Film : Tadmor / Borgmann et Slim
Réalisé par Lokman Slim et Monika Borgmann, les fondateurs de l’ONG Umam, Tadmor – en référence à l’une des plus terribles prisons du régime Assad située à Palmyre – décrit le quotidien et l’horreur vécus par les prisonniers politiques incarcérés dans ce lieu. Les acteurs du film sont d’anciens détenus, 23 Libanais et un Palestinien, relâchés par le régime syrien au lendemain de la mort de Hafez el-Assad en 2000. Pour se réapproprier ce chapitre sombre de leurs existences et le dépasser, ils reconstituent Tadmor dans une école abandonnée près de Beyrouth. En endossant cette fois le rôle des « victimes » et celui des « bourreaux ». Un film dur, dont on ne sort pas indemne. Le 29 mai au cinéma Montaigne à 19h, dans le cadre d’un colloque de l’IFPO (Institut français du Proche-Orient) et le 15 juin à 17h au Metropolis, dans le cadre du festival Beyond Limits, du Heinrich-Böll-Stiftung Middle East.
Monologue : Orgasm System Error / Studio Zoukak
Tout en promenant un faux clitoris en laisse sur les airs de la chanson Who Let the Dogs Out, la comédienne française Claire Deguernel slalome entre les tabous et les interdits. Dans O.S.E. : Orgasm System Error, monologue présenté ce samedi soir et demain dimanche 26 mai au théâtre Zoukak, l’actrice et sa metteuse en scène libanaise Patricia Nemmour livrent une ode au plaisir, à la masturbation et à l’autonomie sexuelle, avec humour et pédagogie.
Le scénario est simple : Mélusine découvre l’orgasme à 38 ans. Elle cherche à reproduire l’expérience une deuxième fois, mais les obstacles se multiplient... Travaillant jusque-là dans l’humanitaire et résidant au Liban depuis quatre ans, Claire Deguernel, 40 ans, a écrit une première version de la pièce après un atelier de théâtre animé par Patricia Nemmour, 41 ans. Sans vulgarité, l’actrice et sa metteuse en scène présentent les barrières au plaisir sexuel : les préjugés, les principes religieux, la pression sociale.
CD : Christophe etc. / Christophe (et autres)
Trois ans après la sortie de son épatant Les Vestiges du chaos, on apprenait (il y a quelques mois) que Christophe s’apprêtait à publier Christophe etc., le premier volume d’un album de reprises de ses chansons en… duos. À cette nouvelle, on pourrait d’abord craindre le pire : pourquoi le chanteur s’abonnerait-il au club des reprises? Et, surtout, quel serait le résultat de confier ses chansons, Succès fou, Petite fille du soleil, Les mots bleus ou J’lai pas touchée, a priori inchantables par d’autres, aux mains d’un casting regroupant le meilleur comme le pire, à savoir Camille, Sébastien Tellier, Étienne Daho, la Libanaise Yasmine Hamdan ou encore Eddy Mitchell et Raphaël. Dès la première écoute, les écarts entre les chansons se confirment, selon, bien sûr, la personne faisant face à M. Bevilacqua. Mais, cela dit, on est heureux de découvrir ces titres qui, par magie, font peau neuve tout en conservant ce petit quelque chose christophien qui hérisse les poils et fait scintiller le cœur…
Séries : Saisons estivales / Netflix et Hulu
Les séries prennent de l’ampleur et de la longueur. Trois nouvelles saisons très attendues sont prévues pour l’été 2019. D’abord The Handmaid’s Tale (saison 3) avec Elisabeth Moss que l’on verra en rébellion contre ses tortionnaires qui ne l’ont pas épargnée lors des deux saisons précédentes. Comment va-t-elle s’y prendre pour se dresser contre ses agresseurs ? Ensuite The Crown, où deux nouvelles saisons sont prévues mais aussi un changement de casting. La reine prend de l’âge et Claire Foy se verra remplacée par Olivia Coleman, qui n’en est pas à son premier rôle de tête couronnée (Oscar de la meilleure actrice pour The Favorite). Et enfin Stranger Things. Sensation de l’année 2016 sur Netflix, Stranger Things reviendra cet été avec une saison 3 en dix épisodes que les fans attendent avec impatience. On ne connaît pas grand-chose de l’intrigue de ce nouveau chapitre, si ce n’est que l’histoire se déroulera en 1985, soit un an après les événements de la saison 2.
