Parfois, même un chroniqueur satirique habitué des plateaux télévisés et du direct se retrouve confronté à des situations pour le moins complexes et sensibles.
Invité mardi soir sur le plateau de Menna w Jorr sur la MTV, le chanteur populaire d’origine syrienne Ali Deek, célèbre auprès d’une grande partie des Libanais amateurs de musique folklorique et de mawwals, a violemment réagi à l’intervention de l’un des chroniqueurs de Pierre Rabbat, Salam el-Zaatari. Ce dernier a interrompu le chanteur qui s’était lancé dans un discours patriotique sur l’affaire du Golan en réponse à une question de Pierre Rabbat, lui disant que « le plateau du Golan a été vendu par le régime syrien » aux Israéliens via les Américains. L’artiste, piqué au vif, a alors fait une scène et personne n’a pu le calmer. Face à la colère de Ali Deek, le réalisateur de l’émission a fini par avoir l’idée ingénieuse, même si démagogue, de diffuser une des chansons de Deek clamant la grandeur de la Syrie. Hélas, la diffusion de cette chanson n’est pas parvenue à calmer le chanteur, qui a continué de crier à l’humiliation.Finalement, seul le départ spontané (ou pas) de Salam el-Zaatari a permis de mettre fin à l’escalade. À partir de là, le chanteur s’est calmé lançant néanmoins qu’en sa présence, aucune critique à l’encontre de la Syrie et encore moins à l’encontre de son président, qu’il considère comme son père, n’était permise. Malgré les interventions de Pierre Rabbat, qui s’est excusé et a embrassé le front de l’artiste, essayant de gérer la situation de la façon la plus professionnelle possible en limitant les dégâts, le chanteur syrien a tenu à clarifier son point de vue avant de relancer lui-même l’émission.
La première leçon à tirer de cet incident tient aux limites claires et bien définies qu’une émission de divertissement ne peut pas franchir. Le glissement du divertissement au politique n’est pas de tout repos et il est à bannir, notamment, lorsque le chroniqueur n’est pas rodé à la gestion de ce genre de situation après avoir provoqué un invité dont le rôle ferait bien de se limiter au chant, même si son pays d’origine est un territoire en conflit. Le plateau de Menna w jorr s’est vite transformé en un espace d’expression de sentiments patriotiques exacerbés au sujet d’un régime politique qui avait pourtant lui-même assiégé et fermé cette chaîne à l’époque où le Liban ployait sous la tutelle syrienne.
Deuxième leçon : il vaut mieux se contenter d’être un chroniqueur sympathique et drôle ou, si l’on a envie de se distinguer comme polémiste provocateur, étudier bien son plan d’attaque et calculer les risques avant de provoquer une personne visiblement viscéralement attachée aux Assad, jusqu’à l’idolâtrie, sinon comment expliquer cette réaction agressive et disproportionnée.
Troisième leçon : la préparation en amont d’une émission est indispensable, et ce en effectuant des recherches à propos des artistes reçus en studio, leurs affinités et leur sensibilité face à des questions délicates que le chroniqueur doit maîtriser à la perfection.
Il est évident que durant un direct, l’imprévisible est roi et la gestion de tout dérapage dépend de l’agilité du présentateur, de sa souplesse intellectuelle et de son professionnalisme. En l’occurence, Pierre Rabbat s’est distingué par une posture courtoise qui mérite des félicitations même si au début elle a semblé complètement vaine face à l’exaltation de Ali Deek.
La décision américaine de reconnaître la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan a effectivement éclaboussé le plateau de Menna w Jorr mais la « souveraineté » de l’émission est, elle, restée intacte même si le présentateur a failli a un moment perdre les rênes de son émission et si le chroniqueur a dû partir en ravalant sa dignité.
Pardonnez-moi permettez moi de me rattraper la MTV a de super programme sans parler de son penchant politique avec lequel je suis en accords ... sauf que dans ce cas ci la MTV n’a aucun droit de demander à salam de s’excuser si elle le prive d’antenne alors la c’est ce rabaisser à ce boucher qu’est assad
18 h 11, le 30 mars 2019