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Liban - Entretien

Des approches innovantes pour restaurer la biodiversité et lutter contre le changement climatique

L’Union pour la Méditerranée et la FAO vont lancer un projet au Liban et au Maroc dans le cadre de la VIe Semaine forestière méditerranéenne qui débute lundi à Broummana.

À Bkassine, la plus grande pinède du pays. Photo Camille Cabbabe

Si la région méditerranéenne renferme l’une des plus importantes biodiversités du monde (plus de 25 000 espèces de plantes), elle ne compte que peu d’espaces protégés, puisque ceux-ci ne couvrent que 9 millions d’hectares, soit 4,3 % de la superficie totale de la région. C’est la principale raison pour laquelle le secrétariat de l’Union pour la Méditerranée (UPM) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) lanceront le projet « Renforcer la restauration des forêts et des paysages pour restaurer la biodiversité et promouvoir des approches communes d’atténuation et d’adaptation en Méditerranée », au cours de la VIe Semaine forestière méditerranéenne, qui débute lundi au Liban.Ce projet sera initialement mis en œuvre au Liban et au Maroc. Il contribuera à la restauration des écosystèmes, à l’adaptation au changement climatique et à la préservation de la biodiversité. Le rôle des forêts dans l’adaptation au changement climatique sera le thème de la semaine forestière (voir L’OLJ du lundi 25 mars). À l’occasion de l’annonce de la mise en place de ce projet innovant au Liban et au Maroc, Miguel García Herraiz, secrétaire général adjoint de l’UPM pour l’environnement et l’eau, a répondu aux questions de L’Orient-Le Jour.

Quel est ce projet et dans quelles régions sera-t-il mis en place ?

Au Liban, le projet mis en place par l’UPM et la FAO concernera la réserve des cèdres du Chouf et la pinède de Bkassine (Jezzine). Les forêts et les terres boisées du Liban souffrent en effet de fragmentation (en raison de l’urbanisation), d’attaques d’insectes ravageurs, d’incendies et de pratiques inadaptées. Des mesures d’adaptation seront mises en place pour accroître leur résilience naturelle, anticiper les changements futurs et promouvoir la gestion du paysage. Ces mesures ont été intégrées aux actions de restauration sous la forme d’un renforcement des cadres juridique et institutionnel en vue d’intégrer les besoins en matière d’adaptation au changement climatique ; d’intégration de la planification et du développement du paysage aux niveaux local et régional ; et, enfin, d’élaboration de plans de gestion forestière pour les écosystèmes les plus vulnérables.

Ces activités viennent s’ajouter aux initiatives lancées par le gouvernement libanais et visant à permettre aux forêts du Liban de faire face aux effets du changement climatique, notamment le principal programme national de reboisement connu sous le nom des « 40 millions d’arbres », lancé par le ministère de l’Agriculture en partenariat avec la FAO en décembre 2012.

Par quels moyens lutter contre les conséquences du changement climatique ? Quelle est « l’approche innovante dans la gestion des terres » que vous prônez ?

Le projet ne vise pas à maximiser les hectares à restaurer, mais plutôt à préparer le terrain pour l’intensification de la restauration grâce à un environnement favorable amélioré et à la démonstration d’approches appropriées en matière de restauration du milieu forestier. Au terme de ce projet, les deux pays ciblés (Maroc et Liban) auront amélioré la coordination intersectorielle, les cadres juridique et politique pour une mise en œuvre efficace des programmes de restauration et des processus de gouvernance efficaces (mode d’occupation, participation, instruments de financement nationaux, etc.) nécessaires pour augmenter l’ampleur des projets de restauration.

En outre, le projet renforcera les capacités régionales et nationales en tant que base pour la mise en œuvre de programmes de restauration à grande échelle. Il apportera un soutien direct à des plateformes régionales, en particulier pour faire en sorte que les deux pays sélectionnés puissent pleinement profiter de l’échange de connaissances et d’expériences, mais également pour que leur expérience en matière de restauration motive d’autres pays à participer au même effort.


(Lire aussi : La Semaine forestière méditerranéenne pose ses branches au Liban)


Comment les populations locales seront-elles impliquées dans ces projets ?

Les forêts méditerranéennes produisent beaucoup des produits de récolte essentiels pour les populations locales : gibier, production de biomasse, miel, champignons, châtaignes, baies, glands, caroube, myrte, romarin, pommes de pin et noix de pin, entre autres, sont récoltés, stockés et consommés localement. De plus, le bois de chauffage collecté pour la subsistance joue un rôle crucial dans de nombreux pays du sud de la Méditerranée. Par exemple, il représente environ 81 % de l’abattage en forêt en Tunisie, 94 % au Maroc et 100 % au Liban (Croitoru, 2007). Cependant, dans de nombreux pays du Sud et de l’Est, les données sur la récolte illégale ne sont pas disponibles, ce qui entraîne une sous-estimation des avantages du bois de chauffage pour ces populations. Les forêts méditerranéennes contribuent aussi indirectement à la sécurité alimentaire en maintenant de bonnes conditions pour les activités agricoles telles que la régulation de l’eau et la pollinisation.

