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Culture - Écrans du réel

En attendant le visa, documentaire en huis clos

La réalisatrice Angie Obeid filme sa cohabitation avec Nuhad, syrienne, quinquagénaire et réfugiée, dans son premier long métrage, « I Used to Sleep on the Rooftop ».

« I Used to Sleep on the Rooftop », de Angie Obeid.

« Balance : vous voyagez à l’étranger avec aisance », annonce l’horoscope à Nuhad Alkhoury, réfugiée syrienne hébergée à Beyrouth par la réalisatrice libanaise Angie Obeid. De cette cohabitation, cette dernière a tiré son premier long métrage, le documentaire I Used to Sleep on the Rooftop, produit en 2017 et diffusé dans le cadre du festival Écrans du réel au cinéma Metropolis.

Le film est né spontanément : Angie, 27 ans, accueille provisoirement Nuhad, syrienne de 53 ans et maman d’un ami. Dans l’appartement beyrouthin, les deux femmes se rapprochent.

Nuhad se montre avec aisance et confiance face à la caméra. Sa vie quotidienne s’étale en gros plans : ses mimiques au téléphone, son corps allongé derrière le ventilateur pendant une sieste sur la terrasse, ses pieds qui nettoient le sol de la cuisine.

Angie Obeid tourne dans la maison, en un huis clos expectatif. Nuhad attend un visa pour l’Europe, l’Allemagne en particulier ; Angie espère partir étudier à l’étranger. Nuhad et elle partagent repas, chambre et ennui. Nuhad fait passer le temps à grands coups de balais. « Combien de fois as-tu nettoyé la pièce aujourd’hui ? » lui demande Angie. « Je m’amuse avec l’eau », lui répond Nuhad. Difficile de traiter de l’attente sans la faire sentir : le film souffre de quelques longueurs.

En seulement une heure, Angie Obeid parvient toutefois à brosser un portrait intime et original de Nuhad, qui tranche avec les représentations médiatiques habituelles des réfugiés.

L’actualité surgit tout de même dans le film, par touches, quand Nuhad la lit ou la regarde. Le visage illuminé par son écran, la quinquagénaire rit devant les informations : le ministre syrien des Affaires étrangères invite la population syrienne à revenir au pays pour fuir les violences en Hongrie.

Le film d’Angie Obeid, qui a gagné la mention spéciale de la sélection Premier film au Festival international de cinéma de Marseille en 2017, se démarque aussi des nombreux documentaires tournés sur les réfugiés syriens. Parmi ceux-ci, Watani : My Homeland, réalisé en 2016 par l’Allemand Marcel Mettelsiefen et nommé aux oscars, suivait une famille fuyant Alep et s’installant en Allemagne. Ou encore 4.1 Miles, documentaire de 2016 de la Grecque Daphne Matziaraki et également nommé aux oscars, montre le travail d’un garde-côte grec chargé de secourir les migrants en mer. Dans I Used to Sleep on the Rooftop, Angie Obeid se concentre quant à elle sur un moment pivot dans la vie de Nuhad. Elle a fui la Syrie pour le Liban, comme 1,3 million de Syriens. Mais elle n’est pas encore reconnue officiellement comme réfugiée.

Il manquerait peut-être une contextualisation : les parcours respectifs des deux femmes demeurent inconnus au spectateur. Nuhad affirme fuir la guerre, mais aussi sa maison. Quelles sont ses relations avec sa famille, que l’on ne perçoit que par des bribes de conversations téléphoniques ? Quelle était sa situation en Syrie ? Que deviennent-elles à l’issue de leur cohabitation ? Peu de réponses sont apportées. Pour répondre à l’incertitude, reste l’horoscope et l’alignement de Jupiter et Saturne.


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