Rechercher
Rechercher

Liban - Austérité

Nouvelle journée de contestation sociale aujourd’hui

Un sit-in des différentes entités s’opposant à la politique du gouvernement est prévue place Riad el-Solh, les auxiliaires de justice sont en grève ouverte et les enseignants menacent de recourir à l’escalade.

Des militaires à la retraite ont installé vendredi, place Riad el-Solh, une tente en signe de protestation contre les mesures d’austérité annoncées dans le budget de l’État pour l’année en cours. Photo ANI

Une nouvelle journée d’escalade sociale est annoncée pour aujourd’hui. Elle sera marquée principalement par un sit-in à partir de 14h, place Riad el-Solh, auquel ont appelé l’ensemble des organisations syndicales de la fonction publique, ainsi que celles regroupant les enseignants des deux secteurs public et privé, le comité des enseignants contractuels de l’enseignement de base public, le Comité de coordination intersyndical et les militaires à la retraite (qui avaient dressé sur place une tente de sit-in permanent vendredi). Cette action s’inscrira dans le prolongement des mouvements de protestation menés parallèlement aux discussions autour de l’avant-projet de budget 2019. Le sit-in devrait – vu les appels à la participation lancés durant le week-end par les différentes parties concernées par la politique d’austérité du gouvernement – mobiliser un grand nombre de protestataires et constituer un prélude aux mesures d’escalade que les parties concernées ont l’intention d’adopter si leurs doléances ne sont pas prises en compte.Des rassemblements similaires sont aussi prévus au Liban-Sud, dans la cour du sérail de Saïda, à l’appel de la Ligue des fonctionnaires. Et dans la Békaa, le conseil exécutif du syndicat des employés et ouvriers des eaux a décrété une journée de grève.

Aujourd’hui donc, à l’appel de leur syndicat, les enseignants des écoles privées ne devraient pas se rendre dans leurs classes. Les écoles ont toutefois affirmé qu’elles ouvriront leurs portes, alors que les ligues des enseignants dans ces établissements se sont divisées entre celles qui n’observeront pas la grève, celles qui répondront présent à l’appel lancé par le syndicat et celles enfin qui travailleront une demi-journée, pour pouvoir participer plus tard au sit-in.

Si les enseignants des secteurs privé et public étaient mobilisés au départ pour protester contre une éventuelle modification de la loi 46 sur la grille des salaires, ceux du privé sentent venir la menace de la dissociation de la législation. En vertu de cette proposition, formulée par le chef du CPL, Gebran Bassil, les enseignants du privé et du public ne seraient plus régis par la même loi, notamment pour ce qui est de la grille des salaires. Cette mesure s’inscrit dans le cadre de celles proposées récemment par M. Bassil pour réduire le déficit public en intervenant sur les retraites, les allocations sociales, les salaires, le service de la dette, l’évasion fiscale et la contrebande, les dépenses courantes et les recettes fiscales.

« M. Bassil a ouvertement parlé de la dissociation de la législation, mais c’est l’avis de plusieurs parties et tendances politiques, mais aussi religieuses (en allusion au patriarche qui s’est prononcé en faveur d’une telle mesure dans l’une de ses homélies) », affirme à L’Orient-Le Jour Rodolphe Abboud, président du syndicat des enseignants des écoles privées. « Nous craignons qu’on essaie de passer cette mesure dans le cadre des discussions menées en Conseil des ministres, alors qu’elle n’a aucune retombée financière (sur le déficit public) puisqu’elle concerne les écoles privées uniquement », poursuit-il.

« Cette législation ne peut pas être dissociée en l’absence d’un cadre législatif puisqu’elle ne concerne pas uniquement les salaires, mais d’autres lois relatives à la classification, aux diplômes requis, à la caisse mutuelle, aux congés, à la conclusion des contrats, etc. », constate encore M. Abboud.


