Nasrallah : Les fermes de Chebaa sont libanaises, tout autre propos n’a aucune valeur

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s’en est pris hier sans le nommer au leader druze, Walid Joumblatt, qui avait déclaré la semaine dernière que les fermes de Chebaa n’étaient pas libanaises. Il a affirmé que l’État libanais « a fait valoir sa souveraineté sur ce territoire, ce qui fait que la Résistance est tenue de le libérer, indépendamment de ce qui se dit à ce sujet ou de la personne qui le dit », en allusion au chef du PSP. Hassan Nasrallah a aussi tiré à boulets rouges sur l’Arabie saoudite, l’accusant encore une fois d’avoir « forgé la pensée jihadiste de Daech » (État islamique) et de « soutenir et de financer le projet qui était derrière les attentats du Sri Lanka », le dimanche des Pâques catholiques, le 21 avril dernier.

Dans un discours qu’il a prononcé lors d’une cérémonie marquant le troisième anniversaire de l’assassinat du commandant du Hezbollah en Syrie, Moustapha Badreddine, le leader chiite a également réitéré ses menaces contre Israël en cas d’une nouvelle offensive militaire contre le Liban.

Moustapha Badreddine, assassiné à Damas en mai 2016, est considéré par l’accusation dans le procès de l’affaire Rafic Hariri, devant le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), à La Haye, comme étant le « cerveau » de l’attentat ayant coûté la vie à l’ancien Premier ministre, le 14 février 2005 à Beyrouth.

« Les États-Unis, ainsi que l’Europe et certains pays du Golfe essaient de créer les conditions pour justifier le lancement d’une offensive israélienne contre le Liban. Aux Libanais, je dis : “Ne laissez personne vous intimider car vous n’êtes pas faibles.” Le Liban est fort et son pouvoir réside dans le triptyque armée-peuple-résistance. Je le redis, toute force israélienne qui entrera au Liban-Sud sera détruite sous les yeux du monde », a déclaré le leader chiite.

« Il s’agit d’un nouvel épisode d’une guerre d’intimidation psychologique menée dans le but de contraindre l’État libanais à faire des concessions en faveur d’Israël sur les dossiers des frontières maritimes et terrestres, ainsi que celui des fermes de Chebaa », a-t-il estimé. « Certains disent que les fermes de Chebaa ne sont pas libanaises, mais l’État revendique sa souveraineté sur ce territoire et cela existe dans les déclarations ministérielles. Cette question est tranchée, indépendamment de ce qui se dit à ce sujet. Pour nous, du moment que le gouvernement et le Parlement affirment que les fermes de Chebaa sont libanaises, le problème ne se pose plus. Tout autre discours, qu’il vienne d’une personne qui croyait en cette cause et qui n’y croit plus, ou d’une autre, n’a aucune valeur. Ceux qui ont changé d’avis ne font ni avancer ni retarder quoi que ce soit », a lancé Hassan Nasrallah.

La semaine dernière, M. Joumblatt avait affirmé dans une interview à Russia Today qu’après la libération du Liban-Sud, en l’an 2000, « des officiers libanais ont entrepris, en collaboration avec la Syrie, de modifier les cartes géographiques pour faire en sorte que les fermes de Chebaa et Wadi el-Aassal (à la frontière avec le Golan) soient intégrés au territoire libanais, afin de garder le prétexte d’une terre occupée qu’il fallait libérer à tout prix ». « Les fermes de Chebaa ne sont pas libanaises. En théorie, c’est nous qui les occupons », avait-il dit.

Sur un autre plan, Hassan Nasrallah a souligné que le groupe État islamique, « qui sert le projet américano-saoudien, continue de constituer une menace ». « Ne pensez pas que Daech est éliminé. Des commandos-suicides pourraient encore frapper en Syrie et en Irak », a-t-il déclaré, avant de reprendre ses violentes attaques contre l’Arabie saoudite. « La pensée de Daech est calquée sur celle des wahhabites qui est forgée en Arabie saoudite et qui est ensuite exportée, grâce à l’argent saoudien, dans tous les pays du monde, à la demande des Américains», a-t-il dit, en indiquant que « la majorité des commandos-suicides dans le monde étaient des Saoudiens ». « Quelqu’un s’est-il posé la question de savoir qui soutient et finance la pensée qui a commis le carnage au Sri Lanka ? N’est-ce pas l’Arabie saoudite ?

Appel aux banques

Sur un autre dossier, Hassan Nasrallah a appelé les formations représentées au gouvernement à mener les discussions autour du budget pour l’exercice 2019 en Conseil des ministres et à les éloigner des polémiques dans les médias. « Ce genre de polémiques risque de compliquer l’approbation du budget », a-t-il déclaré, estimant que « le texte du budget ne contient pas la plupart des mesures d’austérité qui ont filtré ces derniers jours ». « Il y aura des mesures d’austérité mais certains doivent prendre leurs responsabilités », a-t-il ajouté, appelant notamment les banques libanaises à faire preuve de « responsabilité nationale ». « Les banques doivent prendre part à la solution concernant le service de la dette et la baisse des taux d’intérêt . »