On peut prendre pour exemple la restauration des forêts et du paysage dans la réserve de biosphère du Chouf, la plus grande zone protégée de la partie méditerranéenne du Moyen-Orient. Le projet a suivi les « lignes directrices mondiales pour la restauration des forêts et des paysages dégradés dans les zones arides » (FAO, 2015c) pour formuler des objectifs de restauration répondant aux besoins de toutes les parties prenantes concernées, planifier et choisir des interventions de restauration rentables et suivre les progrès et l’impact. Le projet a mis en place des comités forestiers municipaux pour faciliter la participation locale au développement et à la mise en œuvre du plan.

Quel sera l’apport de l’UPM au cours de la sixième Semaine forestière méditerranéenne qui se tiendra au Liban ?

La sixième SFM, qui aura lieu au Liban du 1er au 5 avril, encouragera l’utilisation de solutions basées sur la forêt pour aider les pays méditerranéens à mettre en œuvre leur stratégie de réduction des émissions de gaz à effet de serre, conformément à l’Accord de Paris sur le changement climatique. La sixième SFM présentera également l’utilisation de solutions basées sur la forêt comme réponse à des défis régionaux plus vastes tels que le développement durable, la transition énergétique, le changement démographique ou la migration. Cette rencontre examinera comment créer un environnement favorable pour élargir l’utilisation de ces solutions, tout en soulignant l’importance de reconnaître et de protéger les droits sociaux, la valeur environnementale, économique et culturelle des biens et services déjà fournis par les forêts méditerranéennes.

C’est dans cette perspective que ce projet répond pleinement à la déclaration ministérielle de l’UPM de 2014 sur l’environnement et le changement climatique, par laquelle ses 43 pays membres ont identifié la gestion durable des terres, la désertification, la biodiversité et l’adaptation au changement climatique comme des priorités-clés pour la Méditerranée. Le label délivré par l’UPM est la reconnaissance de l’importance de coordonner une approche régionale intégrant des projets de restauration des forêts à grande échelle, apportant ainsi une contribution essentielle à la réalisation des stratégies nationales en matière de lutte contre le changement climatique.



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Si la région méditerranéenne renferme l’une des plus importantes biodiversités du monde (plus de 25 000 espèces de plantes), elle ne compte que peu d’espaces protégés, puisque ceux-ci ne couvrent que 9 millions d’hectares, soit 4,3 % de la superficie totale de la région. C’est la principale raison pour laquelle le secrétariat de l’Union pour la Méditerranée (UPM) et...

commentaires (2)

La photo de pins endémiques du Liban qui sert de titre à cette chronique a remué mon coeur de vieux émigré. Le pin libanais qu'il soit de Bkassine ou de n'importe quel coin du Liban est unique, reconnaissable depuis la Voie Lactée... Tout de suite mes souvenirs sont partis vers les pins du Haut-Mayrouba où je chassais jadis les bécasses et les "kaykhéns" grosses grives très farouches que personne n'a vues posées. Tout cela a disparu avec le concours des bouldozeurs des voleurs de sables, amateurs de l'argent facile. Mes souvenirs sont partis aussi vers les pins parasols de la pinède de Kaslik, disparus sous le béton et le bitume. De même pour les pins de Sinn-el-Fil... Merci !

Un Libanais

15 h 47, le 30 mars 2019

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Commentaires (2)

  • La photo de pins endémiques du Liban qui sert de titre à cette chronique a remué mon coeur de vieux émigré. Le pin libanais qu'il soit de Bkassine ou de n'importe quel coin du Liban est unique, reconnaissable depuis la Voie Lactée... Tout de suite mes souvenirs sont partis vers les pins du Haut-Mayrouba où je chassais jadis les bécasses et les "kaykhéns" grosses grives très farouches que personne n'a vues posées. Tout cela a disparu avec le concours des bouldozeurs des voleurs de sables, amateurs de l'argent facile. Mes souvenirs sont partis aussi vers les pins parasols de la pinède de Kaslik, disparus sous le béton et le bitume. De même pour les pins de Sinn-el-Fil... Merci !

    Un Libanais

    15 h 47, le 30 mars 2019

  • Ah! Revoilà la rubrique écolo. Indispensable.

    Marionet

    09 h 45, le 30 mars 2019

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