Musique : Anastasya Petryshak / Vivaldi
Son archet virtuose pour le concerto de Paganini a médusé la salle de l’auditorium Émile Boustani en mars dernier au festival al-Bustan. Blonde comme un épi d’or, des yeux verts en amande, une taille d’elfe pour un corps longiligne, Anastasya Petryshak, violoniste ukrainienne de vingt-cinq printemps, est au top des interprètes de la boîte magique. On la retrouve aujourd’hui dans les bacs avec un CD chez Sony pour faire vibrer toutes les saisons de Vivaldi. Mais aussi pour donner vie aux superbes mélodies du prêtre roux de la Sérénissime avec des pages du concerto Amato Bene et du concerto 342, une première mondiale, car enregistré pour la première fois. Pour donner la réplique à la talentueuse soliste, l’Orchestre national de l’académie Santa Cecilia dirigé par maestro Luigi Piovano.
Roman : Les Gratitudes / Delphine de Vigan
Se plonger dans l’univers de Delphine de Vigan a toujours quelque chose qui tient du rituel. On prend le temps de découvrir ses mots, de vivre un moment chargé émotionnellement. Pour les fans de l’auteure, Les Gratitudes, paru aux éditions JC Lattès, livre tout en délicatesse un témoignage sur cette partie de la vie qu’on ne raconte pas. Le grand âge, ce naufrage impitoyable qui réduit de manière irréversible jusqu’à l’élégance de la mémoire et des mots.
Michka doit partir en maison de retraite. Elle perd ses mots et sa vie est désormais restreinte. Mais il y a Marie, sa voisine, et Jérôme l’orthophoniste, accompagnateurs d’une mise à nu des plus poignantes. Et puis il y a ces gestes et ces aveux pas toujours adroits qui en disent long sur la nécessité de savoir exprimer sa gratitude.
Exposition : Mazen Rifai / Galerie Agial
Pousser la porte de la galerie Agial (rue Abdel Aziz) et laisser derrière soi le brouhaha de la ville, son agitation, sa pollution, pour pénétrer dans un monde de silence, de contemplation et de pure beauté… Poser son regard sur les toiles accrochées aux cimaises et se laisser emporter vers la Békaa. S’immerger dans ses étendues de plaines variant au fil des saisons, son ciel ouvert à perte d’horizon, ses jours à la luminosité intense et ses nuits d’un bleu profond… Et se laisser envoûter par la subtile et si forte évocation de ces paysages aux alentours de Baalbeck que ne se lasse pas de célébrer Mazen Rifai. Dans cette nouvelle cuvée d’acryliques en moyen et petit format, l’artiste et architecte, natif de la région, s’affranchit encore plus de la réalité chromatique, purifie encore plus le trait pour atteindre l’abstraction, mais reste fidèle à cette obsession du thème de la plaine libanaise et de son rapport à la lumière… À voir jusqu’au 8 juin.
Théâtre : Improvisations / Rooftop de Zico House
Laisser libre cours à son imagination et dépasser sa timidité, sur le Rooftop de Zico House, le mercredi 29 mai, à 22h30. Cette séance d’improvisation théâtrale, à l’initiative du collectif libanais Laban-Live Lactic Culture, se fera autour du nom d’un film suggéré par les participants, mais un film qui n’a jamais existé et qui ne sera sans doute jamais filmé. Ce sera une expérience théâtrale unique, promettent les organisateurs qui veulent promouvoir, à travers ce genre de manifestation, l’art de l’improvisation. À signaler qu’un playshop d’improvisation (« nous préférons les appeler ainsi car ils sont tellement plus amusants que les workshops et beaucoup plus utiles », affirme le collectif) est prévu sur une durée de quatre mois à partir du 17 juin. Il est ouvert aux acteurs, metteurs en scène, écrivains, artistes, curieux et enthousiastes. Le collectif reçoit les demandes de participation avant le 5 juin. E-mail : labanimprov@gmail.com. Tél. : +961/71/880564.
Très belle sélection accompagnée de commentaires critiques très intéressants. Pourquoi on n'y a pas droit plus souvent en cours de semaine?
09 h 42, le 25 mai 2019