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À La Une - Contestation

Premier vendredi de manifestations en Algérie depuis le début du jeûne de ramadan

"Dégage Gaïd! Dégage Bédoui! Dégage Bensalah!", scandent les manifestants à l'adresse du général Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée et de facto homme fort du pays depuis la démission le 2 avril, et à l'adresse du président Abdelaziz Bouteflika, du Premier ministre Noureddine Bedoui et du chef de l'Etat par intérim Abdelkader Bensalah.

Des manifestants algériens, drapeaux à la main, dans une rue d'Alger, le 10 mai 2019, pour protester contre le pouvoir en place. Photo AFP / RYAD KRAMDI

Les Algériens ont manifesté, sans incident, pour un 12e vendredi consécutif, le premier depuis le début du ramadan, un mois de jeûne durant lequel la fatigue accumulée est susceptible d'entamer la mobilisation contre le régime et contre l'élection présidentielle prévue début juillet.

La quasi-totalité des Algériens observent strictement les prescriptions religieuses, en s'abstenant notamment durant cette période de manger, boire et fumer entre le lever -vers 04H00 (03H00 GMT) du matin- et le coucher du soleil, vers 19H45.

Difficile à évaluer en l'absence de chiffres officiels, la mobilisation est restée très forte à travers l'Algérie, théâtre depuis le 22 février d'un mouvement inédit de contestation du pouvoir.

A Alger, la foule était dense, tout en paraissant légèrement en baisse. Le cortège s'est ébranlé peu après la fin de la grande prière hebdomadaire, sous un ciel ensoleillé et 30 degrés.

Les rues autour de la Grande Poste, bâtiment emblématique du centre d'Alger devenu le point de ralliement des manifestations, étaient noires de monde avant que les marcheurs se dispersent dans le calme en fin d'après-midi, a constaté une journaliste de l'AFP sur place.

"Dégage Gaïd! Dégage Bédoui! Dégage Bensalah!", ont scandé les manifestants à l'adresse du général Ahmed Gaïd Salah -chef d'état-major de l'armée et de facto homme fort du pays depuis la démission le 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika-, du Premier ministre Noureddine Bedoui et du chef de l'Etat par intérim Abdelkader Bensalah.


(Lire aussi : Que cachent les trois arrestations dans le clan Bouteflika ?)

"Pas une caserne"

"Il fait très chaud, c'est difficile de marcher quand on ne peut pas boire d'eau", confie Samir Asla, 58 ans. Baya, 41 ans, est venue avec ses deux filles adolescentes, car elle "avait peur que les gens ne sortent pas à cause de la chaleur et du ramadan".

La mobilisation a été forte et stable à Oran, Constantine et Annaba, 2e, 3e et 4e villes du pays, ainsi qu'à Tizi Ouzou dans la région de Kabylie (nord), ont rapporté à l'AFP des journalistes sur place.

L'agence de presse officielle APS a recensé des manifestations dans au moins 31 des 48 régions du pays. Manquent notamment les régions du Sud saharien du pays, où les températures avoisinent les 40 degrés durant la journée.

Selon le site d'information TSA et les réseaux sociaux, des marches importantes ont notamment été recensées à Béjaia et Bouira, en Kabylie, à Borj Bou Arreridj, Sétif, M'sila, Batna, Saida, Oum El Bouaghi et Sidi Bel Abbes (entre 150 et 400 km au sud-est d'Alger), Tiaret, Relizane, Mostaganem et Tlemcen (entre 200 et 450 km au sud-ouest) ou Médéa (60 km au sud).

Pour la première fois depuis un mois, la télévision publique n'a pas diffusé d'images en direct des manifestations.

Un temps vu comme un allié du mouvement de contestation inédit, quand il a contraint M. Bouteflika à démissionner le 2 avril après 20 ans au pouvoir, le général Gaïd Salah a été, comme la semaine précédente, particulièrement visé par les manifestants.

L'Algérie "est une République, pas une caserne", "l'armée est notre armée et Gaïd nous a trahis", ont-ils martelé, reprochant au patron de l'armée de leur imposer le processus de transition actuel, mené par d'ex-proches de M. Bouteflika, et notamment une élection présidentielle le 4 juillet pour lui élire un successeur.

Le mouvement de contestation refuse que ce scrutin soit organisé par les structures et personnalités de l'appareil laissé derrière lui par M. Bouteflika, incarné notamment par MM. Bensalah, Bedoui mais aussi par le général Gaïd Salah, durant des années fidèles du chef de l'Etat jusqu'à sa démission.


(Pour mémoire: Le puissant frère de Bouteflika et deux ex-patrons du renseignement incarcérés)



Lutte de clans?

La semaine écoulée a été marquée par de nouvelles arrestations. Après celle de plusieurs riches hommes d'affaires accusés de malversations, l'incarcération dans la semaine de Saïd Bouteflika, longtemps considéré comme un tout-puissant "président bis" jusqu'à la démission de son frère Abdelaziz Bouteflika, a été bien accueillie par les manifestants.

Pour de nombreux Algériens, Saïd Bouteflika a joué un rôle crucial dans les efforts pour maintenir son frère au pouvoir, malgré l'AVC dont le président avait été victime en 2013.

Deux anciens patrons des tentaculaires services de renseignements, les généraux Mohamed "Toufik" Mediene et Athmane "Bachir" Tartag, ont aussi été incarcérés. Tous trois sont accusés d'atteinte à l'autorité de l'Etat et complot contre l'armée.

Au sein de la contestation, domine de plus en plus l'impression que ces arrestations --derrière lesquelles beaucoup voient la main du général Gaïd Salah-- sont l'occasion d'une purge au sommet, dans le cadre d'une lutte de clans de l'ancien régime.

Le placement en détention provisoire jeudi de Louisa Hanoune, pasionaria trotskiste et cheffe du petit Parti des Travailleurs (11 députés), a été vu par plusieurs organisations liées à la contestation comme une tentative de l'armée d'imposer par "la force" l'actuel processus de transition.


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