Des civils syriens fuyant, hier, la ville de Saraqib dans la province d’Idleb. Anas al-Dyab/AFP
Les forces du régime syrien ont pris le contrôle hier d’un fief jihadiste dans la province de Hama, d’où des roquettes avaient été tirées sur une importante base militaire russe dans le nord-ouest de la Syrie, selon une ONG.
Depuis fin avril, le pouvoir de Bachar el-Assad et son allié russe ont intensifié leurs bombardements contre le sud de la province d’Idleb et le nord de la région voisine de Hama, des territoires contrôlés par Hay’at Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’el-Qaëda) et d’autres groupes jihadistes.
« Les forces du régime ont conquis la localité de Qalaat al-Madiq, après des bombardements intenses qui ont obligé » les adversaires à s’en retirer, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). « Qalaat al-Madiq était le principal fief des jihadistes et rebelles islamistes dans le nord-ouest de Hama », a précisé à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Cette localité fait partie des secteurs d’où sont généralement « tirées des roquettes sur l’aéroport militaire de Hmeimim », principale base russe en Syrie, située dans la province voisine de Lattaquié, selon l’OSDH. Lundi, la base a été la cible de 36 roquettes, dont la plupart ont été interceptées, selon Moscou. Il n’y a eu ni victimes ni dégâts. Cette base est régulièrement la cible d’attaques de drones, généralement neutralisés.Selon des habitants, les forces du gouvernement syrien ont également pris deux villages voisins : Tal Haouach et al-Karkat. Mercredi, les forces du régime ont repris aux jihadistes la localité Kafr Nbouda dans le nord de Hama, a confirmé le quotidien prorégime al-Watan. Désormais, « les frappes aériennes du régime et de Moscou se concentrent sur la localité de Hobait et la ville de Khan Cheikhoun » dans le sud d’Idleb, selon M. Abdel Rahmane.
Le secteur est pourtant théoriquement protégé par un accord conclu entre la Russie et la Turquie en septembre dernier qui créait une zone démilitarisée. Les frappes des derniers jours sont les plus intenses depuis que Moscou et Ankara, parrain de certains groupes rebelles, ont annoncé l’accord sur une « zone démilitarisée », qui devait séparer les territoires insurgés des zones gouvernementales et garantir un arrêt des hostilités.
Le gouvernement syrien n’a pas parlé d’une offensive contre Idleb, mais l’agence officielle SANA annonce quasi quotidiennement des tirs d’artillerie contre des positions « terroristes ». Les experts n’excluent toutefois pas une opération limitée.
Les derniers bombardements ont fait plus de 80 morts au sein de la population et contraint au départ plus de 150 000 personnes entre le 29 avril et le 5 mai, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies. Une dizaine d’autres établissements de soins et autant d’écoles ont été touchés.
La Syrie est déchirée depuis 2011 par une guerre qui a fait plus de 370 000 morts, poussé à l’exode des millions de personnes et morcelé le pays.
Sources : agences