(Lire aussi : Budget 2019 : plusieurs propositions de Bassil examinées et adoptées)


Le spectre de l’escalade
Pratiquement, si cette mesure est adoptée, « un contrat de travail devrait régir la relation entre les établissements pédagogiques et le syndicat des enseignants », note M. Abboud. « Or le syndicat n’a pas un cadre juridique qui lui permet de signer un contrat au nom de tous les enseignants, d’autant que nous ne sommes pas un ordre, ajoute-t-il. De plus, la Ligue des institutions pédagogiques privées n’englobe pas toutes les écoles, sachant qu’elle n’a pas de pouvoir sur celles qui sont déjà membres au point de leur imposer un contrat. »

Et M. Abboud d’insister : « L’enseignement est le seul secteur au Liban à compter une entité similaire dans le public. Ce sont les mêmes programmes et les mêmes examens officiels qui sont adoptés dans les deux secteurs. La dissociation de la législation signifierait-elle le recours également à des examens et des programmes différents ? »

Pour le président du syndicat des enseignants du privé, « la question est très complexe et ne peut être résolue en une séance du Conseil des ministres ». « Ce système est en vigueur depuis soixante-dix ans », rappelle-t-il. Brandissant le spectre de l’escalade, M. Abboud fait remarquer qu’une telle mesure mènerait sûrement au « chaos ». « Déjà, les lois en vigueur accordent aux établissements privés un pouvoir sur les enseignants, déplore-t-il. Si on se dirige vers des contrats libres, ceux-ci seront conclus entre deux parties qui n’ont pas la même force. » M. Abboud, qui a été reçu hier par M. Bassil à qui il a exposé la problématique que pose une telle mesure, confie que ce dernier a promis de ne pas « discuter de ce dossier dans la séance du Conseil des ministres aujourd’hui ».


(Lire aussi : Budget 2019 : Khalil affirme avoir revu les chiffres)


Nazih Jebbaoui, président de la Ligue des enseignants du secondaire dans les écoles publiques, affirme lui aussi à L’OLJ que la dissociation de la législation « porte atteinte aux droits et acquis des collègues du secteur privé qui seront sous l’emprise des directions des écoles privées ». « Nous soutenons leurs revendications dans ce cadre », assure-t-il, soulignant que le sit-in sera suivi d’une réunion pour décider des mesures (d’escalade) à prendre.

Le ministre de l’Éducation, Akram Chehayeb, s’est également déclaré opposé à une telle mesure. Dans un communiqué, il a souligné que « les problèmes relatifs à la loi 46 doivent être soulevés dans le cadre d’un dialogue qui préservera les droits des enseignants ».

La dissociation de la législation a également été critiquée par Nehmé Mahfoud, ancien président du syndicat des enseignants des écoles privées, qui a souligné dans une déclaration que « les revendications des enseignants du privé ne doivent pas être exploitées politiquement ».

Par ailleurs, les auxiliaires de justice ont annoncé le recours à la grève ouverte à partir d’aujourd’hui dans l’ensemble du pays. Dans un communiqué, ils ont affirmé qu’ils n’admettront aucun recours à l’exception des questions liées aux délais et aux arrestations.



Lire aussi
Budget 2019 : Bassil et Hasbani contraignent Khalil à revoir sa copie

Aoun appelle à mettre fin aux sit-in, aux grèves et aux manifestations

« Nous arrivons à peine à boucler le mois », lancent, devant la BDL, les militaires à la retraite

Examen du budget : des signaux négatifs sont envoyés à l’Occident

Une nouvelle journée d’escalade sociale est annoncée pour aujourd’hui. Elle sera marquée principalement par un sit-in à partir de 14h, place Riad el-Solh, auquel ont appelé l’ensemble des organisations syndicales de la fonction publique, ainsi que celles regroupant les enseignants des deux secteurs public et privé, le comité des enseignants contractuels de l’enseignement de base...

commentaires (2)

L,HEBETUDE NE DESARME PAS OU 3ALA MAWALA MEME SI LE PAQUEBOT LIBAN CHAVIRE. AUCUN SENTIMENT FUT-CE MINIME DE PATRIOTISME.

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 07, le 20 mai 2019

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • L,HEBETUDE NE DESARME PAS OU 3ALA MAWALA MEME SI LE PAQUEBOT LIBAN CHAVIRE. AUCUN SENTIMENT FUT-CE MINIME DE PATRIOTISME.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 07, le 20 mai 2019

  • C’est très bien. Tout le monde s'accorde pour dire que le pays est au bord de la faillite, mais personne ne veut contribuer aux mesures d’austérité. OK. Ne faisons rien, laissons le pays sombrer, ce qui permettra de remettre les pendules à l’heure et de repartir à zéro comme en 1990. Tout le monde à la rue (et non pas dans la rue), les privés comme les fonctionnaires d’Etat, et que les meilleurs s’en sortent. Ça s’appelle la sélection naturelle. Puis viendra l’heure des regrets: on aurait dû, on aurait pu, ... mais il sera trop tard. Voila. Bonne semaine quand même.

    Gros Gnon

    11 h 15, le 20 mai 2019

Retour en haut