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À La Une - L'Orient littéraire

La paix, un malentendu ?

Amal Nader analyse la complexité des relations entre le Liban, la Syrie et Israël durant les années 90.

Photo D.R.

Docteur en communication et journaliste à Radio Monte-Carlo-Doualiya, Amal Nader est spécialiste des questions géopolitiques du monde arabe. Anciennement maître de conférences à la Faculté d’information de l’Université libanaise, elle est chercheuse associée au laboratoire CIM de la Sorbonne et enseigne à l’IPJ de l’Université Paris-Dauphine.

Elle publie actuellement l’adaptation de sa thèse de doctorat en ouvrage accessible au grand public ; adaptation réussie grâce à l’ajout d’éléments de contextualisation historique et géopolitique. Il s’agit d’une étude des négociations de paix entre le Liban, la Syrie et Israël de 1991 à 2000 ; de l’ouverture de la conférence de Madrid au retrait israélien unilatéral du Liban. En raison de l’abondance d’informations relatives à cette période, le sujet à traiter fut limité à l’étude de la Une de deux quotidiens libanais arabophones : an-Nahar et as-Safir. Afin de mieux interpréter et analyser ces informations, Amal Nader a entrepris de rencontrer de nombreux journalistes qui ont enrichi ses connaissances.

C’est donc au terme d’un travail de Titan, ou plutôt de fourmi, qu’elle est arrivée aux conclusions suivantes. L’analyse du discours politique et journalistique permet de distinguer quatre constantes dans les négociations : les négociateurs syriens, la position syrienne, le rôle américain et la place du Liban. Cette analyse permet de dégager également trois variantes : le concept de paix, les négociateurs israéliens et la position israélienne qui mute avec le changement des responsables politiques et qui est rythmée par l’enjeu électoral et l’importance du Golan dans cet enjeu.
Nous pouvons donc en déduire que « le discours politique syrien n’a quasiment pas évolué sur une période de dix ans, tandis que le discours israélien a été montré comme hésitant et modifiable » par la presse libanaise. Précisons, d’une part, que « l’enjeu électoral n’existe pas en Syrie puisque le pouvoir se maintient en place depuis les années 70 ». Précisons, d’autre part, que si le discours syrien n’a pas fondamentalement changé, les exigences augmentent après l’assassinat d’Yitzhak Rabin, passant d’un « retrait du Golan » à un « retrait total de tout le Golan » à un « retrait total de tout le Golan et du Sud-Liban ». À partir de 1996, la Syrie exige un « retrait israélien de tous les territoires syriens occupés en 1967 ».

Tout avait bien mal commencé dès la conférence de Madrid qui se caractérise par une approche « glaciale », des accusations mutuelles et des négociations mal emmanchées. Les Israéliens proposaient « la paix en échange de la paix », tandis que les Syriens exigeaient « la terre en échange de la paix ». Si les négociations « illusoires » des années 90 ont échoué, c’est en grande partie parce que « cette paix n’a pas eu la même signification pour chacun des trois pays ».

Quant au Liban, il fut, durant les années 90, « l’atout majeur à jouer sur la table des négociations, un enjeu aussi important que le Golan, sans qu’il puisse faire pour autant partie des joueurs ». La Syrie négociait au nom de ce pays « à souveraineté limitée ». La presse libanaise des années 90 « n’a jamais critiqué ouvertement la Syrie et jamais approuvé Israël ». Elle n’était tout simplement pas libre : « Aucun journaliste ne pouvait être officiellement contre le régime syrien car ceux qui l’étaient ne pouvaient pas s’exprimer ouvertement. » Par ailleurs, « aucune signature ne reproduit une citation israélienne de peur d’être accusée d’adopter son discours ». L’interdiction pour tout Libanais de communiquer avec des Israéliens sous peine d’être accusé de « collaboration avec l’ennemi » obligeait la presse libanaise à se tourner vers des agences de presse internationales pour obtenir l’information israélienne. 

Le discours politique et journalistique « acquiert une certaine liberté avec le temps ». La presse ose « pousser plus loin les limites de sa liberté d’expression ». Certes, le travail du journaliste dépend de plusieurs facteurs et demeure soumis à de nombreuses contraintes ; la pire de toutes est, bien entendu, celle que l’on s’impose à soi-même. De nos jours, « la politique de l’autocensure se renforce. Tout journaliste doit s’aligner sur la politique et se plier à la ligne éditoriale de son journal ». Héritiers d’Albert Camus qui fut l’âme héroïque et clandestine du journal Combat, sachons apprécier à sa juste valeur le courage d’écrire.
 
 
BIBLIOGRAPHIE  
Liban, Syrie, Israël 1991-2000. Les négociations illusoires d’Amal Nader, L'Harmattan, 2018, 240 p.


Docteur en communication et journaliste à Radio Monte-Carlo-Doualiya, Amal Nader est spécialiste des questions géopolitiques du monde arabe. Anciennement maître de conférences à la Faculté d’information de l’Université libanaise, elle est chercheuse associée au laboratoire CIM de la Sorbonne et enseigne à l’IPJ de l’Université Paris-Dauphine.Elle publie actuellement...
commentaires (3)

desole mais, ?????

Gaby SIOUFI

12 h 14, le 31 mars 2019

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Commentaires (3)

  • desole mais, ?????

    Gaby SIOUFI

    12 h 14, le 31 mars 2019

  • UNE ANALYSE PAS TRES OBJECTIVE CAR IL Y A DU COMME CI ET DU COMME CA DANS LES RAISONS PRESENTEES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 54, le 31 mars 2019

  • Il n'y a plus de place au discours , soit on a les moyens de se battre et de vaincre soit on s'écrase.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 41, le 31 mars 2019

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