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Culture - Festival Bipod

Et vous, comment réagissez-vous à la destruction de votre patrimoine culturel ?

Hier soir, double coup d’envoi à Citerne Beirut. Celui de cet espace polyvalent qui accueillera divers événements artistiques et la 15e édition du Festival Bipod, lancée avec « Minaret », une création Omar Rajeh/Maqamat qui interroge le spectateur sur le sort de l’humanité en tant que corps et âme culturels.

Photo Stephan Floss

L’idée est excellente et le projet audacieux. À une époque où l’ignorance gagne du terrain et où les forces du mal combattent avec acharnement celles de la lumière, Citerne Beirut lance ce grand chantier de la culture avec, comme début de programmation du festival de danse contemporaine Bipod, une création qui parle de la destruction et de la mort du patrimoine culturel de la ville d’Alep, représentée par sa mosquée millénaire. Mais pas que. Car quelle est la région du Moyen-Orient qui n’a pas été affectée dans ses édifices culturels et historiques ? Et qui n’a pas vu tomber l’un après l’autre des monuments qui étaient la fierté de tous ? Minaret (concept et chorégraphie Omar Rajeh), interprété aussi par Rajeh, Mia Habis, Charlie Prince (Liban), Moonsuk Choi (Corée du Sud ), Antonia Kruschel (Allemagne) et Yamila Khodr (Argentine), interroge l’audience tout comme ce drone qui tourbillonne au-dessus de la tête du public et qui scrute chacun le mettant souvent mal à l’aise.


La danse, cet espace d’interrogation

Il n’est pas dit qu’on sort de cette création indemne et ceci est certainement le but de la performance autant visuelle que sonore : réveiller des populations amorphes, craintives, qui se sont laissées aller à la paupérisation de l’esprit, sans aucune résistance. En effet Minaret pose la question : savez-vous à votre tour quels sont les effets, les séquelles, les stigmates ou les blessures (qui ne se refermeront peut-être jamais) que la guerre ou les guerres successives de la région ont laissé sur votre esprit mais aussi sur votre corps ? N’êtes-vous pas comme ces zombies qui évoluent sur les planches ou encore ces corps non habités par l’âme, aux membres désarticulés, au regard hagard, et qui, telles des larves, rampent au sol jusqu’au dernier souffle ? Qu’est-ce que l’homme après que son humanité l’eut abandonné ? Telles sont les questions qui tourbillonnent dans la tête du spectateur devant cette performance où chaque interprète est à la fois unique mais élément d’un tout, d’un ensemble.

Omar Rajeh a signé pour cette création, à la fois moderne et passéiste, narrative et abstraite, musclée et lascive, une collaboration avec les compositeurs Pablo Palacio et Mahmoud Turkmani qui ont réussi à créer une acoustique unique inspirée de l’héritage musical classique de la ville d’Alep. Sur scène avec les musiciens Ziad el-Ahmadie et Joss Turnbull du Brésil, leur musique dénote avec les grésillements ou les sons assourdissants qui accompagnent un drone à la forme menaçante et qui survole la scène et s’attarde parfois en scrutant le public. Au cours de la première de Minaret, au Festival Romaeuropa, les spectateurs ont eu l’occasion de voir des projections vidéo en background de la scène. Lesquelles étaient cependant absentes hier soir. Un petit problème technique sur lequel on ne s’attardera pas puisqu’il sera certainement arrangé, on l’espère, avant la seconde présentation qui aura lieu ce vendredi soir, à 20h30.

Signalons que cette création, après avoir atterri sur sa terre natale, poursuivra sa course folle vers d’autres festivals à Athènes et à Moscou, entre autres.


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