention, accusant le pouvoir d'être responsable de son décès.

Lors de ce 15e vendredi consécutif de rassemblements contre le régime algérien, ils ont également rejeté l'offre de dialogue formulée dans la semaine par le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah. Ce vendredi était le dernier du mois musulman de ramadan, durant lequel la mobilisation n'a pas faibli malgré la chaleur et la fatigue due au jeûne quotidien du lever au coucher du soleil.

Les rues du centre d'Alger étaient à nouveau noires de monde et l'imposant cortège s'étirait dans plusieurs rues autour de la Grande Poste, point de ralliement des manifestations hebdomadaires depuis le premier vendredi de contestation, le 22 février.

Impossible à évaluer en l'absence de décompte officiel, la foule a semblé particulièrement nombreuse dans la capitale algérienne, trois jours après le décès en détention de Kamel Eddine Fekhar, un militant de la cause mozabite, une minorité berbérophone d'Algérie. De nombreux slogans et banderoles lui ont rendu hommage.

Des rassemblements de grande ampleur ont aussi eu lieu à Oran, Constantine et Annaba, 2e, 3e et 4e villes du pays, selon des journalistes locaux, et dans d'autres villes algériennes, d'après les médias et les réseaux sociaux.

Les manifestants se sont progressivement dispersés en fin d'après-midi sans incident à Alger et dans le reste du pays.


(Lire aussi : Une présidentielle le 4 juillet est-elle encore possible en Algérie ?)


"Gang"

La police avait procédé dans la matinée à l'arrestation systématique des passants dans les rues encore peu animées du centre d'Alger. Une journaliste de l'AFP a vu une cinquantaine de personnes, essentiellement des jeunes hommes, être interpellées sans raison apparente et embarquées dans au moins quatre fourgons quittant les lieux une fois pleins.

Les manifestations, strictement interdites à Alger depuis 2001, ont été jusqu'ici largement tolérées par la police, qui se contente habituellement de contenir le défilé dans un périmètre défini. Les arrestations se sont faites plus rares à mesure que la foule grossissait dans le centre-ville.

"Pas d'élections avec le +gang+" au pouvoir, "Pas de dialogue avec le gang et le pouvoir", ont martelé les manifestants, qui qualifient d'"issaba" ("gang") les dirigeants déjà en place sous la présidence d'Abdelaziz Bouteflika, contraint le 2 avril à la démission par la rue.

Massivement rejetée par les manifestants et sans candidat sérieux déclaré, la présidentielle prévue le 4 juillet pour élire son successeur apparaît de plus en plus compromise.

Le Conseil constitutionnel doit se prononcer avant le 5 juin sur la validité des deux seuls dossiers de candidature déposés, mais il semble peu probable qu'ils remplissent les conditions requises, notamment les parrainages de 600 élus ou de 60.000 électeurs.

Le scrutin a pour seul objectif le maintien du "système" au pouvoir, estime le mouvement de contestation inédit qui réclame au préalable le départ de tous les dirigeants actuels ayant participé au régime de M. Bouteflika, parmi lesquels le général Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée depuis 2004.

Devenu le véritable détenteur du pouvoir depuis le départ de M. Bouteflika, le général Gaïd Salah a réclamé cette semaine des "concessions mutuelles" dans le cadre d'un "dialogue" dont il n'a pas défini les formes. Il a continué de réclamer une présidentielle "dans les plus brefs délais", sans évoquer la date du 4 juillet.


(Lire aussi : Confusion autour de la tenue de la présidentielle en Algérie)


"Pouvoir assassin!"

"Gaïd Salah, dégage!" lui ont répondu les manifestants à Alger. "Ni dialogue, ni élections, mais une (Assemblée) constituante", pouvait-on lire sur une pancarte. "Pouvoir assassin!", a aussi scandé la foule à l'unisson à la fin d'une minute de silence observée par le cortège à Alger à la mémoire du militant Kamel Eddine Fekhar. "Quelle honte, l'Etat a tué Fekhar!", ont également clamé les manifestants.

Fekhar observait une grève de la faim depuis son placement en détention préventive le 31 mars pour "atteintes aux institutions". Il avait auparavant purgé deux ans de prison (2015-2017) pour "atteinte à l'autorité de l'Etat", accusé d'être à l'origine de violences ayant éclaté en 2015 dans la région du M'zab (centre).

Amnesty International a qualifié son décès de "honte" pour l'Algérie, affirmant que son emprisonnement "arbitraire et illégal" était lié à ses seules publications d'opinions les réseaux sociaux.






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