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Économie - Finance

« Netting » : la BDL appelée à communiquer davantage

La Banque centrale a récemment indiqué avoir effectué des ajustements comptables sur son bilan pour se conformer à la réglementation internationale.

La Banque centrale libanaise. Archives L’OLJ

Dans un article publié le 24 mars sur le site d’an-Nahar, l’ancien banquier Dan Azzi a interpellé – sans toutefois tirer de conclusions – la Banque du Liban (BDL) au sujet de la « soustraction » sur son bilan publié mi-mars de 22 milliards de dollars par rapport à celui publié deux semaines plus tôt. Le lendemain, la MTV a diffusé des éléments de réponses fournis par le gouverneur de la BDL, Riad Salamé. Expliquant que les 22 milliards de dollars cités étaient libellés en livres libanaises, le gouverneur a écarté catégoriquement toute erreur ou déséquilibre dans la comptabilité de la banque centrale et attribué les mouvements dans les écritures comptables à une opération de netting imposée par la réglementation internationale. Le gouverneur a en outre assuré que cette opération était purement comptable et ne signifiait pas que 22 milliards avaient disparus de ses caisses, écartant au passage tout impact sur la stabilité financière du pays.

Le terme de netting se réfère à la mise en œuvre d’une compensation réciproque de créances et d’engagements, entre une ou plusieurs parties, concernant des opérations de même nature. Dans son bilan publié le 31 mars, la BDL a enfin expliqué qu’elle avait « effectué une compensation entre des prêts accordés aux banques et des dépôts (collatéraux) de même maturité correspondants effectués par ces dernières, le tout libellé en livres. La banque centrale a justifié cette opération par la nécessité de s’accorder avec les exigences des normes IAS 32 et IFRS 7, deux séries de normes relatives à la présentation des Instruments financiers.


Pas d’impact sur les réserves
Si cet épisode a été peu commenté après la clarification apportée par la BDL, plusieurs sources bancaires et financières contactées par L’Orient-Le Jour ces derniers jours et souhaitant toutes rester anonymes estiment que la banque centrale aurait dû communiquer en amont sur cette modification.

« Cette mise à jour du bilan répond à une exigence des auditeurs qui examinent les comptes de la banque centrale. C’est sans doute quelque chose qui aurait pu être notifié au préalable », considère l’une des sources interrogées. Une autre fait un parallèle avec la communication de la BDL lors de la cyberattaque mondiale WannaCry en mai 2017. « À l’époque, la BDL avait mis trop de temps à informer l’opinion publique alors qu’elle avait réussi à déjouer l’attaque, ce qui a considérablement contribué à alimenter le climat anxiogène », précise-t-elle.

Les sources interrogées précisent également qu’il est difficile, voire impossible, de déduire quoi que ce soit concernant cette opération de netting dans la mesure où la BDL ne publie pas l’intégralité de ses états financiers. « Il y a effectivement un manquement en termes de transparence », reconnaît de son côté une source financière, qui appelle à la prudence « dans un climat où la confiance dans le secteur bancaire du pays doit être préservée ». Une autre commente le timing de l’opération : « L’exercice comptable se clôture fin mars, ce qui peut expliquer que cette modification ait été faite maintenant. Mais les normes invoquées existent depuis plusieurs années que ce soit l’IAS 32, ou l’IFRS 7.»

Toutes les personnes interrogées s’accordent enfin pour dire que cette modification comptable n’a aucun impact sur le niveau des réserves en devises de la BDL, qui constitue un des véritables marqueurs de la stabilité financière du pays. « S’il faut chercher une explication, ce serait éventuellement du côté des différentes ingénieries financières lancées par la BDL, notamment en 2016 et 2017 et qui ont eu pour effet de gonfler son bilan en même temps que celui des banques participantes », conclut une des sources précitées.



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