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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Les Arabes israéliens, grands absents des élections

Des placards de la campagne électorale représentant Ahmad Tibi et Ayman Odeh, les têtes de liste de la coalition Hadash-Ta’al, sont visibles dans le village arabe de Kalansawe, dans le nord d’Israël. Photo Reuters

Les Arabes israéliens n’ont pas été au rendez-vous électoral. Alors qu’ils représentent un peu moins de 20 % de la population israélienne et 17 % de l’électorat total, ils n’ont pas traduit cela en poids politique. Les chiffres définitifs ne sont pas encore connus, mais le taux de participation des Arabes israéliens est bien plus bas que lors des dernières élections de 2015, lorsque 63,5 % d’entre eux étaient allés voter. Environ 80 % de ces votants avaient contribué à marquer l’histoire d’Israël et de leur communauté en faisant de la Liste commune, alliance historique des quatre principaux partis arabes du pays, la troisième force politique de la Knesset, le Parlement israélien. Quatre ans, l’éclatement de la Liste commune et plusieurs affronts contre leur communauté plus tard, le professeur et sondeur israélien Camil Fuchs qualifie dans le Haaretz le faible taux de participation de la communauté arabe comme « le plus grand drame » de ces élections. « Drame » dont se félicite la société qui a fourni pour 30 000 dollars américains 1 200 caméras cachées aux observateurs du Likoud dans les bureaux de vote fréquentés par les Arabes. « Grâce à nous, en plaçant des observateurs dans chaque bureau de vote, nous avons réussi à réduire le taux de participation électorale à moins de 50 %, le plus bas de ces dernières années ! » a posté la société de relations publiques Kaizler Inbar sur Facebook.


(Repère : Elections israéliennes : tour d'horizon du nouveau Parlement)


Le plus grand bloc arabe, Hadash-Ta’al, a déclaré au Haaretz que « dès que les caméras ont été découvertes, des émeutes et des affrontements ont interrompu le processus de vote dans certains bureaux ». Selon la formation, « la situation a suscité la peur de nombreux électeurs de se rendre sur les lieux de vote – ce qui était l’intention du Likoud et des cameramen ».

Sans aucun complexe, le Likoud a reconnu et justifié ce fait. Une « source de droite » a déclaré au Haaretz que « la mesure visait à préserver la pureté des élections et à assurer que Balad-Ra’am », l’une des deux listes arabes, « ne franchira pas le seuil électoral par des falsifications ». Le jour du vote, en fin d’après-midi, alors que le taux de participation des Arabes était estimé à 25 %, le chef du Hadash, Ayman Odeh, a déclaré au Haaretz: « Notre cauchemar, qui correspond au fantasme du Premier ministre, est une Knesset sans représentation arabe et, tout à coup, cela semble réaliste. »


(Lire aussi : Législatives : Netanyahu en route vers un cinquième mandat)


Deux records
La vingt et unième Knesset ne sera finalement pas sans représentation arabe. La coalition Balad-Ra’am aurait obtenu 4 sièges et Hadash-Ta’al 6, dont un député non arabe. Il faut y ajouter la victoire du député Isawi Freige, membre du parti de gauche Meretz.

Le terme « Arabe » fait référence aux Palestiniens restés sur leurs terres à la création de l’État d’Israël en 1948 et qui ont obtenu depuis la citoyenneté israélienne. Mis à part les juifs mizrahim, les Arabes juifs ayant émigré en Israël, il y a donc dix députés arabes à la Knesset, qui sont loin de former un bloc.

Cette débâcle politique des Arabes ne vient pas de nulle part. Ils ont été victimes d’une politique de diabolisation tout au long de la campagne menée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Son principal rival, Benny Gantz, qui aurait obtenu autant de sièges que le Likoud (35 sièges), a pris soin d’assurer qu’une alliance avec les formations arabes ne se ferait pas, contrairement à ce dont il était accusé par M. Netanyahu.


(Lire aussi : Duel Netanyahu/Gantz : « Si quelqu’un veut te tuer, frappe d’abord »)


L’adoption en juillet dernier de la Loi fondamentale définissant Israël comme l’« État-nation du peuple juif », malgré une présence politique arabe historique à la Knesset, a également contribué à la désillusion vis-à-vis de la politique, accentuée par le fait que la Liste commune ait implosé en janvier dernier, n’ayant pas survécu aux divisions idéologiques entre les partis, doublées des tensions liées aux ego des politiciens. Le sentiment décuplé par la loi de l’État-nation d’être des citoyens de seconde zone ne va pas s’apaiser à court terme. Benny Gantz a reconnu sa défaite hier soir. La majorité des formations de droite ont déclaré qu’elles recommanderont au président Reuven Rivlin de nommer M. Netanyahu pour être Premier ministre. La formation raciste Otzma Yehudit, qui soutient la déportation des Arabes « qui ne sont pas loyaux à l’État », l’annexion de la Cisjordanie et la souveraineté israélienne du Jourdain à la Méditerranée devrait faire partie du prochain gouvernement. Outre le record de longévité à ce poste détenu jusqu’ici par David Ben Gourion, ce gouvernement pourrait battre le record du gouvernement le plus à droite, jusqu’ici détenu par… le gouvernement sortant.


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Les Arabes israéliens n’ont pas été au rendez-vous électoral. Alors qu’ils représentent un peu moins de 20 % de la population israélienne et 17 % de l’électorat total, ils n’ont pas traduit cela en poids politique. Les chiffres définitifs ne sont pas encore connus, mais le taux de participation des Arabes israéliens est bien plus bas que lors des dernières élections...

commentaires (1)

Cette élection d'un criminel de guerre est UN NON ÉVÉNEMENT. ARRÊTER DE NOUS SOÛLER AVEC CA SVP.

FRIK-A-FRAK

16 h 39, le 11 avril 2019

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Commentaires (1)

  • Cette élection d'un criminel de guerre est UN NON ÉVÉNEMENT. ARRÊTER DE NOUS SOÛLER AVEC CA SVP.

    FRIK-A-FRAK

    16 h 39, le 11 avril 2019

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