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Le roi de Bahreïn fait un geste et rétablit la nationalité de 551 citoyens

Une décision qui intervient quelques jours après des critiques du Haut-Commissariat de l'ONU pour les droits de l'Homme.

Le roi de Bahreïn Hamad ben Issa al-Khalifa. Archives. REUTERS/Peter Nicholls

Le roi Hamad de Bahreïn a ordonné dimanche de rétablir la nationalité de 551 Bahreïnis déchus de leur citoyenneté par des décisions de justice, quelques jours après des critiques du Haut-Commissariat de l'ONU pour les droits de l'Homme.

Le souverain bahreïni, qui peut révoquer des décisions de justice, a demandé aux services compétents de tenir compte dans le choix des bénéficiaires de "la nature des crimes commis", précise une déclaration officielle.

"L'étude et l'évaluation de la situation des condamnés devraient être fondées sur des critères relatifs à la gravité, à l'impact et aux conséquences des crimes, ainsi qu'au danger que le condamné peut représenter pour la sécurité nationale", indique le texte. "Le roi Hamad a demandé au ministre de l'Intérieur d'étudier les décisions de révocation de la citoyenneté et de préparer une liste des bénéficiaires de réintégration", ajoute la déclaration.

Le petit royaume de Bahreïn, proche allié des Etats-Unis et de l'Arabie saoudite, a été accusé de recourir massivement à la déchéance de nationalité dans sa répression contre les opposants, principalement chiites. Des défenseurs des droits humains estiment à 990 le nombre de personnes déchues de leur nationalité pour leur implication dans des troubles depuis 2012 à Bahreïn, pays du Golfe gouverné par une dynastie sunnite.

Mardi, un tribunal à Bahreïn a condamné 138 personnes à des peines allant de trois ans à la prison à vie pour "terrorisme" et les a déchues de leur nationalité à l'issue d'un procès de masse vivement dénoncé par des dissidents et Amnesty International. Les condamnés -des citoyens bahreïnis de confession chiite selon une source judiciaire- faisaient partie d'un groupe de 169 personnes poursuivies pour "formation d'un groupe terroriste" et liens avec les Gardiens de la Révolution en Iran. Il s'agissait du plus grand groupe de personnes à être condamnées et déchues de leur nationalité en un seul procès depuis le début des poursuites judiciaires contre des dissidents chiites, après le mouvement de contestation de 2011, selon le groupe d'opposants Bahrain Institute for Rights and Democracy (BIRD).

Cette décision a été vivement critiquée deux jours plus tard par le Haut-Commissariat de l'ONU pour les droits de l'Homme. "Les condamnations de mardi soulèvent de graves inquiétudes au sujet de l'application de la loi, en particulier pendant ce procès de masse qui n'a apparemment pas bénéficié des garanties de procédure nécessaires à l'organisation d'un procès équitable", a déclaré la Haut-Commissaire, Michelle Bachelet.


(Pour mémoire : Près de 170 Bahreïnis devant la justice pour avoir formé un Hezbollah local)


"Arbitraire"
Le communiqué de l'ONU a rappelé que la déchéance de nationalité "ne doit pas être arbitraire" et ne doit pas être motivée par des "motifs discriminatoires tels que la race, la couleur, le sexe, le langage, la religion, l'opinion politique ou autre, la nationalité ou l'origine sociale".

Selon BIRD, le nombre total de Bahreïnis privés de leur citoyenneté a atteint 990 depuis 2012, dont 180 pour la seule année 2019 (en comptant les condamnés de mardi).

Bahreïn est le théâtre de troubles sporadiques depuis la répression de la contestation de 2011. Les autorités nient toute discrimination envers la majorité chiite et affirment être confrontées à des groupes violents liés à l'Iran voisin qui nie pour sa part les accusations de Manama.

Depuis 2011, les procès d'opposants se sont multipliés et des centaines de dissidents ont été emprisonnés et/ou déchus de leur nationalité Le principal mouvement de l'opposition chiite al-Wefaq a été dissous, ainsi que le groupe d'opposition libéral Waad. La Cour suprême de Bahreïn a confirmé fin janvier la peine de prison à perpétuité infligée au chef d'al-Wefaq, cheikh Ali Salmane, pour "intelligence avec le Qatar".

Une autre figure de l'opposition, le défenseur des droits humains Nabil Rajab, purge une peine de cinq ans de prison pour des tweets dénonçant la guerre au Yémen et des cas présumés de torture dans des prisons bahreïnies.



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